Say my name

Chapitre 11

L'avantage d'habiter dans une petite ville, c'est que l'on peut se passer de sa voiture pour se rendre au travail à pied. Cependant, ce matin-là, le froid mordant rendait chaque pas plus difficile. Bianca ouvrit la porte du garage, espérant démarrer sa voiture pour se réchauffer rapidement, mais rien ne se passa lorsque la clé tourna dans le contact. Silencieusement, elle maudit sa malchance. À moins que le gouvernement ait décidé de lui faire une surprise nocturne en transformant sa voiture en modèle électrique. Après plusieurs tentatives infructueuses pour le démarrer, Bianca se résigna et claqua la portière avec frustration, se retenant de frapper sur la voiture pour l'évacuer.

Ramassant ses affaires, elle remonta son col pour se protéger du froid piquant. Elle devait marcher jusqu'au travail, mais la perspective de ce trajet sans voiture lui semblait maintenant beaucoup moins attrayante. Bianca accéléra le pas, pressée de rejoindre le réconfort relatif de son lieu de travail. Elle avait vraiment besoin d'un manteau plus chaud, et rapidement, mais sans voiture ça devenait compliqué.

Bianca marcha d'un pas rapide, saluant les enfants qui croisaient son chemin. Arrivée devant l'école, elle monta les marches deux par deux, impatiente d'appeler le garagiste avant le début des cours. Elle fouilla dans ses papiers jusqu'à ce qu'elle trouve le numéro du garage qui s'était occupé de sa voiture, puis composa le numéro avec empressement, priant pour qu'il puisse résoudre le problème rapidement.

« Bonjour, vous êtes disponible aujourd'hui pour vérifier ce qui cloche sur ma voiture ? Elle n'a pas voulu démarrer ce matin.

- Quel modèle ?

- Chevrolet Lumina 1990 », termina-t-elle presque en chuchotant, comme si elle dévoilait un secret. S'il y a bien une chose à laquelle elle ne s'attendait pas, c'est à un fou rire de la part du garagiste.

« J'avais bien dit à l'autre type que le moteur était fatigué. La voiture a près de trente-cinq ans, que pouviez-vous espérer ?

- Qu'elle dure plus longtemps. C'est quoi son problème ?

- Par où commencer ? » répondit-il avec un soupir.

« Je vois. Et l'autre gars le savait ?

- Je lui avais fait un devis pour les réparations. Mon conseil serait d'acheter une autre voiture, celle-ci a rendu l'âme. Je suis même surpris qu'elle ait tenu aussi longtemps, je ne lui donnais que deux semaines. Je peux vous la débarrasser pour son poids en métal.

- Combien ?

- Deux cents, deux cent cinquante.

- Y a-t-il un concessionnaire automobile dans le coin ?

- À Salem.

- C'est combien de jours à pied ? » grogna Bianca.

« Ça pourrait être pire.

- Je sais. Vous pouvez passer me débarrasser de ce tas de ferraille ? Disons ce soir, après quinze heures ?

- Ça marche. J'ai votre adresse dans l'ordinateur. Vous voulez une copie du devis que j'ai remis à l'autre gars ?

- Absolument, je suis curieuse de voir ça. »

Bianca était de mauvaise humeur, les fédéraux l'avaient encore arnaquée, au point qu'elle envisageait sérieusement d'écrire son histoire, et elle ne serait pas tendre avec ceux qui se sont occupés de la suite de son dossier. Ils voulaient tellement qu'elle flanche et accède aux millions volés pour l'arrêter et la mettre en prison avec le reste de la famille, qu'ils avaient complètement saboté le programme de protection des témoins. Mais c'était mal la connaître.

Bianca donna ses cours, surveilla la récréation, puis rentra chez elle, se couvrant de sa couette pour se réchauffer.

« Ralf ? C'est Keri. J'aurai un service à te demander. Tu vas sur Salem ou Portland demain ? Tu peux m'emmener et me déposer ? Non, ma voiture est morte, bonne pour la ferraille, il m'en faut une autre. Six heures ? Ok, je serais prête, tu passes me prendre ou... je viendrais chez toi. Merci. Je me ferai toute petite. Je te laisse, c'est le garage », dit-elle en raccrochant, laissant tomber la couette par terre pour aller ouvrir la porte.