Cela faisait maintenant presque deux jours de plus que nous errions dans le Piège de Dédale, et nous commencions à plutôt bien nous débrouiller, mais je savais pour sûr que nous ne tiendrons pas des semaines à ce rythme. D'autant plus que je n'avais absolument pas prévu les ressources pour ça.
Je n'avais toujours pas trouvé de sortie ; c'était comme si le Labyrinthe lui-même m'empêchait de partir. Cela me rendait folle mais je faisais de mon mieux pour ne pas le montrer à Camilla. Je voyais que les souterrains lui pesaient beaucoup plus que pour moi, et elle devenait de plus en plus pâle. Cette vision fantomatique me motiva encore plus à avancer, pour la sauver coûte que coûte.
Après une énième attaque de monstres, Camilla trottina jusqu'à arriver à mes côtés pour parler. J'essayais de ne pas trop la regarder, pour ne pas faiblir face à mes émotions ; je me devais de rester forte, et non pas de penser à des futilités.
- Dis, Ghost Queen, ton sens des souterrains t'indique des choses spéciales sur le chemin ? Parce qu'on pourrait bientôt établir notre camp pour la nuit, même si je n'ai aucune idée de l'heure qu'il est !
- Non, c'est étrangement calme depuis quelques temps, lui répondis-je en me concentrant quelques instants. Je ne sens rien du tout...
Le silence revint aussi vite qu'on l'avait brisé. Mais visiblement, la fille d'Aphrodite avait décidé qu'elle en avait assez du silence omniprésent depuis notre premier jour dans le Labyrinthe :
- Diiiiiiis, c'est quoi ta couleur préférée ?
- Pourquoi cette question ?
- Parce qu'on ne se connaît que du point de vue demi-dieux...
Elle avait un petit air boudeur, comme si elle s'attendait à ce que je ne rentre pas dans son jeu. Il est vrai qu'on a rarement eu l'occasion de discuter de choses non vitales depuis qu'on se connaissait.
- Le vert des forêts. Et toi ?
Camilla se tourna vivement vers moi avec un sourire qui alla d'une oreille à une autre. On aurait dit que je lui avait offert un Kinder Surprise; son sourire était fichtrement contagieux parce que je me mis à sourire légèrement à mon tour.
- Hum... Je dirais l'orange des couchers de Soleils ! C'était aussi la couleur de mes roses préférées au Jardin de mon père. Si tu m'avais dit que c'était le noir, je t'avoue que cela m'aurait quand même fait rire. Et c'est quand ton anniversaire ? Je ne veux absolument pas le rater !
Un petit rire m'échappa alors que je me rappelais des paroles d'Apollon ce jour-là ; je n'aimais pas le fêter parce qu'il me rappelait la mort de ma mère, mais mon anniversaire était avant tout mon anniversaire et je devais voir ce jour comme une réussite et une victoire, surtout dans ce monde de demi-dieux. C'est donc un peu moins difficilement qu'avec Percy que je soufflai ma date d'anniversaire.
- Je t'interdis fermement de faire des blagues dessus, mais c'est le 31 octobre.
Je la vis soudainement se pincer les lèvres, comme pour s'empêcher d'éclater de rire, ce qui me fit lui mettre une petite tapette sur la tête. Elle ne put plus se retenir de respirer et éclata d'un rire si cristallin que je ne pus m'empêcher de sourire encore une fois. Dites donc, cette fille d'Aphrodite me faisait plus travailler mes zygomatiques que n'importe qui !
- Haha, très drôle, Reine de Beauté ! Et toi, c'est quand ?
Reprenant difficilement son souffle, Camilla sembla soudainement enjoué à l'idée de son anniversaire ; là encore nous étions deux opposées. De plus, le surnom que je lui avait donné ne semblait pas la déranger plus que cela, voyant les petites rougeurs qui ornaient ses pommettes.
- C'est le 14 juillet ! Fête nationale de la France !
- Ah bon ? Tu m'apprends quelque chose là ! C'est très bientôt do...
Je m'arrêtai brusquement en sentant quelque chose de puissant s'éveiller en moi : si cela s'éveillait, ce n'était signe que d'une seule chose...
- Attention Camilla, nous venons d'entrer sur le domaine d'un dieu.
