26-Charlotte

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Quand j'étais petite, ma maman m'a toujours apprit à bien réfléchir à deux fois avant de faire quelque chose. Les décisions sur un coup de tête ça n'était pas vraiment notre fort. Je réfléchis donc toujours avant que mes mots ne sortent de ma bouche. Est-ce cette information est importante ? Est-elle vraie ? Cette personne mérite-t-elle de la savoir ? Est-ce que cela va la blesser ? Notre règle d'or est que si une personne ne peut pas changer ce qui ne va pas en cinq minutes alors il faut se taire.

Cette prévention valait aussi pour les actions. Si on veut vraiment faire quelque chose alors on le voudra encore dans deux ans. Sinon c'est que ça n'était qu'une pulsion. Voilà ce que ma mère m'expliquait quand je lui disait vouloir me faire tatouer.

Eh bien maman ça fait deux ans, et j'en meurs encore d'envie.

Debout devant le miroir de la salle de bain, j'admire le dessin qui orne maintenant mon omoplate droite. Une magnifique azalée, en référence à l'héroïne de ma vie, Azaléa, dans mon livre préféré. Mon tout premier tatouage, et certainement pas le dernier d'ailleurs. Goute une fois au bonheur du tatouage et tu ne t'en lassera plus jamais.

Les garçons ont été incroyable avec moi ces derniers temps, je leur doit vraiment beaucoup. Nous sommes encore plus proches depuis mon stade de colocataire officielle et je me sens réellement entourées. Ils ne m'ont donc pas lâchée d'une semelle, avec à cœur de cocher toutes les activités de leur liste. Beaucoup plus impliquées que moi dans ce programme, je crois que je les suivais plus pour voir leurs sourires à eux plutôt que le miens.

J'ai donc eu le droit à un cours de danse avec Josh, durant lequel on s'est aperçus que je n'ai véritablement aucune grâce mais plutôt un balais dans le derrière. En revanche pour être défoulant, il l'a été. Après avoir compris que je ne donnerai rien de satisfaisant, nous avons fini par cracher nos poumons sur du Olivia Rodrigo et danser sans respecter aucune règle. Bien plus efficace si vous voulez mon avis. Nos vêtements ont fini trempés de sueur et nos souffles erratiques, mais j'ai adoré. J'ai aussi eu le droit à un cour de guitare - pas plus prometteur que la danse –et une invitation dans un restaurant, compensation pour la soirée lasagnes carbonisées de la dernière fois. Nous avons fait du paintball, regardé tous mes films préférés, fait du shopping...

Hier, nous nous sommes rendu dans le salon de tatouage tenu par un ami à Lyam, et j'ai enfin passé le cap. J'étais terrorisée à l'idée de bouger à cause de la douleur et ainsi de gâcher le travail, mais le résultat est splendide. C'est une partie de ma vie qui est gravée à jamais sur la peau. Durant la séance, Nate ne m'a pas lâché la main une seule seconde, à croire que c'est lui qui souffrait le plus entre nous deux

En bref, nous avons rempli cette liste visant à me remonter le moral. Ont-ils réussi ? Evidement que oui, je ne pense presque plus à Jonah, et quand c'est le cas c'est de la colère qui ressort. J'ai perdu toute envie de le revoir, de même pour Eva, et je ne suis pas peu fière de mon avancée. Il ne reste qu'une seule case à cocher, la surprise numéro trois de Nate, et la liste sera enfin fini.

Ou presque. Prise d'une pulsion nocturne, je me suis levée avec une envie de changement. Voilà pourquoi je me tient devant le miroir de la salle de bain à six heures du matin, une paire de ciseaux trouvée dans l'atelier de Nate à la main. Très cliché comme action de remise de rupture mais j'ai besoin de changer de tête, changer de coupe. Je n'hésite pas une seule seconde en coupant la première mèche, de peur de me rétracter. J'aurai surement dû aller chez le coiffeur ou au moins regarder un tuto, mais ça n'aurait pas vraiment compter comme une pulsion. Or, maintenant que j'ai gouté à l'imprévu et relâché toutes mes règles, j'aime ne plus réfléchir. J'aime cette mini adrénaline, ces mini prises de risques.

En attendant, j'aurais peut-être mieux fait de regarder un tuto car quand mon regard croise son reflet, c'est la panique qui s'empare de moi.

Qu'est-ce que je viens de faire ?

Artists on campus - NateOù les histoires vivent. Découvrez maintenant