Say my name

Chapitre 66

Il est évident qu'un jour Bianca se lancerait dans un plan et ne s'en sortirait pas. Elle a toujours eu de la chance, mais sa réserve devait bien s'épuiser à un moment donné. Son obsession a toujours été la prostitution, non pas le métier en tant que tel, qui existe depuis la création du monde, mais la façon dont sont traitées les femmes et ceux qui dirigent les réseaux de prostitution. Elle en a fait sa croisade au point de tout risquer.

Tandis qu'Anja et le bébé étaient avec Suzanna et Laura pour préparer le mariage, sous le prétexte de chercher d'autres locaux pour un futur magasin à San Francisco et un nouvel entrepôt pour réduire leurs frais de transport, Bianca sillonne la ville jusqu'à trouver ce qu'elle cherche. S'arrêtant le long du trottoir, elle fait signe à une fille de s'approcher.

« Qu'est-ce que je peux faire pour toi, ma jolie ? » demande la prostituée en s'accoudant à la portière tout en mâchant un chewing-gum.

« Tu es du genre solo ou tu bosses pour un réseau ? » demande Bianca.

« Qu'est-ce que ça peut te foutre ? Tu payes et on baise ; je ne suis pas psy, je ne fais pas la conversation.

- Je dis ça simplement pour toi. Si tu es en solo, fais attention à toi, le monde n'est pas joli, tu en sais quelque chose. Si tu es dans un réseau, au moins ton mac veille sur son gagne pain.

- T'es quoi, des services sociaux ? Tu fais des heures supp ?

- Tu prends combien ? Je te paye pour une heure.

- Deux cent. Je ne vais pas dans un hôtel, il y a une ruelle à droite après la prochaine rue, c'est discret.

- Monte, » sourit Bianca en sortant de l'argent qu'elle dépose dans le porte-gobelet avant de passer une vitesse une fois la portière refermée, mais allant dans une autre direction.

« Où est-ce que tu vas ? » questionne la prostituée d'un ton sec.

« Je t'ai louée pour une heure, je te paye à manger et un café, tu vas t'assoir une heure et faire une pause de cette vie de merde.

- T'es conne ou quoi ? Tu ne sais même pas qui je suis et tu veux manger avec moi ?

- Ton travail c'est de rendre tes clients satisfaits contre paiement, non ? Moi j'ai envie de manger un burger avec toi.

- Ça fait cher du burger.

- Pas si pendant un moment tu n'es pas dehors, c'est même assez satisfaisant. Ici, Ç'a l'air bien, non ? » sourit Bianca en se garant. « Comment ça marche, les clients payent avant ou après ?

- Tu vas vraiment me payer à manger ?

- Oui et discuter avec toi.

- De ?

- Des autres filles, tu te tiens à l'écart, comme s'il y avait une frontière, d'où ma question, solo ou réseau ? Si tu es solo, on discute des raisons qui font que tu es dans la rue, si tu es dans un réseau, tu m'en parles, tu me donnes des informations utiles, et moi je te sors de là, je t'offre une porte de sortie.

- T'es qui ?

- Je m'appelle Bianca.

- T'es quoi, t'es flic ?

- Absolument pas. Ce soir, je suis une amie, peut-être la seule qui comptera jamais dans ta vie. Deux cent dollars pour moins d'une heure en ma compagnie, tu n'as même pas à me baiser en plus. Si tu n'as pas envie de me parler, je te ramène, je te file dix dollars pour les quelques minutes de ton temps et je m'en vais.

- Ramène-moi, s'il te plaît.

- D'accord. »

Bianca n'insiste pas et fait demi-tour, retournant se garer là où elle a ramassé la fille, sortant un billet de dix de sa poche.