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Nous continuions à avancer, nous ne pouvions pas faire autrement, mais nos armes étaient sorties et nous étions toutes les deux prêtes à bondir pour attaquer ou s'enfuir. L'ambiance était de plus en plus pesante, et il était clair que nous approchions d'une puissance antique... Les couloirs du vieux métro de New York avaient laissé place à des couloirs de terre, avec des colonnes de marbre et des vignes tombantes. On aurait dit l'entrée d'un jardin romain, mais cela ne donnait aucune indication sur le dieu que nous allions rencontrer, sauf s'il s'agissait d'une manière évidente de Dionysos, ce qui m'étonnerait grandement ; Monsieur D. aurait tout bonnement la flemme de descendre dans le Labyrinthe.
Tout mon corps me criait de faire demi-tour, d'emporter Camilla avec moi le plus rapidement possible, mais mon instinct chtonien me dictait aussi de suivre cette voie, car elle menait à la sortie que nous cherchions depuis 3 jours. Je calmai ma respiration et me préparai à me battre, quitte à me battre contre un dieu pour que Camilla puisse continuer son chemin.
Finalement, nous entrions dans un jardin de type romain (comme quoi mon instinct avait souvent raison) : je faisais face à une petite fontaine qui représentait le dieu Neptune, entourée de plantes grimpantes qui laissaient apparaître deux portes différentes. Des portes...
- Oh nom d'un quokka !
- Quoi, Leïa ?
Quand je voulus faire demi-tour pour partir à l'instant même où je compris quelle était la divinité qui occupait ces lieux, je ne pus que faire face à un mur opaque. La route que nous avions empruntée était fermée... Il allait nous forcer à faire face à un dilemme; et connaissant ma chance légendaire, ça allait de nouveau me tomber dessus.
L'entité qui apparut soudainement dans notre dos me fit irradier un peu plus de puissance divine, comme lorsque Perséphone avait commencée à me mettre en colère. Ma peau se réchauffa si fortement que Camilla dut s'éloigner de quelques pas, des fissures apparaissaient sur le sol et les murs de la pièce, et les torches vacillaient sérieusement, menaçant de s'éteindre. La fille d'Aphrodite parût sérieusement inquiète en voyant l'état dans lequel je me mettais, n'ayant probablement pas encore senti le troisième individu dans la salle.
- Qu'est-ce qu'il y a, Ghost Queen ? Calme toi, tu m'inquiètes.
Je me mordis la lèvre ne me forçant à contrôler un peu plus ma puissance, tout comme mon père me l'avait appris ces derniers mois. Ma respiration se calma, et la puissance semi divine s'échappa moins de mon être.
- Oh dites donc, est-ce moi qui te met dans cet état, ma chère ?
Une voix nasillarde s'était élevée dans la pièce, avant d'être immédiatement couverte par une voix plus grave.
- Ce n'est qu'un choix, il ne faut pas en faire tout un fromage.
Camilla avait sursauté, mais d'un geste de la main je lui indiquai de se retourner avec moi et de s'agenouiller. Un goût amère s'était répandu dans ma bouche, parce que je connaissais bien trop d'histoires de héros devenus totalement fous à cause de cette divinité... Et l'une de nous deux allait affronter son ordalie. Je respirai calmement pour ne pas que la peur transgresse la barrière de ma voix :
- Seigneur Janus, quel honneur de vous rencontrer en personne.
Mon regard se leva vers le dieu aux double visage qui me regardait avec une sourire narquois. En quelques secondes il était devant moi et me forçait à me relever avec un seul regard. Ma bouche semblait comme hermétiquement fermée, laissant la fille d'Aphrodite perplexe mais tout aussi figée dans ses mouvements.
- Nous sommes là pour toi aujourd'hui, Leïa Hawkins ; tu as un choix à faire.
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Lorsqu'on traverse les Enfers... ( Percy Jackson )
ФанфикCe que l'on fait quand notre vie nous prend tout un à un ? On essaye d'ignorer la douleur. Moi je m'appelle Leïa Hawkins et j'ai une vie de demi-déesse. Le seul grand problème ? Je n'aurais pas dû naître... Je suis la fille des Enfers.