Lorsqu'on traverse les Enfers... ( Percy Jackson )

Chapitre 50

L'ambiance s'était nettement assombrie face à mon affirmation ; ils savaient que je ne me trompais jamais sur les événements qui impliquaient des morts. Malheureusement. 

Le centaure se rapprocha doucement de mon lit avant de verouiller son regard dans le mien, comme s'il cherchait à savoir ce que j'avais traversé sans que je n'aie à le dire à haute voix. Voulant échapper à son interrogatoire silencieux, je détournais le regard pour regarder le rideau derrière lequel la fille d'Aphrodite se reposait. 

Ses constantes sont bonnes. Elle va bien. Tu l'as protégée. 

Contre tout attente, c'est la fille d'Athéna qui brisa le silence dans la pièce. 

- Je pars en quête demain matin, avec Percy - mon corps se figea à nouveau à l'entente de son nom -, Tyson et Grover; nous devons aller dans le Labyrinthe pour empêcher Luke de récupérer le fil d'Ariane. 

- Quoi ?! 

La fureur me frappa à nouveau alors que je me rendis compte que Percy et Grover allaient descendre volontairement dans le Labyrinthe ; pour rien au monde, j'y remettrai les pieds ! Je me tournai vers la fille d'Athéna comme si elle était soudainement devenue la personne la plus idiote que je connaissais. 

- Vous voulez y descendre de votre plein gré ?! Je suis la plus forte ici et j'ai failli y passer, vous n'avez aucune putain de chance !

Ils devaient s'attendre à ce que je réagisse de cette façon, puisque aucun d'eux ne broncha, malgré les ombres qui commençaient à émaner de mes doigts. Je savais que mes deux meilleurs amis étaient stupides, mais j'en espérais plus de Annabeth ; je savais bien qu'ils étaient déjà partis sur des quêtes totalement débiles, mais je ne savais pas comments ils réussissaient à se surpasser à chaque fois. 

Alors que tous reculaient face aux ombres solides, un poignard en bronze céleste me frôla avant de se planter dans la taie de mon oreiller à cinq centimètres de mon visage. Je fis donc face avec la fille d'Athéna, alors même que j'étais incapable de me lever ; son regard orage était aussi dur et menaçant que celui de sa mère, et ce n'était pas peu dire. Elle ne voulait que rendre fière la déesse d'Athènes, elle était obnubilée par son orgueil, cela se voyait.  A cette constation mon regard s'adouçit un peu ; d'une main, je récupèrai le poignard d'Annabeth et lui tendis en tenant la lame de deux doigts. 

- Ecoute Annabeth, ce n'est pas contre toi, mais j'ai faillis y passer dans ces souterrains. Et le pire reste encore que j'ai presque perdu celle que j'aime. 

A ces mots, Percy s'étoufa avec sa salive alors que Lee passa un sachet de drachmes à Will (ils allaient me le payer ces deux-là), et je ne pus empêcher mon regard de dévier sur la silhouette de la fille d'Aphrodite endormie. Je n'avais qu'une seule hpate et c'était de profiter de mes derniers jours avec elle, même si c'était pour préparer une guerre. Je ferai tout pour qu'elle me survive, et même les Parques ne pourront pas empêcher cela. 

Le fils de Poseidon avait pris son temps, mais il sembla enfin comprendre le sens de mes mots. 

- Attends ! La' ?! Tu sors avec la nouvelle ?!, s'écria-t-il. 

- Fais un effort, Cervelle d'Algues, elle s'appelle Camilla.

Le fils de Poseidon se prit une claque derrière la tête de la part de la blonde aux yeux orageux ; la tension s'était bien allégée dans l'infirmerie. Je repris ma respiration en essayant tant bien que mal de retrouver mon calme. 

- D'accord, très bien. Si vous me jurez de revenir en vie, je vous raconterai tout. 

Annabeth resta interdite mais mon meilleur ami me le jura droit dans les yeux, et je ne pus m'empêcher d'y croire. C'est ainsi que je racontai à nouveau tout ce que nous avons vécu dans le Labyrinthe de Dédale, en ommettant toutefois le contenu de mon choix face à Janus, sous l'oeil circonspect de Chiron. 

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Après avoir écouté tout mon récit, tout le monde avait quitté l'infirmerie, sauf le centaure immortel. Je savais bien pourquoi celui-ci était resté mais je ne savais pas par où commencer. Il avait tout fait pour me sauver, et je ne serais qu'un héros supplémentaire à mourir devant ses yeux. 

- Tu as donc croisé Janus... Qu'as-tu choisi ? 

Je fermai quelques instants les yeux pour essayer de remettre mes pensées en ordre. La fille d'Aphrodite était profondément endormie, je n'avais donc pas à craindre qu'elle apprenne les détails de mon entrevue avec le dieu des portes, mais je ne voulais pas prendre de risque. C'est pourquoi je créai un cocon fait d'obscurité et d'ombres autour du centaure et de mon lit, sous son regard aussi émerveillé qu'effrayé. 

- J'ai choisi de sauver le plus de personnes possible. 

Le directeur des activités baissa les yeux à ces moments, et remua la tête de désespoir. 

- Jeune fille, je suppose en entendant ces mots que tu ne feras pas partie de ceux qui seront sauvés... 

- Oui. Je vais mourir, mais je vais mourir en guerre, au cours de la première bataille contre Cronos. Je vais protéger ma famille, et c'est tout ce que je souhaite ; ma vie ne vaut pas plus, je n'aurais même pas dû exister. 

Le centaure resta silencieux, comme accablé encore une fois pas le destin d'un de ses élèves qui allait mourir, comme des centaines sont morts auparavant. 

- La seule chose que je souhaite, c'est que vous protégez mes proches, vous savez de qui je parle, et que vous empêchez Camilla de me suivre dans la mort. 

Chiron frappa du sabot face à mes paroles. 

- Bien évidemment que je prendrai soin de tout le monde. Toutefois, je pense que c'est peut-être un peu excessif : je sais qu'un premier amour est toujours fort, surtout à vos âges, mais...

- Nous sommes des Vielles Âmes. 

- Quoi ? Oh non... 

Trop fatiguée par mes pouvoirs, je laissai tomber le cocon d'isolement et regardait le centaure dans le blanc des yeux alors que celui-ci était figé par la surprise. 

- Aphrodite en personne me l'a dit, il n'y a aucun doute. Alors jurez moi de la protéger, et je défendrai la Colonie jusqu'à mon dernier souffle : je sauverai tout le monde, et irai jusqu'au bout de mes pouvoirs sans m'enfuir avec elle. 

- Je te le jure, fille d'Hadès.