Chapitre 16 : Le Bal des Coeurs (1/2)

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Je ne suis pas vraiment du genre à fréquenter les boîtes de nuit. Peut-être est-ce dû au fait que je suis à peine majeur, mais l'ambiance qui y règne ne m'amuse pas particulièrement. Je trouve que la musique est bien trop forte, les lumières trop vives, et l'atmosphère générale trop étouffante. Pour moi, une soirée idéale consiste plutôt à me plonger dans un bon livre, à explorer des mondes imaginaires et à m'évader dans des histoires captivantes, ou de regarder la télé, enrouler dans une couverture avec un pot de glace. 

Oui, la musique dans la boîte de nuit est assourdissante, saturant l'atmosphère jusqu'à faire trembler le sol et les murs. Les basses résonnent dans l'air. Les gens autour de moi se déhanchent avec une énergie contagieuse, leurs mouvements synchronisés avec le tempo frénétique de la musique. Une chaleur intense, presque étouffante, enveloppe tout, alimentée par les corps en mouvement et les lumières vives qui zèbrent la pénombre.

Alors que nous avançons dans la pièce, mes yeux sont irrémédiablement attirés vers une porte située au fond. À première vue, elle semble ordinaire, mais ma curiosité est aussitôt freinée par la présence intimidante de deux bodybuilders massifs qui se dressent devant elle. Leurs muscles saillants semblent défier toute forme de définition, faisant de leurs biceps des montagnes de chair qui font pâlir d'envie même les culturistes les plus aguerris.

Adam avance sans hésitation vers la porte, défiant silencieusement les mastodontes qui la protègent. D'un geste apparemment anodin, il souffle quelques mots dans leurs oreilles, un murmure à peine perceptible dans le silence tendu de la pièce. Et puis, presque comme par magie, les deux hommes s'écartent, leurs visages impassibles ne laissant transparaître aucune émotion.

La porte s'ouvre sur un spectacle à couper le souffle : un immense escalier s'étend devant nous, paré d'un drap rouge somptueux bordé de dorures chatoyantes. La lumière tamisée qui émane des lustres suspendus met en valeur la richesse du tissu, créant une ambiance théâtrale qui transforme cet escalier en une scène digne des plus grands opéras. 

Nous descendons lentement l'escalier, Adam toujours à mes côtés, sa main serrant fermement la mienne. Chaque pas résonne doucement sur les marches de marbre poli, créant une symphonie silencieuse qui accompagne notre descente dans l'inconnu.

- Bon, Lucy, à partir de maintenant, on est des pédophiles à la recherche d'une enfant pour s'amuser, entre dans le personnage.

- HEIN ??

Le son de mon cri, un peu trop fort dans le silence oppressant qui nous entoure, semble résonner dans l'escalier, brisant l'atmosphère feutrée qui y règne. Une légère gêne teinte mes joues alors que je réalise l'ampleur de mon embarras.

- C'est le moyen le plus sûr de sauver la petite, merde, j'ai déjà oublié son nom...Tu veux la sauver non ? C'est votre petit jeu, à vous les humains, sauver les autres.

- Ce n'est pas un jeu, je rétorque, je veux la sauver.

- Si tu le dit, pour une race qui est capable de balancer des bombes ravageant des pays entiers, ou qui êtes capable une chaîne autour d'un continent tout entier pour avoir de la main d'œuvre, vous semblez vraiment adorer faire semblant d'en avoir quelques choses à faire de la vie des autres.

- Ce n'est parce que des hommes ont fait la guerre que cela signifie que je ne devrais pas sauver quelqu'un si je le peux. 

Il hausse les épaules, ses gestes témoignant de son désintérêt apparent pour mes tentatives de justification. Je me sens soudainement petite, insignifiante, comme si mes convictions idéalistes étaient réduites à néant par sa désinvolture. Pendant un instant, je me sens comme une enfant perdue dans un monde d'adultes, confrontée à la dure réalité de la vie.

Blasphemous (DARK ROMANCE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant