Chapitre 22 : Le Plan

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LUCY


Je ne peux pas me concentrer, la peur me serre le ventre. J'ai été idiote de penser que j'étais plus forte que lui. Chaque battement de mon cœur résonne dans le silence. Se sentir piéger entre ses bras n'est pas nouveau.  Je me sens piégée, prise au piège dans un jeu dont les règles m'échappent.

Il y a tellement de chose que je ne sais pas, pourquoi est-ce que mes parents semblaient connaître Adam, pourquoi ne pas envoyer la police, même s'il me semblait impossible que la polie ait le pouvoir de faire quoi que ce soit contre le démon qui m'avait enlevé, pourquoi ne pas essayer....Plus le temps passait et plus j'avais l'impression que mes parents étaient dans le coup. 

Ces derniers jours, il s'est mis à baisser sa garde de plus en plus fréquemment, d'une manière tellement provocante, qu'il semblait m'appeler à le frapper de toutes mes forces, à tenter quelque chose. Chaque geste, chaque regard, paraissait une invitation à l'affrontement, une provocation délibérée pour tester mes limites. Je sentais une bouffée de colère monter en moi à chaque fois qu'il arborait ce sourire narquois, comme s'il savait qu'il pouvait me pousser à bout. 

Et puis, je savais bien ce qu'il se passait. J'étais un cliché, je commençais à m'éprendre de mon kidnappeur. Bordel de merde. Est-ce qu'il avait tout prévu depuis le début ? 

Il était irrésistible, et il le savait. Que ce soit ses tatouages, ses mains couvertes de veines, ses biceps, son regard sombre ou sa langue qui pouvait me faire jouir à n'importe quelle minute. Il était tout simplement irrésistible. 

Je ne suis pas naïve, et même si mon plan originel nécessitait qu'il baisse sa garde, parce que monsieur avait des réflexes légendaires, et qu'il semblait capable de se déplacer à une vitesse à peine perceptible à l'œil nu, j'étais obligée de jouer à son jeu jusqu'à ce qu'il me laisse une ouverture. Et jour à son jeu, c'était se perdre entre les traits de son visage, j'avais peur d'abandonner, l'envie de me laisser faire devenait de plus en plus pressante. 

Mais maintenant, j'avais l'impression de me débattre dans le creux de sa main. Je sais qu'il me le fera payer, peut-être que c'est juste l'excuse qu'il attend pour me faire du mal, plus que ce qu'il m'a déjà fait subir. 

Mais si j'abandonne ? Je ne peux pas juste abandonner et me laisser faire, si ? Je ne peux pas me contenter de ne rien faire et d'accepter ce qu'i m'a fait subir, si ? Sinon... quel genre de femme, je serais ? 

Enfin, je ne serais pas la première femme qui tomberait amoureuse d'un bad boy ténébreux aux muscles saillants et aux tatouages recouvrant sa peau. Et, après qu'il m'a parlé de toutes ses femmes qui organisaient des rituels pour supplier des démons de les prendre. Je crois que la réputation sexuelle des démons étaient plus que légendaire. Et le démon du plaisir lui-même, Asmodée, me faisait mouiller, et j'étais incapable de savoir si c'étaient ses pouvoirs ou juste mon cœur réagissant à ses talents. Enfin, je doutais sérieusement qu'un être humain puisse me faire jouir de manière...si régulière.

Il ne s'est pas étendue sur ces rituels, mais je me rendais compte que beaucoup de femmes auraient tuer pour être à ma place, littéralement avant de dessiner un pentagramme sur le sol avec le sang de leurs victimes et d'allumer des cierges.

Je secoue la tête pour me concentrer avant de franchir le seuil de la petite pharmacie. Mes yeux scrutent les étagères, à la recherche du produit tant espéré, mais en vain. L'angoisse monte en moi alors que je me sens démunie, comme une naufragée perdue en pleine mer. La file d'attente progresse lentement, chaque seconde semble une éternité dans cette attente oppressante. Puis, une vieille dame se tient devant moi, coiffée d'un chapeau rose orné de fleurs multicolores. Sa robe assortie semble refléter sa personnalité flamboyante, un rayon de soleil dans ce décor terne. Observant sa silhouette frêle, je me demande si le rose est sa couleur préférée, si elle voit dans cette teinte vive un reflet de sa propre vitalité.

Je me retourne pour jeter un coup d'œil à la voiture d'Adam garée devant la pharmacie. Une cigarette est serrée entre ses lèvres, laissant échapper de fines volutes de fumée blanche. Adam est rarement un fumeur, mais de temps en temps, il cède à la tentation, s'accordant une cigarette par semaine, environ.

La scène est presque surréaliste, la silhouette familière d'Adam adossée à sa voiture, son visage éclairé par l'embrasement fugace de l'allumette. La fumée flotte autour de lui, un halo éphémère dans l'air calme du soir.

- Bonjour, je dis en saluant la jeune femme se tenant derrière le comptoir de la pharmacie dans une blouse blanche.

- Bonjour, elle répond en souriant, je peux vous aider ?

- Oui, je rétorque, je suis à la recherche de Benadryl, je fais une allergie aux pollens depuis quelques jours, aujourd'hui, ça va, mais je dois retourner travailler la semaine prochaine, et j'aimerais au moins avoir quelques chose pour lutter contre cette maudite allergie.

Elle hoche la tête avant de tourner la tête vers une étagère à sa gauche.

- Oui, je comprends, elle reprends, je suis moi-même plutôt allergique, les boîtes sont là, mais vous devriez faire attention avec la dose, ça endort assez rapidement.

C'est le but.

************

La voiture avance silencieusement, je ne le regarde, mon plan est presque près.

Quand j'ai eu 12 ans, j'ai fait une violente allergie au pollen. J'avais toujours été allergique, mais cette fois-ci, on aurait vraiment dit que j'étais aux portes de la mort. Mes poumons semblaient se contracter sous l'assaut invisible des particules allergènes, chaque souffle devenant un combat pour l'air. Ma mère était partie en voyage d'affaires, laissant mon père responsable de ma santé. Dans sa panique, il m'a donné un médicament, et je me suis endormie. J'ai dormi et dormis pendant une dizaine d'heures, enveloppée dans un sommeil profond. 

Je ne veux pas dire que les mères ont tendance à mieux s'occuper des enfants que les pères, et mon père avait d'autres qualités, mais s'occuper d'enfants malades n'en faisait pas partie du tout. Il était plus à l'aise à résoudre des problèmes de bricolage ou à partager des histoires drôles plutôt que de faire face à une crise de santé. Lorsqu'il est administré en grande quantité, la diphenhydramine, un antihistaminique généralement utilisé pour traiter les allergies, peut avoir des effets sédatifs puissants et causer une somnolence profonde de plusieurs heures. C'était peut-être la seule solution qu'il avait sous la main pour calmer mes symptômes allergiques aigus, mais dans sa précipitation et son inquiétude, il n'a pas envisagé les conséquences de cette action sur ma durée de sommeil.

J'avais acheté plusieurs paquets que je comptais verser dans une boisson quelconque que je lui aurais survis, pour le forcer à s'endormir profondément pendant une longue période. Et puis, je m'assurerai qu'il ne revienne plus jamais. 

Blasphemous (DARK ROMANCE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant