Say my name

Chapitre 24

L'avantage de la relation de Lainey avec Elena, c'est qu'elle est de nouveau libre de ses mouvements. Les filles lui manquent, Elena lui manque, elle se reconnaît tellement en cette fille, mais elle n'est pas ici pour jouer le rôle de mère auprès des filles. Elles ne pourront jamais lui donner ce qui lui manque ; ce ne sera jamais qu'une situation temporaire. C'est en traînant à nouveau du côté de Portland, un soir, dans un quartier bien précis de la ville, que Bianca découvrira l'un des avantages du hayon arrière de sa voiture : le tiroir coulissant.

S'arrêtant à hauteur d'une des prostituées, Bianca ouvre sa fenêtre côté passager et engage brièvement la conversation avant de s'éloigner une fois qu'elle a repéré la voiture de sa cible. Elle continue sur deux rues avant de faire demi-tour. Sa voiture est loin d'être discrète, mais elle compte sur la chance qui lui a toujours souri. Dépassant le véhicule qui l'intéresse, Bianca se gare et se dépêche de sauter sur la banquette arrière, puis de s'allonger sur la plateforme arrière. Inspirant profondément, elle tient son arme avec son silencieux de fabrication maison, conçu à l'aide d'une bouteille en plastique. De sa main valide, elle appuie sur la télécommande à la seconde où elle voit deux hommes passer de chaque côté de sa voiture.

En un instant, le hayon de sa voiture s'ouvre et la plateforme, dont elle a desserré le frein, jaillit, la propulsant en arrière. D'un geste rapide et sûr, elle tire sur l'un des hommes et roule sur le côté pour abattre l'autre. Sautant de la plateforme, elle fouille rapidement les deux hommes, récupérant argent et armes, avant de remonter en voiture et d'appuyer sur sa télécommande, faisant rentrer la plateforme et fermer le hayon. Le tout n'a duré que quelques secondes. Sa prochaine visite en ville sera plus compliquée, ils seront forcément plus prudents. Sa récolte a été bonne. La prochaine fois, elle détruira la voiture. C'était le réveillon, dans une semaine elle fêterait son anniversaire, son véritable, pas celui inscrit sur le permis de Keri. Si quelqu'un l'avait vu tirer les deux hommes, il aurait été incapable de la décrire, elle portait un masque, une robe satinée et des chaussures à talons de douze centimètres. De quoi donner des migraines aux flics. Quant à décrire sa voiture... bonne chance.

Poussant les portes d'un hôtel, elle se dirige droit vers le restaurant, se faufilant entre les invités jusqu'au bar pour commander un verre. Ce genre d'endroit était sa spécialité ; on en trouvait des semblables à Chicago et dans toutes les villes, dans tous les pays. Ici se déroulaient des affaires à la vue de tous. D'un regard habitué, elle fit le tour avant de commander un autre verre. Sa cible était facilement reconnaissable ; il donnait l'impression de posséder l'endroit et c'était probablement le cas, mais elle s'en fichait complètement. Bianca avait envie de se débarrasser d'un mafieux. Comme beaucoup de personnes, elle portait un loup sur le visage, agrémenté d'une plume. À sa deuxième vodka, elle accepta la coupe de champagne offerte par une serveuse et la leva avec tous les invités en faisant le décompte.

Au cri de "Bonne année !", des paillettes furent lâchées du plafond. Le mafieux s'effondra au sol, abattu en plein cœur. La police récupérera un calibre 38 tombé au sol près du bar. Quand l'analyse des empreintes sortira de l'imprimante de la police scientifique, Bianca aura déjà fêté son anniversaire. Lorsque la police arrêtera des membres d'un groupe de proxénètes serbes, Bianca en aura éliminé deux de plus. Le lendemain, son fidèle Tony arriva en ville.

Il la serra longuement dans ses bras avant de reprendre une distance respectable.

« Tu m'as manqué.

- Toi aussi, » souria-t-elle avant de faire aussitôt le point.

« Tu aurais pû m'attendre.

- Je m'ennuyais.

- Tu vas me dire que c'est avec cette Cadillac rose que tu les as butés ?

- J'adore mon bébé. C'est un dragster sur la route, j'ai un gadget à la 007 à l'arrière. Il n'y a que la couleur qui m'emmerde.