Lorsqu'on traverse les Enfers... ( Percy Jackson )

Chapitre 37

- Prend ma main, Camilla !

Je courais comme jamais je n'avais couru en tendant la main vers la fille d'Aphrodite. J'étais fatiguée et on s'était perdue quelque part à Chicago suite à un atterrissage loupé. La famille de centaures sauvages n'avait pas vraiment apprécié la chute de demi-déesses interrompant leur partie de chasse. Il fallait qu'on reparte rapidement.
Cela allait bien faire un mois qu'on courrait à travers le pays et je n'avais toujours pas totalement récupéré de la bataille sur le Mont Tam. De plus ça se voyait que la fille d'Aphrodite commençait à fatiguer à force de courir dans tout le pays. Je repérai un arbre devant nous qui me servirait de tremplin pour le prochain vol d'ombres mais il fallait que la brune réussisse à prendre ma main.
Une flèche frôla mon visage. Des fines gouttes d'ichor coulaient sur ma joue.
Mon souffle se faisait erratique alors que le pincement dans mon bas-ventre revenait, ne me quittant pour ainsi dire plus.
Une douce main prit la mienne alors qu'un sourire orna mon visage crasseux.
Et c'est reparti ! New York nous voilà !

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On a finit par se faire repêcher en Pensylvannie par Argos -qui s'était fait menacer par le bungalow 7... - et il nous ramenait à la Colonie des Sang-Mêlés. J'étais épuisée, sale, amaigrie et de nouvelles mèches noires pointaient le bout de leur nez dans ma tignasse blonde. Camilla quant à elle était toujours aussi magnifique : ses yeux restaient resplendissants malgré la saleté qui assombrissait son visage et elle dégageait toujours cette douceur. Argos nous avait signalé que nous étions déjà début Mars, ce qui m'étonnait puisque cela voulait dire que transporter quelqu'un dans mes vols d'ombres me ralentissait de manière significative.
Une douce main serrait nerveusement la mienne alors que j'essayais de rassurer la fille d'Aphrodite pendant qu'on traversait d'innombrables cultures de fraises dans Long Island.

- Tout va bien se passer, Camilla. Tu es déjà très forte !

La jeune fille me remit une mèche derrière mon oreille alors qu'un léger sourire étirait ses lèvres.

- C'est grâce à toi, Ghost Queen.

Mes joues rosirent à l'entente du sobriquet et je ne pus m'empêcher de lancer un regard boudeur à Argos dont les mille yeux se foutaient de ma gueule. "C'est ça, marre toi, mon vieux. Rira bien qui rira le dernier."
Mais un étrange sentiment chaleureux remplaça toutes mes interrogations lorsque je pus voir le pin en haut de la Colline des Sang-Mêlés. Me voilà de retour à la maison.

Argos gara sa camionnette de livraison de nos productions de fraises pendant que j'entraînais la fille d'Aphrodite à ma suite. J'étais très excitée de revoir toute ma famille et de leur montrer à quel point j'étais devenue forte ! Puis, j'avais hâte de présenter tout le monde à Camilla aussi ! Je courais en rigolant alors que la Colombe me suivait tout aussi joyeuse. On avait survécu !  On l'avait fait. Dès que je passai l'enceinte protectrice je serrais encore plus fort la main que je n'avais plus lâché depuis qu'elle me l'avait tendue cette hiver.
Cependant le vent frais qui m'entoura me fit me retourner vers mon amie et je crois bien que ma mâchoire aurait pu se décrocher à la vue de cette déesse. Camilla avait été revendiquée par sa mère et elle était juste sublime.

La jeune fille me regardait avec un peu de peur dans le regard mais je la rassurais avec un sourire. Des fils d'or avaient été tressées dans ces cheveux ondoyant ; elle était finement maquillée et ses vêtements déchirés avaient été remplacées par un chiton de soie blanche et des sandales en cuir joliment tanné. Elle était juste magnifique et je n'arrivais plus à comprendre cette sensation qui m'étraignait toute entière. Une colombe dans une aura rose flottait au-dessus de sa tête,  ameutant les demi-dieux qui étaient le plus proche de nous. Je m'agenouillai comme tous les pensionnaires qui venaient d'arriver et ne pus que dire :

- Bienvenue chez toi, Camilla Rosenbird, fille d'Aphrodite, déesse de l'amour,  Reine de la beauté et des colombes.

