Nous sommes le quinze décembre et aujourd'hui c'est mon anniversaire. Notre anniversaire. Je suis officiellement majeur, pourtant je suis tout sauf enjoué.
Il y a 21 ans, je naissais.
Il y a 21 ans, mon frère mourait.
Comme tous les quinze décembre, je dois me rendre chez mes parents pour passer la journée en « famille ». Chaque année c'est le même enfer mais chaque année je m'y plie. Pourtant aujourd'hui je serai prêt à faire une entorse au règlement. Je n'ai pas la tête à supporter mes parents et depuis ce moment dans la salle de bain avec Charlotte, elle ne cesse de hanter mes pensées.
J'ai presque cru que ce que je ressentais pouvait être réciproque. L'atmosphère était électrique et je pourrais parier que je ne suis pas le seul à l'avoir remarqué. Mais elle a balayé mes espoirs quand elle s'est enfuie de la salle de bain, argumentant qu'il était l'heure de retourner se coucher. J'ai mis ça sur le coup de la confession car je sais que ça a été très dur pour elle de me parler de tout ça. Mais je ne peux pas m'empêcher de penser que j'ai été trop explicite.
« Je t'aimerai même si t'étais chauve »
« Je t'aimerai »
Je me sens tellement bête de lui avoir dit ça. C'est bien trop tôt, j'ai dû lui faire peur, la faire fuir. Je me sentais tellement bien contre elle que j'ai laissé les mots sortir comme je les pensais. Je me suis fait tellement de faux espoirs depuis qu'elle a emménagé ici que je me suis permit de rêver, d'y croire. Mais la réalité me frappe, nous nous serons jamais que des amis.
Aujourd'hui j'aurai aimé lui demandé de m'accompagner mais je n'ose même pas lui demandé. Ce matin encore nous étions blottit l'un contre l'autre, et là, je n'ai même pas le courage de lui adresser la parole. C'est pathétique.
-JOYEUX ANNIVERSAIREEEEEE, JOYEUX ANNIVERSAIRE...chantent mes trois colocs alors que je suis encore dans les escaliers.
Depuis l'emménagement de Charlotte, nous avons rangé le débarras pour gagner une chambre. Je dors donc maintenant à l'étage, ce qui me donne l'impression de faire une descente de marches comme une star, acclamé par mes trois fans de la journée. Heureusement qu'ils sont là, grâce à eux la journée sera un peu plus supportable. En tout cas moins pire.
-Comment ça se fait que tu ne m'ais même pas prévenu que c'était ton anniversaire, espèce de goujat ! s'insurge Chharlotte, sautant dans mes bras encore endormis. Et me dit pas que tu as oublié, on oublie pas sa majorité !
Je suis heureux de voir qu'il n'y a aucune gêne entre nous. Et si jamais elle a sentie comme moi hier, elle ne le fait pas ressentir. Je lui en suis reconnaissant pour ça.
-Merci les gars.
Je les prend également dans mes bras – avec bien moins de fougue que Charlotte - et nous passons à table. J'ai le droit à un petit-déjeuner digne des plus grands restaurants. La table déborde presque.
-Le matin où je suis arrivée tu avais acheté des croissants et tu avais adoré alors je suis retournée dans cette boulangerie française, annonce-t-elle, fière de son idée. N'empêche que ça devrait être illégal, en France ça coûte trois fois moins cher !
Son excitation est une des plus belles choses à observer. Elle sautille partout, me disant que ça devrait être mon jour préféré de l'année. Son innocence me touche.
-Merci beaucoup pour tout ça, ça me touche plus que ce que vous pouvez penser, mais je ne peux rien avaler. Je passe la journée chez mes parents alors Mary va forcément me gaver comme une oie, et on ne dit pas non à un plat préparé par Mary.
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Artists on campus - Nate
RomanceCharlotte aime sa vie bien rangée. Une mère aimante, un petit-copain parfait et une meilleure amie loufoque, rien ne manque pour la rendre heureuse. Alors quand sa professeure de philosophie décide de mixer la classe, Charlotte perd le contrôle et e...