Chapitre 17 : Le Bal des Coeurs (2/2)

709 25 9
                                    


Je n'ai jamais cru en la bonté humaine. Nous, les humains, on est mauvais, on n'a aucune leçon à donner à qui que ce soit, au vu de nos actions passées, de notre histoire, jugez un démon serait le comble de l'hypocrisie. Notre fond est mauvais comme ceux des démons, c'est ce qu'Adam voulait me dire.

Il revient s'asseoir, visiblement agacé et souffle nerveusement. 

- Qu'est-ce qui se passe, j'ose demander. 

Il fait craquer sa nuque et s'enfonce dans son fauteuil, visiblement inconfortable. Ses pupilles noires fixent l'estrade alors que je peux sentir ses muscles se contracter sous sa chemise et sa veste. 

- Je ne sais pas si je peux et doit te le dire, il grogne agacé, mais cela ne fait qu'attiser ma curiosité. 

- Tu n'es pas aussi honnête que tu prétends l'être, tu es bien similaire aux hommes que je connais. 

Je sais que c'est le point qui fait mal. Il roule des yeux et s'avance vers moi. 

- J'ai parlé avec l'hôte, il s'inquiétait de ta condition, et de ta réaction de tout à l'heure quand il parlait de l'enfant mise en vente. Je voulais trouver une excuse, mais il a commencé à insinuer que tu étais mon esclave, et qu'il ne comprenait pas pourquoi j'avais "pris une noire". 

Je blêmis. 

- Je vais te passer le reste de ses commentaires, mais en gros, il pense que ta condition est similaire à celle de ses enfants, que tu es une esclave, et que je suis ton maître blanc. 

- Et ce n'est pas ce que c'est, je rétorque froidement. 

Il me dévisage, il ne s'attendait visiblement pas à cette réponse. 

- Ce que l'on fait, ce qui se passe entre nous, ça n'a rien avoir avec le fait que tu sois une femme noire, et que je sois un homme blanc, tu le sais bien non ? 

- Ah bon, je réplique, tu es sûr de ça, parce que quand tu m'attaches à un lit et me fouette avec une ceinture, ça me renvoie directement à ma condition de n*gresse, je suis sûr que c'est comme ça que mes ancêtres doivent le voir depuis leurs tombes en tout cas. 

Ma réponse le fait rire, et je sens mon cœur se serrer, je ne sais pas ce qui le fait rire dans ma phrase ais cela m'agace profondément. 

- Il y a tellement de choses que tu ne sais pas, il finit par souffler, mais le temps viendra ou je serais obligé de te dire la vérité, mais ce n'est pas aujourd'hui. 

**************

Les enchères continuent de monter. Les personnes présentes hurlaient leurs prix, dans un vacarme assourdissant qui emplissait la pièce. Pourtant, au milieu de ce tumulte, je me sentais seul, isolé dans ma propre tourmente émotionnelle.

Le cœur en miettes, je baissai les yeux vers mes pieds, cherchant désespérément un réconfort qui semblait hors de portée. Je ne savais pas vraiment à quoi je m'attendais en venant ici, mais ce que je voyais me déchirait l'âme.

Finalement, je levai les yeux, cherchant le regard de l'enfant dont le destin était en jeu. Mais lorsque nos regards se croisèrent, je fus frappé par le vide abyssal qui semblait l'habiter. Ses yeux, autrefois remplis de vie et d'espoir, étaient maintenant dépourvus de toute émotion, comme deux fenêtres ouvertes sur un néant sans fin. Même si le monde entier s'effondrait autour d'elle, elle resterait là, immobile, figée, attendant de s'effondrer avec lui.  

Les prix ont dépassé le million depuis longtemps, je ne peux plus supporter ça. Le silence se brisa brusquement lorsque Adam se leva, hurlant le prix exorbitant d'un milliard. 

Blasphemous (DARK ROMANCE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant