Chapitre 49

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Je n'avais pas dit un seul mot au fils de Poseidon depuis mon réveil et depuis l'instant où Will s'était mis à m'examiner. Et pourtant, il ne voulait pas partir. Le silence était vraiment dérangeant, à un tel point que mon esprit de demi-déesse ne put le supporter plus longtemps ; je me tournai faiblement vers Will, toujours en ignorant d'un pied ferme le fils du dieu de la mer. 

- Où est Camilla, Will ? 

Le fils d'Apollon jeta un furtif coup d'oeil à Percy avant de se retourner vers moi avec un sourire gêné ; il avait pris mes constantes et ne semblait n'avoir rien trouvé d'inquiétant. Il était vrai que depuis que j'avais à nouveau senti le Soleil rayonner sur ma peau à travers les fenêtres de l'infirmerie, mon corps s'était presque totalement rétabli. 

- Elle dort un peu plus loin, mais elle va bien ; elle, elle n'a pas une super constitution de Presque Déesse pour se rétablir à la vitesse de la lumière, contrairement à ma patiente préférée ! 

Le sourire Colgate m'avait tellement manqué que je ne pus empêcher mes lèvres de se retrousser à cette vue ; ce mouvement me sembla pour ainsi contre-nature, et je pus confirmer que cela faisait depuis très longtemps que je n'avais pas vraiment souri. Revoir mon oncle/petit cousin me faisait un bien fou ! C'est à ce moment-là que j'aperçus Lee appuyé contre le paravent avec un sourire en coin, l'air de dire "toujours à la même place, Leïa ?". En réponse à sa moquerie silencieuse, je lui balançai le stétoscope qui reposait avant sur la table de chevet à la figure. 

- Hé ! 

Le fils d'Apollon le rattrappa en riant, mais ce geste brusque me valut un petit couinement de douleur ; ma tête me lançait encore à cause de la commotion cérébrale suite à notre rencontre avec Eros. 

Je voyais bien que Percy ne savait plus où se placer face à notre remue-ménage, et un brin de remords étreignit mon coeur face à cette scène. Peut-être que nous devrions parler... Même si je ne pouvais m'empêcher de lui reprocher tout autant qu'à moi la mort de ma soeur et la disparition de mon petit frère. Mais nous avions quand même passer de superbes moments ensemble, plus que mon cousin, il était comme un frère pour moi... 

Will et Lee, semblant remarquer que j'étais perdue dans mes pensées face au fils de Poseidon, semblèrent chercher un moyen de nous laisser un moment d'intimité. Je ne savais donc pas si je devais à tout prix les empêcher de partir ou les laisser faire. Mon conseiller frappa du plat des mains ses deux cuisses et fit signe à son frère de le suivre :

- Allez, vu que notre Princesse des Enfers va assez bien et qu'elle est réveillée, on va aller chercher Chiron et Annabeth pour qu'elle n'ait pas à raconter deux fois ses aventures ! 

Finalement, les deux blondinets quittèrent l'infirmerie avant même que je n'aie pu faire un geste pour les retenir. Le silence revint tout d'un coup alors que je n'arrivais toujours pas à regarder le noiraud dans les yeux. Face à mon obstination à l'ignorer, c'est Percy qui finit par briser la glace : 

- La', faut qu'on parle et tu le sais..., sa voix était légèrement brisée, et le remords grandit dans mon coeur face à la colère que je ressentais à son égard. 

- Je ne sais pas si on a quelque chose à se dire, Jackson. 

Son nom de famille tomba dans la pièce comme une roche dans l'eau calme ; la colère émana du fils du dieu de la mer, alors que la mienne s'éveilla à nouveau. 

- Jackson ?! Tu ne m'as jamais appelé comme ça, Leïa ! Comment on a pu en arriver là ?! Qu'est-ce qui s'est passé pour que tu me détestes ?! C'est ton père, c'est ça ?!

