𝕮𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 29 : Confession

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𝑨𝒏𝒂𝒚

Il m'a donné du plaisir puis m'a laissée seule dans ce sous-sol comme une pauvre ordure. Comme si ce qui venait de se passer entre nous ne signifiait rien pour lui. Comme si je ne signifiait rien pour lui.

     Comment peut-il être aussi insensible?

     Voilà les seules pensées qui me traversent l'esprit pendant que je couvre cette pauvre toile de peinture avec toute la rage que je ressens au plus profond de mon être. Ces nuances de couleurs sombres représentent toutes les émotions que Caden éveille en moi.

Je ne comprends toujours pas comment il peut avoir autant d'effet sur moi. Aucun homme n'a jamais eu autant d'emprise sur moi.

Je tente de comprendre pourquoi son comportement me blesse autant. Je suis sensé le haïr, le détester, alors pourquoi mon ego se sent aussi heurter du fait qu'il ne m'accorde pas l'attention que je veux?

Peut-être que la personne à qui je pense est capable de me donner les réponses à mes questions.

Ça fait des semaines que je n'ai pas remis les pieds chez ma psy, trop occupée à me fourrer dans les emmerdes. Je n'ai jamais aimé les psychologues. Ils pensent avoir toutes les réponses sur ta vie.

Après la mort de mi padre ma mère voulait absolument que j'en vois une et bien évidemment je ne prenais aucun rendez-vous au sérieux.

Mais aujourd'hui plus que jamais, je me retrouve dans une impasse et j'ai vraiment besoin de savoir si mes sentiments sont normaux ou si j'ai fini par réellement sombrer dans la démence.

Peut-être qu'en parler à une personne me permettrait de mieux les comprendre.

À cette dernière penser je jette le seau de peinture,
retire mon tablier et m'apprête pour aller chez le Dr. Brown.

— Je ne m'attendais pas à te revoir Anay.

     Assise à la même place que lors de notre première séance, je la scrute en me demandant si j'ai pris la bonne décision en venant ici.

— Je crois que j'ai besoin de vous. Avouais-je.

Elle m'analyse un moment mais se décide finalement à s'exprimer.

— Anay j'apprécie vraiment ta démarche et je réitère mes propos, tu es une jeune femme mature et tu devrais être fière de toi. Mais pour que je puisse t'aider tu dois me faire confiance et me raconter tout dans les moindres détails, même l'information la plus insignifiante peut-être très importante. Tu es prête à faire ça?

Pour une fois, je suis prête à affronter la vérité en face.

— Oui. Déclarais-je avec sûreté.

— Alors je t'écoute, comment tout a commencé? M'interroge-t-elle en prenant le carnet et le stylo posé à côté d'elle.

Je lui raconte tout dans les détails. Je ne me suis jamais autant ouverte à une personne. Je me rends compte que je fais des progrès, que je ne suis pas bonne qu'à prendre de mauvaises décisions.

Je ne suis pas parfaite, je suis même très loin de l'être mais au moins je peux être fière de moi sur ce coup.

— ...voilà comment on en est arrivé là. Voilà
comment j'ai fini par me laisser séduire par mon pire ennemi.

Un gros silence s'installe. Elle me fixe sans rien dire.

Je me disais bien qu'il n'y avait rien de normal chez moi.

     — Il existe beaucoup de choses dans ce monde sur lesquelles on ne peut avoir de contrôle, et l'attirance en fait partie. Tu n'es pas folle, tu es juste une jeune femme qui découvre les envies que peuvent lui procurer son corps.

     Pourquoi ne suis-je pas venu ici plutôt?

     — Mais tu dois apprendre à canaliser ses émotions car tu te laisses facilement submerger par ces dernières sur lesquelles tu n'as aucun contrôle. Dit elle avant que mon téléphone ne se mette à vibrer à répétition.

     Distrait par ces notifications incessantes, je le sors de mon sac et constate les nombreux messages de Carlito.

J'essaie de les lire mais ne comprends pas les messages qu'il essaie de me faire passer. Tout ce que je saisis c'est maman, photos et clubs.

     Alors que je m'efforce de déchiffrer ses messages, son appel surgit sur mon téléphone. Je décroche à la seconde.

     — Carlito? Que se passe-t-il?

     — Maman a reçu des photos anonymes de toi en train de danser dans un club et elle s'apprête à prendre le premier billet disponible pour te rejoindre. Débite mon frère aussi vite que l'éclair.

    Il faut un temps à mon cerveau pour analyser la gravité de la situation.

    Ma mère quoi?

    — T'as aucune idée de qui a pu envoyer ça? Lui demandais-je sous le coup de la panique en me levant.

    — Non Anay, tu devrais l'appeler pour la calmer parce qu'elle est sur le point de péter un plomb.

     Je raccroche puis me retourne vers ma psy qui est dans l'incompréhension totale.

     — Ma mère a reçu des photos anonymes de moi dansant dans le club de Caden. Lui expliquais-je en m'asseyant en face d'elle.

     — Vous savez qui a pu faire ça?

     — Non.

     Mais je crois que j'ai ma petite idée.

     — Appelez-la et rassurez-la. Le mieux pour votre mère serait qu'elle ne sache rien de ce qui se passe ici.

     Sur ses mots, je compose le numéro de ma mère et l'appelle. Lorsqu'elle décroche, elle n'a pas l'air en colère mais plutôt inquiète.

     — Anay dans quoi tu t'es encore fourrée? Hein?
S'empresse-t-elle de me demander.

     — Je suis désolé maman. Mais tu n'as pas à t'inquiéter, c'est juste un petit jeu entre pote qui a mal tourner.

     — Si tes fréquentations t'incitent à faire ce genre de chose tu devrais t'en éloigner.

     — T'inquiète maman, ça n'a duré que l'instant d'une soirée, je peux t'assurer que ça ne se reproduira plus fais moi confiance.

     — Je ne fais que ça depuis des années Anay, te faire confiance, je ne fais que ça. Un silence s'installe mais elle se reprit. J'ai du travail je te rappelle plus tard, bisou.

     Elle raccroche aussitôt. Elle n'est pas rassurée, je le sens. Mais en même temps quand tu as une fille qui ne t'attire que des ennuis c'est normal.

     Après cet appel mon cerveau se met à analyser tout depuis ce soir là. Andrea n'était pas là et Lilith n'aurait jamais pris de photos de moi.

Caden avait trop la rage pour s'amuser à prendre des photos alors c'est évident. C'est bien ce que je pensais, la coupable n'est autre que la femme qui m'a demandé de m'éloigner de Caden.

     Brenda.

     — J'ai un petit problème à régler, excusez-moi. Dis-je à ma psy avant de prendre un muffins au chocolat sur la table basse et de me précipiter vers la sortie en le dévorant.

     Elle m'aura cherché.

     J'arrive en taxi chez Caden et son portier m'ouvre sans broncher.

     Quel genre d'ordre a-t-il reçu?

     Je marche d'un pas déterminé vers sa résidence. Je m'arrête pour demander à un de ses hommes où il se trouve et se dernier me conduit à lui.

Reckless driver Où les histoires vivent. Découvrez maintenant