25-Nate

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J'ai dit à Charlotte de se faire couler un bain et de prendre tout son temps pour prendre soin d'elle pendant que je prépare la surprise numéro une. Je n'ai jamais été un grand cuisinier, beaucoup de personnes pourrait en témoigner. J'ai toujours préféré commander et être sûr de ne pas finir intoxiquer que de m'approcher des plaques de cuisson, ou pire, le four. En plus, Lyam est un super bon cuisto alors je n'ai jamais eu besoin de savoir me débrouiller tout seul.

Mais pour cette activité je vais devoir mettre ce penchant pour la faciliter de côté et m'atteler à la tâche. Mon tablier et ma playlist en guise de motivations, j'essaye de suivre à la lettre la recette de lasagnes végétariennes, spécialité de Lyam. Quand elle m'a raconté la soirée de la confrontation, elle a insisté sur le fait que ce connard avait préparé son plat préféré à elle pour Eva, alors innocemment je lui ai demandé lequel c'était avec déjà cette petite idée dans la tête. Voilà comment j'en suis arrivé à disposer des pates plates dans plat alors que je suis une calamité dès que j'ai le malheur de me retrouver derrière un comptoir...

Qu'est-ce que je ferai pas pour lui remonter le moral punaise.

En revanche si jamais j'ai le malheur de me foirer, elle risque de ne plus vouloir entendre parler de ce plat pendant au moins trois décennies. En gros : j'ai pas le droit à l'erreur.

J'ai profité de ce temps pour lui conseiller de prendre soin d'elle, ou en tout cas d'être seule un instant. Je vois que ce programme lui fait du bien et qu'elle est très souriante avec nous, mais ça ne sert à rien de nier que ça reste très dur pour elle. Ca me brise le cœur de l'entendre pleurer tard le soir quand je vais lui souhaiter une bonne nuit. Alors même si elle a besoin qu'on l'accompagne, il faut aussi qu'elle apprenne à se satisfaire de sa propre présence, qu'elle soit sa propre amie. Après tout ça fait trois ans qu'elle vivait avec lui alors ils étaient non-stop ensemble. Le temps de la réadaptation risque d'être long et complexe pour elle.

Je la vois descendre les escaliers, en pyjama et avec les cheveux mouillés. Elle ne porte pas son foulard. Je ne sais pas pourquoi mais je n'arrive pas à lui poser la question, de peur de mettre les deux pieds dans le plat. Ce n'est que la deuxième fois que j'ai le droit à ses cheveux lâchés, pourtant j'ai l'impression que c'est déjà énorme pour elle. L'odeur qu'elle dégage est envoutante. Quand je lui ai fait couler son bain j'ai mis un peu de tous les produits que j'ai trouvé, à défaut de savoir à quoi ils servaient. Résultat elle embaume toute la pièce avec ses senteurs de fleurs qui me chatouille les narines. Elle est divine.

-Dis donc ça sent bon ici, qu'est-ce que tu nous cuisine ?

-Je suis bien d'accord ça sent très bon.

Avant qu'elle comprenne l'effet qu'elle me fait, j'enchaîne :

-C'est tout le but d'une surprise Charlotte. Ne pas savoir ! je la taquine pendant qu'elle essaye d'analyser les ingrédients sur le comptoir.

Dommage pour elle, j'ai déjà tout rangé et le plat est enfourné.

-Ca à l'air bon en tout cas.

Sur ces paroles elle se dirige vers les placards, en sort de la vaisselle et commence à mettre la table comme si elle était chez elle. Ça me fait plaisir qu'elle se sente enfin assez chez en confiance ici pour se permettre de se comporter librement. Il y a encore peu, elle n'osait même pas se servir un verre d'eau toute seule. Elle participe aux courses et dépenses communes, nettoie toujours après son passage et range même le bordel des gars. Je lui ai déjà dit que le dernier point n'était vraiment pour elle, mais elle se sent constamment redevable de son hébergement. Comme si elle nous dérangeait. Au contraire, elle est une réelle bouffée d'air frais pour tous les trois, et avoir une présence féminine dans cette maison fait plutôt du bien.

Artists on campus - NateOù les histoires vivent. Découvrez maintenant