Épisode 1.3 : Les Conséquences du Bonheur

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Jonathan Youngblood

Jonathan se réveilla, souriant. À ses côtés se trouvait Celia. Il ne savait pas pourquoi, ni comment, mais depuis le banquet, la chance lui souriait constamment. Celia aussi se trouvait enfin chanceuse, disant sur le ton de la blague que c'était parce que leur poisse combinée l'avait annulée, et même transformée en quelque chose de plus positif. Ensemble, ils étaient parvenus à déjouer les plans de la malchance, au point que le lit qu'ils partageaient n'avait même pas pris feu ces derniers soirs. Et certes, Jonathan savait qu'une tonne de travail l'attendait dans les jours à venir, avec tous les raions à enregistrer, mais il sentait qu'il serait capable de tout faire une fois la période de célébrations terminée, surtout avec Celia, qui lui avait proposée son aide la veille.

Pendant trois minutes, le hundini observa la raion en train de dormir en souriant niaisement. Elle semblait tellement radieuse. Et charmante. Certes, personne ne dirait qu'elle serait la plus belle femme de toute l'île, mais personne ne dirait que Jonathan était particulièrement beau non plus. Mais il s'en fichait, car ses défauts, en plus de la rendre plus mignonne, n'étaient rien lorsqu'ils étaient comparés à sa vivacité d'esprit et sa capacité à faire rire les gens.

Soudain, Celia ouvrit un œil. Elle ne montrait aucun signe de fatigue, comme si elle avait fait semblant de dormir. Elle se mit à sourire en voyant le visage du maire de Hundorf. « Tu as l'air tellement niais comme ça !

— Pfuh ! Je pourrais dire la même chose de toi, vu comment tu souris de la même manière. »

Celia se mit à rire. « Comment tu m'observes dans mon sommeil, quand même.

— Comme si tu n'avais pas fait la même chose avant que je me réveille. »

La raion leva un sourcil, surprise. « C-comment tu as su ? »

Le sourire de Jonathan se fit malicieux. « Je ne le savais pas, mais tu viens de totalement te trahir là ! »

Celia se leva subitement, outrée. « Oh le monstre !

— Gneh heh heh ! Niaise toi-même ! »

Les yeux de Celia se plissèrent. « Tu vas voir qui c'est, le niais, non mais ! »

La raion sauta sur le hundini et le chatouilla.

***

Judith Fletcher

Judith déposa la dernière boîte d'affaires personnelles dans la dernière maison de Kutzest. « Qu'est-ce qui nous a pris de déménager toute la ville... »

Son frère haussa les épaules. « J'imagine que tu voulais éviter que les raions ne pillent des choses qui auraient pu leur être utile ?

— Oui, non. Je sais. C'était pas vraiment une question à proprement parler, tu sais.

— Oh, bah désolé. Je croyais que tu te posais légitimement la question, hein. »

La kutz soupira. « Thomas, tu sais que je sais ce que je fais. Juste que déménager deux fois toute la ville en un mois, c'est pas particulièrement fun, surtout quand tu n'es pas dans le coin. » Elle sentit l'objection de son frère venir. « Et oui, je sais que tu étais occupé à jouer les héros, ne t'inquiètes pas. Je crois que je l'ai suffisamment entendu ces trois derniers jours pour le savoir. »

Thomas sentait sa patience venir à bout. « Je ne jouais pas les héros, je te signale... Du moins, pas volontairement...

— Pourquoi est-ce que tu t'énerves ? Je ne t'ai pas attaqué ! Relax.

— Ouais, non. Tu ne m'attaques pas depuis tout à l'heure, avec toutes tes petites piques et tout. »

Ryû entra dans la maison. « Woh woh woh. J'ai senti de mauvaises ondes ici et on va se calmer tout de suite, okay ? Évitons que la situation n'explose et...

— Ryû ? »

Le hundini se sentit moyennement rassuré. « Euh, oui ?

— Tu peux rester en dehors de tout ça et en dehors de cette maison, s'il te plaît ? C'est simplement un moyen pour nous deux de lâcher du lest.

— Exactement. » hissa Judith. « On a énormément d'émotions à évacuer, donc je prierais bien votre future altesse de rester en dehors de tout ça. Merci. »

Le hundini fit rouler son œil. « Ok, ok. Faites comme si je n'étais pas entré... » Puis il sortit de la maison.

« Merci. » dit Thomas. « Bon, où en étions-nous ?

— La partie où tu était un idiot de héros dont la présence aurait été plus qu'appréciée à un moment où toute ton île était sur le point de s'écrouler.

— Ah oui. Ça. Bah écoute, tu connais les raisons du fait que je n'étais pas là. Et sache que j'aurais tout aussi bien apprécié ton aide quand j'ai dû défendre la résidence Sasaki des soldats impériaux !

— Parce que maintenant je te suis indispensable ?

— Mais tu l'as toujours été ! » cria Thomas. « Sérieux, tu penses que ça me fait plaisir de vous abandonner régulièrement ? Non ! Si je le pouvais, je ferais tout pour que tu puisses m'accompagner sur les mers, puisque je sais que tu le désires aussi.

— Donc tu serais prêt à abandonner l'équipage ?

— Hein ? Ouais, non, faut pas non plus pousser. Le métier de maire n'est vraiment pas fait pour moi et tu me verrais déprimer si jamais je ne pouvais pas partir au moins quelques fois par an.

— Tu... Ne serais pas en train de te contredire, là ?

— Je... » Thomas tenta de réfléchir à ce qu'il venait de dire. « Probablement. Je sais pas. Mais bon, dans tous les cas, ne t'inquiètes pas que ça me travaille, cette histoire de guerre qui aurait pu se passer pendant que je n'étais pas là. Ça me bouffe depuis deux jours et je ne sais plus quoi en penser, puisqu'il faut que je parte pour le bien de l'île et ses relations avec l'extérieur, mais à quoi bon ça sert si jamais elle se fait attaquer en mon absence ? »

Il y eut un long silence. Judith ne savait pas quoi dire. « Je... Vois...

— Je... Vais prendre l'air. J'ai besoin de réfléchir. Surtout qu'en plus, je dois repartir dans quelques jours pour raccompagner, Jun, Mamoru et Ryû à Johsei... Enfin bref... On se reverra tout à l'heure. »

Thomas quitta la maison, laissant Judith seule, perdue dans ses pensées.

Les Chroniques de Loutre-Monde - Tome 4 - SAUVETAGEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant