Lorsqu'on traverse les Enfers... ( Percy Jackson )

Chapitre 39

Bon traverser un océan en un vol deux fois dans une même journée était peut-être un peu irréaliste. D'où notre arrêt sur un baleinier japonais. Sur un bateau.
Dois-je rappeler comment s'est passé mon dernier séjour sur un bateau ? Je ne crois pas non.
Par contre ça explique pourquoi Camilla a été obligée de m'assommer jusqu'à ce que le navire arrive dans le port de Shimonoseki. Le plus impressionnant reste sûrement le fait qu'elle ait réussi à nous louer une chambre dans une maison d'hôtes sans se faire éjecter par personne, tout en traînant un corps inconscient.
Je me suis donc réveillée confortablement installée sur un futon alors que Camilla semblait commander un repas :

- Arigatōgozaimasu. Hai, watashinotomodachi no kata ga īdesu.

Je me frottais les yeux en essayant de comprendre ce qu'elle venait de dire. Elle revint dans la chambre comme si de rien n'était. Je m'assis sur le lit et vis que j'avais également été changée. Le rouge me monta aux joues suite à cette constatation.

- Depuis quand tu parles Japonais, Cam' ?

- Depuis quand tu m'appelles Cam'?

Elle m'avait jeté une bouteille d'eau en souriant. Je rougissais encore plus.
Elle s'assit à côté de moi en buvant de sa bouteille. Elle aussi était changée.
La fille d'Aphrodite passa une main sur mon front en vérifiant probablement qu'elle ne m'ait pas laissée de bosse avec son coup de fouet.

- En fait, j'en sais strictement rien. Je pensais d'abord parler anglais avant de me rendre compte que ce n'était pas de l'anglais. Je me suis donc débrouillée pour nous ramener ici le temps que tu te remettes. Rappelle moi de plus prendre de bateau avec toi ; t'as bien failli faire couler le baleinier.

Je passai une main dans ma nuque en essayant de me souvenir de ce qu'il s'était passé avant que je ne me fasse assommer.

- Oh merde ! La coque se désintègre ! Leïa ! Arrête !

Les vents s'agitaient. Une des baleines mortes attaché au bateau commençait à s'agiter comme un mort vivant.

- Bon je suis désolée d'avance !

Un coup contre la tempe. Puis plus rien.

- Oh c'est pas vrai... J'ai failli former une armée de poissons morts. Poséidon m'aurait tué à coup sûr.

Je bus quelques petites gorgées de ma bouteille d'eau et regardait par la fenêtre la vue sur les sources chaudes. Je sentais peu à peu la chaleur revenir en moi.

- Après pour ton multilinguisme, c'est peut-être un pouvoir de ta mère. L'Amour transgresse les barrières des langues.

Camilla s'allongea sur mes genoux en jouant avec une mèche de cheveux.

- C'est un peu inutile comme pouvoir... Et un peu cucul aussi. Combien de langues tu penses que je peux parler ?

J'haussais les épaules.

- Aucune idée. Je ne parle qu'Anglais et Grec.

Un silence s'établit entre nous deux. Cela faisait du bien de se reposer, on aurait presque dit deux amies voyageant à travers le monde. Sans le côté Fataliste désespéré de la vie de demi-dieu.

- On ira payer la chambre ce soir. Il faut éviter de rester trop longtemps au même endroit ; tous les monstres du coin doivent déjà être alertés par mon odeur.

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Ah l'étranger ! Paysages exotiques, nouvelles cultures, autres religions, croyances différentes... Et donc monstres différents. Rappelez moi de ne plus jamais oublier de ne pas écouter une fille d'Aphrodite qui insiste pour "se détendre un peu dans les sources chaudes de la chambre d'hôtes".

- Nue ?!

- Oui, tu ne peux pas rentrer toute habillée dans le bain. Allez enlève moi tout ça !

Camilla m'arracha presque mes vêtements - n'y pensez même pas, bande de pervers - alors même que j'essayais de sortir des vestiaires. Je me retrouvai donc jetée dans une eau beaucoup trop chaude, avec seulement une serviette pour protéger mes cheveux blonds.
La fille d'Aphrodite me rejoignit comme si elle ne venait pas d'attenter à ma vie, et se mit à mon opposé dans l'immense source naturelle qu'on avait rien que pour nous deux. Elle me narguait en voyant mon malaise apparent.

- Tu vois ! Pas si terrible un bon bain chaud ! Hahaha !

- Moque toi, Princesse... Ma vengeance sera terrible !

Finalement un peu amusée, je me jetai sur elle avec ma volonté - vaine - de la faire couler. Sauf qu'elle attrapa mon pied en me traînant vers le fond du puits dans lequel on se baignait.

Attendez deux secondes... Il n'était pas aussi profond il y a deux secondes ! Et en plus Camilla était toujours devant moi, alors comment aurait-elle pu attraper ma cheville ?!

Un cri strident m'échappa alors que ma tête passa sous l'eau malgré les tentatives vaines de mon amie de me tirer vers le haut. C'était bien ma veine; j'allais finir noyée. Bon j'avais perdu mes moyens et je n'arrivais déjà plus à respirer. Médicalement, j'avais avalé de l'eau à cause du choc ; en vrai, je faisais juste une très grosse crise de panique. Ce qui allait me tuer plus vite, bien sûr.
La tentacule me maltraitait sous l'eau en me balançant d'un côté à un autre. Ma tête allait exploser !
Je ne voyais plus rien. Les images du visage malsain de Luke se frayaient un chemin derrière mes paupières, me donnant envie de vomir lorsque je compris que c'était la dernière vision que j'aurais avant d'exploser sous la pression.

J'avais abandonné le fait de survivre mais je pus finalement reprendre ma respiration. Camilla m'aidait à rejoindre la rive.

- Ça va aller, La' ! Ils t'ont sauvé ! Tiens bon, je t'en supplie !

Assise sur la terre ferme, je ne pus m'empêcher de vomir mes tripes.

- Je déteste vraiment l'eau !

- Mon père ne va pas apprécier.

En entendant cette voix Ô trop familière, j'invoquai ma lance et le pointai sur le fils du dieu de la mer. Camilla mit une main sur mon épaule comme pour me retenir en arrière.

Le garçon devant moi n'était pas Percy Jackson. Mais il lui ressemblait beaucoup trop pour ne pas éveiller en moi cette sensation familière que je tentais d'étouffer depuis des semaines.
Il portait une armure en argent, très différente de nos armures, sur un gi de combat en cuir, deux tridents dans le dos. Ses yeux verts avaient la même couleur que l'océan, ses cheveux noirs étaient tirés en arrière dans une longue tresse.
Une fille avec deux chignons dans une robe de combats rouges jouait avec un poignard, assise sur un rocher.

- Qui es-tu ? Pourquoi as-tu la même odeur que Percy Jackson ?

Le type me regarda avec un sourire moqueur. Il rangea la lance qu'il tenait dans sa main avec ses tridents et s'avança en levant les mains.

- Je me nomme Hatake Akio, fils de Ryujin. Et voici Haruno Asami, fille d'Amaterasu. Et vous, qui êtes vous, filles de Izanami et de Benzaiten ? Qui est Percy Jackson ?

C'était quoi encore ce foutoir, nom d'un quokka vert pomme qui interprète du Céline Dion ?!