11-Charlotte

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C'est une de ces journées où j'arrive à être hyper productive et j'adore ça. Ces temps-ci, avoir de l'inspiration relevait du miracle, j'enchaînais les jours avec le syndrome de la page blanche. Plus rien ne me venait.

Je suis assise au bookmates, mon endroit de travail préféré, et j'ai déjà réussi à écrire cinq mille mots. De plus, j'ai enfin fini ce chapitre qui me bloquais et m'énervais. Depuis les mots viennent tous seuls, je n'ai même pas besoin de réfléchir. J'aime les moments comme ça plus que tout.

Je suis enfin arrivée au moment d'écrire une des scènes que j'attends le plus de rédiger. J'écris une romance lesbienne, car je trouve qu'elles sont réellement sous-représentées, et quand elles le sont, c'est souvent une catastrophe... Pour être sûre de ne pas écrire de bêtises, je m'aide d'Adé et sa compagne, qui valident tous mes chapitres. Dans cette fameuse scène, Lila, grande artiste, décide de peindre sur le dos de sa petite amie car elle n'a « plus de toile ». Comme par hasard, pas à nous Lila.

Ce que j'adore dans le fait d'écrire moi-même ma romance, c'est créer mes propres personnages, créer une romance safe. Ajouter toutes les scènes que je rêve de vivre. Quelque part, je crois que j'écris l'histoire d'amour de mes rêves.

-Qu'est-ce qui te fais sourire comme ça ? m'interroge Adé, qui profite de ne plus avoir de clients à servir pour essuyer la vaisselle.

-Je suis en train d'écrire une scène hyper clichée je suis fan.

-Raconte-moi tout j'adore quand tu écris des nouvelles scènes comme ça, s'excite-t-elle tout en me rejoignant.

Je lui explique donc ce que je compte raconter et lui montre ce que j'ai déjà commencé à écrire. Je suis heureuse d'avoir une amie comme elle. Son avis est tellement important pour moi, elle m'aide vraiment. Ses conseils sont si utiles, si jamais j'écris des choses maladroites elle ne me juge pas mais m'aide à les corriger. Ce que je préfère c'est qu'elle n'a pas peur d'être honnête et me dis quand quelque chose est mauvais, elle est vraiment objective. C'est pour ça que je sais que je peux lui faire entièrement confiance, elle ne cherche pas à me faire plaisir.

-J'adore l'idée ! Est-ce que je peux me permettre une suggestion pour la suite ?

-Bien sûr tu sais que tes idées sont toujours les bienvenues.

-Vu qu'elles sont un peu dans une sorte de bulle, que Lucy est quand même buste nu avec le dos peint. Je propose donc qu'elles aillent se doucher ensemble, une sorte de moment tout doux, tout safe. Et hop en sortant de la douche on peut caler une petite scène de sexe.

Comment dire ? Non.

-Alors j'aime beaucoup l'idée mais pour un autre livre que le mien. Je refuse de mettre une seule scène de sexe dans cette romance. La plupart du temps je les trouves inutiles. Je suis persuadée qu'on n'a pas besoin de les voir coucher ensemble pour comprendre qu'elles s'aiment plus que tout. Je trouve ça superflu.

Je m'arrête là car je ne veux pas la vexer : je sais qu'elle adore lire ce type de scène. Ce n'est absolument pas mon cas. C'est toujours la partie de l'histoire que je zappe, sauf leur première fois car ok, ça peut peut-être servir à construire la romance, montrer qu'une certaine confiance s'installe entre eux. A part dans ces conditions, je ne lis pas. Si en lire me met mal à l'aise alors en écrire, je trouve ça inimaginable. Je ne me sens pas du tout apte à écrire ce genre de chose. Si mes lecteurs veulent lire du smutt, ils n'ont qu'à lire une dark romance ou aller regarder un porno.

-Pas de soucis je comprends ton point de vue. J'avoue que c'est même pas bête, ça t'évitera de devoir mettre une limite d'âge à ton lectorat, conclue-t-elle.

-Exactement, puisque personne ne respecte ces limites d'âge, qui sont pourtant essentielles pour le développement du cerveau des jeunes, je préfère écrire un livre safe pour eux. Un livre autant accessible pour les jeunes comme les moins jeunes.

-J'espère que tu deviendras l'autrice préférée de beaucoup de personnes ma Charlotte, tu as pleins de choses à leur apprendre. Tu es la nouvelle Colleen Hoover mais en version pas problématique. Punaise je suis l'amie d'une star ! Y'a intérêt à ce que tu ne m'oublie pas quand tu seras connue mondialement, m'acclame-t-elle, jouant la groupie.

Cette fille est une réelle source de motivation c'est fou. Au moindre coup de mou, il suffit d'aller la voir et elle nous remet sur pieds avec la seule force de ses sourires.

***

Je rentre à l'appartement, la boule au ventre. C'est la première fois que je vais me retrouver en face à face avec Jonah, c'est le moment des fameuses explications. Je me suis promis de m'excuser et de le pardonner. Si cette dispute est allée aussi loin c'est que j'ai aussi ma part de responsabilité. Quand je pousse la porte, une odeur plus qu'alléchante vient prendre possession de mes narines. C'est carrément un orgasme olfactif. Pitié il m'a cuisiné des lasagnes d'excuses, comment voulez-vous que je ne sois pas amoureuse ?

-Chat, c'est toi ?

-Qui veux-tu que ce soit je suis la seule à avoir les clés.

-Ah oui pardon, question bête, c'est que je suis nerveux, avoue-t-il se balançant d'un pied à l'autre.

Bon c'est le moment. On souffle et on se lance.

-Ecoute Jonah je suis vraiment désolé, je sais que tu es hyper stressé à cause de ton championnat et moi je te tape des crises franchement j'ai honte de m'être emportée. Je suis même pas venue te voir à ton dernier match je suis vraiment une copine en carton, je me désole. Bon peut-être que ton comportement n'a pas été exemplaire ces derniers temps mais je peux reconnaître que je n'ai pas arrangé les choses.

Il me regarde, touché et viens me prendre dans ses bras, m'embrasse le front d'un geste protecteur.

-Je suis content que tu t'excuses mon chat, j'avoue que je n'ai pas du tout aimé ta pseudo crise de fille qui veut être indépendante mais j'aurais dû prendre sur moi au lieu de m'énerver à mon tour.

Pardon mais quoi ?

Ma pseudo crise de fille indépendante ?

J'hallucine ou il me fait une mauvaise blague ?

Je décide de laisser passer parce que je n'ai pas la force de repartir dans une nouvelle dispute mais sa phrase me reste en travers de la gorge. Où sont ses excuses ?

-Tu sais ce qu'on va faire maintenant ? me demande-t-il tout en m'embrassant. On va manger le bon plat que je nous ai préparé, ton préféré car je suis un super copain. Et pour finir, on ira se réconcilier sur l'oreiller, parce que ça fait quatre jours que je n'ai pas pu te toucher, j'ai l'impression d'être un ado de quatorze ans en manque. Tu risques pas de dormir tout de suite bébé, je vais te tenir éveillée encore un petit moment...

Artists on campus - NateOù les histoires vivent. Découvrez maintenant