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L'attroupement s'était dispersé alors que les pensionnaires me souhaitaient un bon retour et la bienvenue à Camilla. Bien sûr, je ne pus faire deux pas sans me prendre un raz de marée de blonds qui essayaient tous de m'étrangler. Mais quand Lee se releva en se retenant de rire et que je vis que tous mes oncles et tantes faisaient la même tête,  je compris qu'Aphrodite m'avait joué un mauvais tour. C'est en remarquant enfin qu'elle m'avait mit la même tenue que quand j'avais été revendiquée que je me dis que j'allais commettre un massacre. Pourquoi elle ne se mêlait pas de ses propres tenues celle-là !
Le fils d'Apollon qui me tendit une main pour me relever ne se priva donc pas de me faire la remarque.

- Si j'avais su qu'après trois mois d'errance dans le pays, t'allais nous revenir avec une fille d'Aphrodite et en robe, j'aurais pris mon appareil photo !

- C'est ça, fous toi de ma gueule, Lee !

Je devais être rouge comme une tomate. Mais bien sûr ce n'est qu'en sentant quelqu'un m'obliger à m'asseoir dans l'herbe que je compris que Will ne perdait pas le Nord. Camilla fut obligée de suivre le mouvement n'ayant toujours pas lâché ma main et je ne pus que grimacer quand le médecin de la Colonie appuya sur mes côtes mal ressoudées. Les enfants d'Apollon s'étaient tous installés autour de nous et discutaient joyeusement.

- Mais qu'est-ce que tu t'es pris pour que tu sois aussi amochée ! Il va falloir des semaines pour que tout se remette à peu près en place !

- Atlas m'a mit un coup de lance qui m'a envoyé valser sur les murs du palais du Mont Orthys.

Lee et Cassidy s'étaient arrêtés de discuter pour écouter ce que j'avais à dire. Je leur appris donc pour ma chute aux Enfers, mon passage par San José, la bataille du Mont Tam et mon errance à travers le pays. Will me mit d'ailleurs une grosse tapette derrière la tête.

- Tu es la fille la plus inconsciente que je connaisse ! Tu ne fais que des conneries - même si toi tu n'as absolument rien à te reprocher,  Camilla - un jour, je ne pourrai plus te recoller !

Je me mordis la lèvre, sachant qu'il avait tout à fait raison, mais ma fierté ne pus l'avouer. Mais un grand sourire reprit place sur mon visage assez rapidement pour ne pas inquiéter la jeune demi-déesse que j'avais pris sous mon aile.

- Et vous vous êtes sortis de votre état cathartique de l'Hiver ! On a tous douillé alors autant aller de l'avant ! Je suis sûre qu'on va s'en sortir. Et puis, j'ai entraîné Camilla alors autant aller la présenter à ses frères et sœurs !

Cassidy sauta dans les bras de la nouvelle venue et l'entraîna à sa suite vers la Grande Maison, alors que je me bataillais avec Will. Lee sourit et finit par me prendre à part une fois que tous les Apollons s'étaient dispersés dans le camp d'entraînement.

- On est content que tu sois revenue en un seul morceau, Leïa. Ils étaient tous très inquiets de te savoir seule dans la nature. Et puis, une guerre se prépare et nos effectifs diminuent drastiquement. L'été à venir va être rude, et il est presque sûr que nous n'en sortirons pas tous indemnes. Alors avant que ça ne débute, laisse nous profiter de toi et de notre famille.

Une larme coula sur ma joue alors que je savais qu'il avait raison. Certains d'entre nous ne sortirons pas de cette dernière étape du plan de Chronos. Il allait falloir se battre !