31-Charlotte

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A notre arrivée ici, nous sommes allés nous coucher directement, trop épuisés par le décalage horaire pour partager le repas avec les autres. Depuis notre réveil il y a deux jours, nous n'avons pas arrêté une seule seconde. Même si les vacances de Noël sont les préférées de la majorité des gens, elles n'en restent pas moins les plus épuisantes. Je pressens déjà que le retour à la réalité va être brutal. Je me rassure en me disant qu'au moins, je partagerais le mal du pays avec Nate.

Il adore cet endroit. Chacun des membres de ma famille, spécialisée en commérages, est venue me vanter ses talents et qualités, me disant que s'il devenait officiel, j'avais leur bénédiction. Beaucoup trouverai ça kitch, mais l'avis de ma famille compte beaucoup pour moi, alors même si je ne projette pas de sortir avec Nate, leur attention me touche.

J'ai profité des deux derniers jours pour lui montrer le plus de choses possibles, et j'ai adoré cette lueur d'admiration dans ces yeux face aux paysages. Je ne peux pas m'empêcher de le comparer à Jonah, qui avait été déçu de ne pas voir Paris.

Arrête de les comparer, c'est pas sain.

J'ai eu l'impression de découvrir une nouvelle facette de Nate, et j'adore celui que je vois.

Un Nate attentionné avec les enfants et d'une patience sans limites. Il n'a eu aucune honte à essayer de se débrouiller en français malgré son piètre niveau. Il essaye, encore et encore, comprenant que c'est avec les enfants que l'on apprend le mieux.

Un Nate cultivé, avec une soif de découvrir immenses. Là où Jonah voulait rester sous la couette, Nate me faisait me lever tôt pour visiter. Il a été subjugué par la beauté de la cathédrale et l'ambiance dans laquelle baigne le fameux marché de Noël. Il tenu à gouter toutes les spécialités culinaires, en passant du pain d'épice – qu'il a détesté – au vin chaud – qu'il a recraché. Je suis mauvaise langue car il a adoré le kougloff, les spetzle et la flamme, et est tombé amoureux des bretzels gratinés au fromage.

Hier, nous nous sommes balader tous les deux dans les rues du centre pour compléter les derniers achats. Il a tenu à acheter quelque chose pour chaque personne, et à les personnaliser. Quand je les vu acheter du matériel à dessin pour mon cousin avec qui il s'est lié d'amitié grâce à cette passion, j'ai cru que mon cœur allait fondre. Je me sens néanmoins coupable car ma famille est gigantesque, et cette opération cadeaux risque de lui couter un bras. Quand oser lui faire réflexion, il n'a même pas réfléchit avant de me dire que c'était normal.

-T'as qu'à te dire que l'argent de mes parents qui sont partis en voyage sans moi. Perso ça m'aide déculpabiliser de les ruiner un peu. Ils sont plus à ça près de toute façon. Et puis je ne paye pas le logement, la nourriture et tout ce qui va avec. J'ai même dû batailler pour rembourser mon billet d'avion. Alors laisse-moi payer ça. Ça me fait plaisir, vraiment.

Si je n'ai pas contesté sa réponse ce n'est pas par manque d'arguments mais parce que ses mots ont fait naître des papillons dans mon ventre et je n'ai pas aimé ça du tout. On parle de mon meilleur ami là. Y'a rien de plus cliché que les meilleurs ami dans les livres. S'ils ne sont pas gays c'est qu'ils vont sortir avec la protagoniste. A chaque fois. Et Nate n'est pas gay. Enfin, pas à ma connaissance.

J'ai vite enfouis cette sensations et nous avons continué notre visite pédestre, flânant dans le dédale des rues alsaciennes. En bon touriste, Nate a emmené son appareil photo et mitraille à chaque coup de tête dans une nouvelle direction. Sa fixette reste sur les colombages et les différentes couleurs pétantes des maisons.

J'adore Noël et j'adore l'Alsace. La combinaison des deux me rend euphorique et plus heureuse que jamais. Je me surprend à adorer voir Nate ici, j'ai l'impression d'avoir mes deux vies qui se rencontrent. C'est le multivers. Nous nous amusons à nous faire prendre en photo comme les touristes.

Artists on campus - NateOù les histoires vivent. Découvrez maintenant