Face à ces derniers mots, je me tournai furieusement vers lui, autant que ne me le permettait mon corps affaibli par le Labyrinthe. Mes yeux brûlaient des sentiments que je réfrenais depuis des semains. 

- Comment on a pu en arriver là ? Tu es sérieux, Percy ?! 

- Oui !, nos voix commençaient à grimper. Pourquoi tu me détestes ?! 

L'eau commençait à s'agiter dans les canalisations et des ombres s'échappaient des mes doigts, alors qu'on se toisait mutuellement. Vert océan face à noir onyx. Poseidon face à Hadès. 

- Parce ma soeur est morte avec toi ! 

- Qu... Quoi ? 

Un silence de plomb revint dans l'infirmerie. Ma voix s'était brisé sur mes mots ; je savais au fond de moi que ce n'était pas de sa faute, mais si seulement j'avais pu être avec eux, j'aurais pu la protéger, moi...

- Parce que ma soeur est morte et que je n'ai rien pu faire... Toi, t'étais le seul qui aurait pu faire quelque chose... Mais elle est morte sans même savoir qu'elle avait une soeur... 

Percy n'en attendit pas plus avant de me sauter dans les bras : je savais que c'était à moi que j'en voulais, mais j'avais dû trouver un bouc émissaire pour ne pas crouler sous cette culpabilité qui me rongeait de plus en plus. Les larmes se mirent à nouveau à couler sur mes joues, alors que je serrais mon meilleur ami dans mes bras, de peur que lui aussi il ne s'échappe. Je refusais de voir qui que ce soit mourir avant moi, en plus en sachant que cela n'allait plus prendre très longtemps... 

- Percy, j'ai déjà perdu une soeur, j'ai un frère qui a disparu, je ne voulais pas en perdre un autre... Je suis désolée ! 

- Chuut, ce n'est rien La'... Je suis désolée de ne pas avoir pu te les ramener... Je te promets de ne pas te quitter sans te dire au revoir, tu es comme ma véritable soeur, et je ne te laisserai pas tomber. 

Séchant petit à petit mes larmes, je me détachais de Percy pour lui offrir un vrai sourire, comme de ceux que je n'offrais plus que rarement aux gens. Il passa une main sur ma joue pour chasser une dernière larme qui coulait juste au moment où Chiron, Lee et Annabeth passèrent la porte. Celle-ci se renfrogna un peu à notre vue et ses oreilles rosirent. Oh je n'y crois pas, elle est jalouse... Le centaure m'accueilla avec un grand sourire paternel, le fils d'Apollon revenant à mes côtés et la fille d'Athéna restant en retrait. 

- Cela fait plaisir de te revoir, Leïa ! Nous étions inquiets ces deux derniers mois, depuis que la jeune Rosenbird et toi étiez parties, et nous ne croyons plus à votre retour... Nous attendions quelconque confirmation pour vous déclarer vivantes ou, eh bien, hum,... disparues. 

A l'entente du temps que nous avions en réalité passé dans le Labyrinthe de Dédale, mon sourire se renfrogna à nouveau. Je n'en revenais toujours pas... Il fallait vraiment que j'appelle Gary pour le prévenir que sa fille allait bien ; il devait s'être fait un sang d'encre alors même que je lui avais promis que rien n'arriverait à sa fille unique. J'allais en entendre parler un certain temps s'il ne me rejetait pas. Je passai une main sur mon visage, comme pour essayer de remettre mes idées en place. Me tournant vers le centaure, je repris mon visage neutre et essayais de penser comme la guerrière en guerre que je me devais d'être depuis que je savais que la première bataille - et ma dernière, probablement - de la guerre de Cronos aurait lieu à la Colonie. 

- Je sais que les jours nous sont comptés avant la première bataille contre l'armée de Cronos, je l'ai vu. Alors que veux-tu savoir, Chiron ? 

Lorsqu'on traverse les Enfers... ( Percy Jackson )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant