Les Chroniques de Loutre-Monde - Tome 4 - SAUVETAGE

Épisode 7.3 : Règlement de Comptes

 « Bon... Je pense qu'il est temps que l'on aie une petite explication tous les deux, non ? »

L'ambiance joyeuse dans la pièce s'évapora quelque peu alors que Dante avait posé sa main sur l'épaule de Desmond.

« Je vais peut-être vous laisser. » suggéra Gurev, qui claqua des doigts, invoquant un portail en pierre avant de sortir de la pièce.

Un petit silence s'installa. « Bon... Donc au final t'étais juste un gosse qui jouait aux adultes. » dit Dante.

Desmond fixa le sol. « Je... Suis vraiment désolé, enfin... Les mots ne sauraient m'aider à exprimer tout le regret que je ressens pour ce que je t'ai fait subir. »

Dante leva la main. « Laisse tomber. Tu n'as fait que faire ressortir en moi des sentiments que j'avais déjà bien avant que tu n'arrives chez nous. Ça ne veut pas dire que je te tiens pas en partie pour responsable de ce qui est arrivé à ma famille et sache que je t'en voudrai toujours pour ce qui est arrivé à mon père. »

Desmond leva la tête et vit le regret dans le regard de l'ancien roi. Il tenta d'ouvrir la bouche, uniquement pour voir le doigt levé de Dante.

« Je n'ai pas fini. Je sais que ça aussi tu le regrettes. Ce que je veux dire, c'est que malgré ça et même si concrètement tu es en partie responsable de l'invasion, ne l'oublions pas, je suis malgré tout heureux que tu aies pu m'arrêter avant que je ne fasse une très grosse connerie. »

Desmond ne sut quoi dire. « Je...

— Il n'y a rien à dire. Si tu ne m'avais pas arrêté, qui sait combien de gens j'aurais pu faire tuer ! Combien de pays auraient souffert des répercussions de nos actions ? De ce que j'ai cru comprendre, Giuseppe est le nouveau roi, Felicita ne souffre plus de ma présence et ils ont même mis en place des petits portails qui lient les deux pays ! On a réussi à faire cracher de la magie à Edgar ! Je ne sais pas si tu te rends compte, mais ça, c'est déjà énorme et peut-être un premier pas vers une unification du monde !

— C'est... Très optimiste.

— Oui bah écoute, j'essaye de trouver des trucs sympas à dire plutôt que de simplement te coller une droite.

— Ah...

— Et puis bon, de toute façon, vu comment ça se profile, on pourra rentrer chez nous tôt ou tard et vraiment y mourir, donc c'est pas comme si tout était perdu.

— Oui, c'est sûr... Mais pourquoi mourir ?

— Tu veux vraiment passer une éternité ici, sans possibilité de revoir ta famille en dehors d'un éventuel accident de leur part ? »

Des images des parents de Desmond lui revinrent en tête. Des souvenirs enfin liés à des moments heureux. Il soupira. « C'est vrai que ça serait bien.

— On est bien d'accord. Et si jamais Ulna... Erm... Le grand bleu le veut, peut-être que l'on pourra garder le contact ?

— Je ne dirais pas non. Tu crois que l'on va rester à nouveau seuls après ça et pendant dix ans ? »

Dante ferma les yeux. « Urgh, j'espère pas... Tu crois pas que Gurev sait un truc là-dessus ?

— Je vais lui demander quand il repassera.

— On est toujours là, hein. » dit un des gardiens de la cellule de Desmond.

« Vous nous espionnez !? »

« Non, on s'assure juste que vous ne voudriez pas fomenter de plan d'évasion. Mais sinon oui, on sera toujours là pour venir vous voir si jamais vous vous sentez seuls et avez besoin de compagnie ! Je sais que les cellules de rédemption, ça peut être un peu casse-bonbecs par moments, mais vu que vous avez trois heures de compagnie max par jour, on trouvera bien un moment où quelqu'un pour vous occuper ! Vous avez fait forte impression tout à l'heure ! »

Dante sourit. « C'est bien gentil à vous !

— Mais il n'y a pas de quoi ! Allez, je vous laisse à vos petites affaires. »

L'atmosphère dans la pièce sembla plus fraîche après que la voix eut disparu. Desmond fixa Dante. « Bon bah au moins ça, c'est dit. »

***

Une demi-heure après que Dante soit parti, Gurev réapparût, seul.

« Nina attend mon feu vert pour venir. Si ça peut te rassurer, je lui ai fait promettre de ne pas t'attaquer et j'interviendrai personnellement pour l'arrêter s'il s'agissait d'une fausse promesse. »

Desmond hocha la tête. « Merci.

— De rien. Tu es prêt ? »

Le garçon plissa les yeux. « Faut bien, non ?

— C'est sûr. »

Le dieu se dirigea vers le portail et tendit le bras. Quelques secondes plus tard, Nina entra dans la pièce. L'ennui pouvait clairement se voir sur son visage tandis que son corps témoignait de son envie de sauter à la gorge du garçon.

Un long silence alourdit l'atmosphère. Pendant une vingtaine de secondes personne ne dit rien. Desmond voulait dire quelque chose, mais ne sut par quoi commencer.

« Ne dis rien. » dit Nina froidement.

Desmond déglutit. Le regard de la jeune femme était témoin d'une colère froide et inépuisable. Elle claqua des doigts pour invoquer une chaise et s'assit en croisant les jambes, soutenant le garçon du regard. Gurev, lui, observait nerveusement ses deux Successeurs.

« Bon...

— