Chapitre 29 : Née dans le Sang

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Je me souviens de l'odeur de la mort. Elle plane encore dans mon esprit, imprégnant chaque recoin de ma mémoire. Mais surtout, je me souviens de ton odeur, celle qui contrastait tant avec la première. Ton parfum évoquait les fleurs du Paradis, les papillons virevoltants et la joie de vivre. Mes sens se perdaient dans cette fragrance enivrante qui semblait presque irréelle, et chaque inspiration m'amenait un peu plus près de toi.

Tu m'offrais toujours des bouquets de fleurs, des présents remplis de couleurs et de vie. Ce geste, aujourd'hui souvent réservé aux hommes, était pour toi une manière de partager ton monde avec moi. Chaque fleur que tu choisissais était une note de ton symphonie olfactive, un rappel de la beauté et de la délicatesse que tu incarnais. En y repensant, je réalise combien ces gestes simples et sincères étaient précieux.

Je n'ai pleuré qu'une seule fois, le jour où tu es partie. Depuis ce moment, j'ai attendu ton retour, espérant en vain que le parfum des fleurs que tu aimais tant pourrait te ramener à moi. Chaque jour passé sans toi est une éternité, marquée par l'absence de cette fragrance qui me rappelait à quel point la vie pouvait être belle en ta présence.

"Nous sommes les premiers à fouler la terre de nos pieds", tu murmurais doucement dans mon oreille. 

J'ouvre doucement les yeux, mon regard parcourt le ciel étoilé. La nuit est toujours aussi sombre. J'ai besoin d'une putain de cigarette. 

J'entends les pas de Lucy dans la cuisine, j'entends son cœur battre violemment. Elle est en colère, je peux le sentir aussi. Je ne m'étais jamais dit qu'aimer un monstre la rendrait aussi triste, elle est passé en mode auto-flagellation. 

Je me demande si elle considère que les actes que je commette sont de sa responsabilité ? Est-ce que c'est comme ça que se sentent les gens amoureux ? Est-ce que moi, je me sentirais mal si elle se mettait à tuer ? 

Non...

Ça m'exciterait encore plus. Je me demande si ça arrivera un jour. 

J'entends son cœur s'approcher. Elle ouvre doucement la porte et se glisse silencieusement derrière moi comme une petite souris fuyant un chat affamée. 

- Adam, elle murmure d'une manière profondément sexy, j'ai une question...

Je me tourne vers elle et observe son visage à moitié caché par l'ombre de la nuit. Elle avance doucement pour me rejoindre sur le balcon. 

- Qu'est-ce que je gagne si je réponds à ta question, je demande avec un sourire faussement innocent. 

- Je ne sais pas, je murmure, mon éternelle gratitude ? Et puis, tu as déjà assez profité de mon corps aujourd'hui non. ? 

Je continue de sourire en m'approchant d'elle. 

- Tu sais bien que je suis jamais rassasié, et puis je te fais toujours profité de mes talents alors...

- Tu ne vas pas me répondre, elle me coupe en soufflant d'agacement, si tu ne veux pas, dis le juste, ça m'évitera de perdre mon temps à parler avec toi. 

Merde, j'ai mis ma petite tigresse en colère. 

- Ok ok, je lui réponds en levant les mains en l'air, vas-y.

Sa peau d'ébène illuminée par la lune, les traits de son visage, ses cheveux noirs, et sa petite tenue qui ne coure pas grand-chose. Elle me met l'eau à la bouche. 

- Mes parents...quand je suis rentré chez moi. Ils n'étaient plus là. Et mon frère ? Ou est-ce qu'ils sont...Et qui a déplacé tous nos biens...

Son regard semble me supplier de lui révéler la vérité. Et peut-être que c'est le minimum que je lui dois après tout ce que je lui fais. Quand je pense que mon plan initial était de lui couper les bras et les jambes et la garder dans la cave pour satisfaire mes besoins. 

En entendant ces mots, son teint pâlit soudainement. Elle ouvre la bouche, cherchant à parler, mais la détresse semble la submerger. On dirait qu'elle est sur le point de vomir, son corps réagissant instinctivement à l'horreur de la révélation. La fragilité de son état se manifeste à travers chaque geste tremblant.

Malgré l'angoisse qui la ronge, elle parvient à se contenir. Elle inspire profondément, essayant de retrouver son calme. Ses yeux, emplis de larmes non versées, cherchent un point de repère dans la pièce, comme pour ancrer ses pensées dans une réalité devenue incertaine.

Mais après une minute de silence, sa tentative de se contenir échoue lamentablement et elle s'effondre en larme. 

- Tu vas vraiment chialer maintenant. De toute façon, s'ils ne t'ont jamais dit que je viendrais te chercher, ils devaient vraiment être des parents de merdes, bon débarras. 

Elle me regarde avec une colère que je n'avais jamais vue, une rage si intense qu'elle semblait sur le point d'exploser. Malgré tout ce que je lui avais fait endurer, jamais je n'avais perçu une telle fureur dans ses yeux. Puis, soudainement, elle lève son poing, prête à me frapper. Je reste immobile, persuadé que son coup lui ferait plus mal à elle qu'à moi.

Son poing s'écrase contre moi avec une force insoupçonnée, et l'impact est bien plus violent que ce que j'avais anticipé. Toute mon corps est soulevé par la puissance de son coup, me projetant presque hors de mes pensées. 

Mon corps s'écrase contre le mur du balcon, faisant trembler la structure. La violence du coup me laisse étourdi, et en relevant la tête, je réalise qu'elle m'a pété une dent. Je la crache sur le sol, un éclat blanc contre le béton gris, avant d'essuyer le sang qui couvre mes lèvres. 

Alors que je me redresse, une pensée me traverse l'esprit : on dirait que ça commence finalement.

 











Blasphemous (DARK ROMANCE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant