Chapitre 15

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- Laisse moi t'achever gentiment, fille d'Hadès.

- Cassidy? Qu'est-ce que tu fous ? Ce n'est pas drôle comme blague. Envoie cette flèche luminiscente.

Mon esprit était long à la détente, visiblement, car je n'eus pas le temps de réaliser que mon amie était possédée qu'elle se jeta sur moi. Je l'esquivai de justesse, fatiguée par mon exercice de vol d'ombre, alors qu'elle se jetait violemment sur moi, un poignard qu'elle avait trouvé je ne sais où à la main.
Je pris toutefois le temps d'attraper la flèche qu'elle était sensée tirer pour prévenir Percy tout en l'envoyant très haut dans le ciel grâce à mon arc. Une explosion retentissante eut lieu et un éclat de lumière équivalent à un petit Soleil se fit voir dans le ciel. Mon ennemi, attiré par l'explosion, avait tourné son regard vers le ciel et s'était faite aveugler par la lumière. J'ai alors pu jeter mes jambes à son cou afin de la frapper au sol. Je devais éviter de m'énerver pour ne pas la tuer sans faire exprès.

- Qui es-tu ? Pourquoi es-tu dans le corps de mon amie ?

- Mon maître m'a envoyé tout droit du Tartare afin de te tuer. Je suis un eidolon ! L'avantage de ma condition est que tu ne peux rien me faire sous peine de blesser cette Cassidy. Quel esprit facile à manipuler d'ailleurs. Je crois que j'ai choisi la demi-déesse la plus faible du camp, c'est bien ma veine.

Je crois que l'option "je ne me mets pas en colère" était hors de question, maintenant.
J'esquivai un coup de poignard direct à la gorge en le bloquant avec un de ceux que j'avais caché dans mes bottes. Je devais éviter tout contact avec ma peau sous peine de la blesser gravement, ne sachant pas ce que pouvait faire mon pouvoir sur un être humain. C'est à cet instant que j'entendis la conque retentir à nouveau, me signalant qu'une de deux équipes avait gagné.
Une idée me traversa l'esprit mais me sembla en même temps tellement farfelue. J'espérais simplement que Chiron saurait quoi faire.
Je devais réussir à approcher Cassidy sans qu'elle ne me poignarde, ou, dans le pire des cas, sans qu'elle ne me tue.
Je lui sautai dessus en jetant mon poignard au loin. Je sentis une forte douleur à mon nombril, sûrement car j'avais vraiment fait trop de vols d'ombre. Je la tirai avec moi en espérant atterrir auprès de quelqu'un qui pourrait s'y faire. On sortit des ombres et je m'écrasai gracieusement au sol. Mon ennemi se releva rapidement en brandissant son couteau ensanglanté.

- Je t'avais interdit de recommencer, Leïa ! Chiron, je t'en prie, mets la de corvée de vaiselle.

Un Will furieux me surplombait d'un regard désapprobateur.
J'étais entourée de la plupart des pensionnaires et de Chiron. Merci Hadès, de m'avoir aidé à survivre. Je me tournai vers le centaure et lui indiqua du regard Cassidy, ou plutôt l'eidolon, qui ne savait plus où se mettre, entouré d'une centaine de demi-dieux armés. 
Le centaure se mit sur ses gardes et indiqua à tout le monde de reculer de quelques pas.

- Elle est possédée par un eidolon, Chiron, je ne savais pas quoi faire !

Cassidy sembla vouloir s'enfuir mais Chiron mit trois doigts sur son coeur et les repoussa. Une sorte de volute d'or sortit du corps de ma tante juste avant que celle-ci ne s'effondre. Elle me jeta un petit regard, implorant mon pardon, juste avant de s'évanouir. Tout le monde soupira de soulagement et je semblai la seule capable de voir le nuage se diriger vers Clarisse, la fille d'Arès.

"Maintenant, mon enfant, utilise ton arme comme il se doit."

- Papa... D'accord.

Je pris mon arc de mon épaule et fit un petit moulinet comme avec une épée ou une lance. Le métal s'allongea, s'étira pour former une fourche à deux dents, le symbole de mon père. Je tendis mon bras afin que les deux pointes touches l'espèce d'ombre que je supposais être l'eidolon. Il résista quelques instants avant de tomber au sol dans un petit tas de poussière.

- Retourne en Érèbe, là où est la place de tous les esprits.

Le combat semblait fini. Tout le monde me regardait avec des yeux de merlan frit.

- J'ai tué l'eidolon.

- On a vu ça, me souffla Will. Et tu as par la même occasion sauvé notre soeur. Elle serait morte en t'affrontant directement, je te remercie de ne pas avoir écouté mes conseils.

- C'est dans ma nature de ne pas écouter. Je vais soigner les blessés de capture l'étendard, veux-tu bien m'assister, cher confrère?

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J'avais vu passer beaucoup d'Hermès et d'Arès, dont celui que j'avais assommé, ce qui me rendait heureuse car celà signifait qu'on avait sûrement gagné et que j'avais probablement participé à la victoire.
Par contre j'avais la tête qui me tournait et le fait de soigner les pensionnaires m'affaiblissait encore plus. Mais n'étant pas tant de médecins compétants que cela, je me forcai à continuer.
J'étais en train de soigner un des frères Alatir, les nouveaux Hermès, lorsque je fus prise d'un plus violent vertige que les autres. L'Alatir que je supposais être Conor, me retint dans ses bras et appela mes congénères du bungalow 7. Mais quand je vis l'herbe à mes pieds noircir, je me débattis de ses bras pour finalement retomber au sol, Connor m'ayant lâché par surprise. Mon armure, que je n'avais toujours pas enlevé depuis la fin des jeux m'ensserait le corps. Je remarquai également que je n'avais plus mes mitaines, perdus dans les bois, et que des ombres de plus en plus grandes sortaient de mon corps et menaçaient les élèves. J'étais à peine consciente, mais je savais bien que tant que mes poivoirs infernaux ne seraient pas contenus quelque part je devrais me soigner toute seul. Je détachai les sangles de mon plastron et laissai celui-ci retomber derrière moi. J'avais l'impression d'être dans une espèce de bulle mais je pouvais toutefois sentir les pensionnaires s'affoler autour de moi. Je mis une main sur mon ventre pour tater les possibles hématomes, mais lorsque je vis ma main couverte de mon ichor je me dis que je m'étais peut-être quand même faite poignarder par l'eidolon. Je pris la gourde de nectar qui était attaché à ma ceinture et en versai une bonne partie sur la plaie soupçonnée. "Ça pique plus que la Bétadine cette saloperie".
Je tentai de refermer la plaie en me concentrant sur mes pouvoirs salvateurs, mais sans Soleil et aussi faible c'était mal partit. Il faudrait que les autres pensionnaires puissent m'approcher. "Allez Leïa, rappelle tes foutus pouvoirs dans ton corps"
C'était comme aspirer quelque chose d'étranger que j'essayais à nouveau de pousser dans dans un conduit réduit où jamais cette chose n'aurait dû rentrer en temps normal. Mais tout doucement, d'une lenteur affreuse, ces grandes vagues d'obscurité pures réintegrèrent mon corps. Mais cet ultime effort me coûta ma conscience. Je sentis juste du métal froid se refermer sur mes mains, puis, plus rien. Il fallait vraiment que je commence à me poser des questions sur ma façon de survivre dans ce monde de dieux grecs.

Lorsqu'on traverse les Enfers... ( Percy Jackson )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant