Chapitre 1

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Elle se tenait seule au bar, totalement absorbée dans sa solitude, ignorant aussi bien la musique que les autres clients. Son unique désir était de siroter sa vodka sans être dérangée. L'alcool lui brûlait l'estomac, mais elle tapait machinalement sa bague contre le verre vide. Le barman s'approcha d'elle et la servit avant de passer à un autre client. Attrapant son verre, elle en but une gorgée, fermant les yeux pour savourer l'instant. Rien d'autre n'avait d'importance à ce moment précis.

Elle venait encore de se disputer avec son petit ami, comme souvent. La vodka piquait sa lèvre fendue, mais elle l'acceptait volontiers, laissant l'alcool engourdir la douleur. Mickey, son compagnon, devait sûrement en faire de même, et cette pensée la fit esquisser un sourire. Bianca, italienne au tempérament bien trempé, portait un nom qui semblait moqueur, car elle était loin d'être un ange. Son physique angélique contrastait avec sa personnalité ardente.

Quand elle rentrerait chez elle, Mickey se ferait pardonner, comme à chaque fois. Il excellait dans l'art des réconciliations, bien plus que dans tout autre domaine.

Un « bonsoir » inattendu rompit le silence. La voix la tira de sa bulle de solitude. Bianca tourna légèrement la tête pour observer celui qui osait l'interrompre, pénétrant ainsi son sanctuaire de tranquillité alcoolisée.

« Puis-je vous offrir un verre ? » proposa l'homme.

Elle haussa un sourcil, dévisageant l'intrus. « J'en tiens déjà un dans la main. »

Il insista, « Je pourrais le remplir pour vous ? »

Bianca laissa échapper un petit rire sec. « Je suis une grande fille, je peux payer mes propres consommations. »

L'homme sembla ne pas comprendre les signaux évidents, persistant maladroitement. « Alors, peut-être pourrions-nous monter directement dans ma chambre ? »

Cette fois, Bianca posa son verre avec un claquement sec, pivotant légèrement sur son tabouret pour faire face à celui qui tirait un peu trop sur l'élastique.

« Je vois, laisse-moi deviner », commença Bianca d'un ton acerbe, « tu es ici pour un congrès. Tu as planqué ton alliance dans le tiroir de la table de chevet, on voit la décoloration à ton doigt. Et tu as l'intention de tromper ta femme pour te prouver que tu es encore capable de séduire une femme. Parce qu'il faut bien l'avouer, ta femme ne te fait plus rêver depuis longtemps. Tu bosses tout le temps et le soir tu t'endors devant la télé. Tu aimerais bien baiser le week-end, mais elle est occupée à faire le ménage, à s'occuper de la lessive et à repasser tes chemises. Donc elle n'a pas de temps pour satisfaire ta petite envie. Tu profites donc des congrès pour te faire vider les couilles. Mais avec moi, tu as fait un mauvais choix, je suis trop chère pour toi. »

L'homme sembla déconcerté. « Je ne suis pas là pour me payer une pute », répliqua-t-il.

Bianca leva un sourcil, le regardant avec mépris. « C'est que tu y crois en plus, je crois que c'est ça ton problème. À moins de tomber sur une femme complètement saoûle que tu ramèneras dans ta chambre pour la baiser et qui s'endormira bien avant que tu commences à bander, tu vas faire comme tous les autres soirs : te masturber en regardant une publicité où une femme se rase les jambes dans son bain. Allez, tire-toi, ma vodka est en train de se réchauffer. »

L'homme fulmina, « Connasse. »

Un sourire ironique étira les lèvres de Bianca. « Tes insultes sont aussi ridicules que ton micro-pénis. »

L'homme s'éloigna et fit demi-tour, visiblement déterminé à avoir le dernier mot, et posa sa main sur le bras de Bianca.

« Retirez votre main, Monsieur », intervint fermement le barman.

Say my nameOù les histoires vivent. Découvrez maintenant