Chapitre 69

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Dans la salle du tribunal, Bianca écoute attentivement le procureur relater les crimes qui lui sont reprochés : un double-meurtre. Il extrapole sur les propos qu'elle a tenus à celle qui se faisait alors appeler Kate, sans présenter la moindre preuve. Malgré l'absence de fondements tangibles, sa présentation est si convaincante qu'il semble détenir des éléments liant Bianca à tous les crimes commis sur le territoire national au cours des dix dernières années. Bianca observe son avocat se lever et prendre la parole.

« Monsieur le Procureur aime s'écouter parler, il est tellement convaincant qu'il m'a donné envie de m'abonner pour voir la saison deux, mais sa théorie farfelue ne repose que sur des on-dit. Il n'a aucune preuve de ce qu'il avance, et je dirais même qu'il erre et invente. Quant à moi, je vais apporter des preuves. Ma cliente a-t-elle tué ces deux hommes ? Oui, c'est un fait. Voilà, c'est dit. Mais la véritable question de ce procès n'est pas de déterminer si elle les a tués, mais pourquoi elle l'a fait. Une fois que j'aurai terminé, Mesdames et Messieurs les jurés, vous serez convaincus d'une chose : la personne qui doit être jugée aujourd'hui n'est pas dans cette salle. »

Bianca observe attentivement "Kate" témoigner, racontant en détail leurs deux rencontres et relatant tout ce que Bianca lui a raconté et promis. Lors du contre-interrogatoire, elle ne peut que reconnaître que Bianca était gentille, payant une chambre pour toutes les filles ainsi que les repas, leur promettant de les sortir de la rue.

Elle écoute les filles qu'elle a essayé de sauver. Toutes parlent des meurtres mais il est évident que la justice leur a offert un deal en échange de leur témoignage vu qu'elles restent vagues sur tout le reste. Bianca se penche pour parler à l'oreille de son avocat, mais celui-ci se contente de sourire.

« Aucune question, votre honneur, » dit-il simplement. » Restez calme, » chuchote-t-il en se levant. « J'appelle à la barre Yu Jie Lee. »

Malgré elle, Bianca tourne la tête pour regarder Yu Jie Lee s'avancer vers la barre. Elle écoute son récit sur son enlèvement, les agressions et la prostitution, fixant le procureur droit dans les yeux. Celui-ci n'a aucune question et semble déconcerté par la tournure des événements. L'avocat appelle d'autres témoins, les filles témoignent, prenant le risque d'être expulsées, mais elles le font toutes pour elle. Bianca ressent une véritable panique en entendant son avocat appeler son prochain témoin, Rebecca Yoder.

Rebecca est directement impliquée dans son trafic de drogue. Si les fédéraux débarquent au domaine, c'est fini pour elle, elle ira en prison pour de bon. Mais Rebecca parle au nom de toutes les filles de la communauté, racontant leur enlèvement, les viols et l'arrivée de Bianca. Oui, Bianca a éliminé les criminels, mais les filles vivent aujourd'hui en paix, cultivant des légumes. Avec son témoignage, elle vient d'ajouter plusieurs meurtres à son dossier, alors que les autres filles en avaient déjà ajouté.

« Maître, avez-vous d'autres témoins ? » demande le juge.

« Oui, Maître, » s'amuse le procureur, « vous me facilitez la tâche. De deux meurtres nous en sommes à une vingtaine voire plus, les chiffres sont exhaustifs.

- J'appelle à la barre l'agent spécial du FBI Joanna Caplan. »

Bianca se raidit alors que Joanna s'avance, prête serment, décline son identité et raconte tout, absolument tout, de son point de vue.

« Bianca De Angelis est une personne complexe avec un sens moral qu'il ne m'appartient pas de commenter, sauf si Monsieur le procureur veut faire appel à une expertise psychiatrique. Vous avez entendu, elle n'hésite pas à tuer, mais jamais elle ne tuerait un innocent. Ceux qu'elle a tués étaient des criminels, des meurtriers, des violeurs et elle ne l'a fait que dans un unique but, sauver des femmes en danger et en détresse. Oui, elle s'est substituée à la justice, a agi en juge, juré et bourreau, mais la justice ne s'est jamais préoccupée des femmes qu'elle a sauvées. Qui regarde une prostituée dans la rue en se disant : "cette femme fait la pute parce qu'elle aime se faire baiser par des inconnus dans une ruelle." Nous détournons tous le regard, nous fermons tous les yeux, tout comme la police. Pire encore, la police préfère arrêter les prostituées et leur remettre des amendes au lieu d'arrêter les clients et ceux qui mettent ces femmes dans la rue. Tous ? Non, pas tous. Ma cliente voit une femme en détresse et agit. Ces femmes amish, que leur serait-il arrivé ? Elles sont désormais exclues de leur communauté, quelles sont leurs chances dans notre société ? Aucune. Ma cliente a fait ce qui est juste, et c'est le fondement même de votre présence aujourd'hui, faire ce qui est juste. Madame De Angelis a sauvé de nombreuses vies, bien plus que ne l'ont fait les services de police, en utilisant un moyen questionnable il est vrai, mais avec quel résultat ? Mais il n'en reste pas moins que toutes ces vies sauvées, c'est juste. »

Say my nameOù les histoires vivent. Découvrez maintenant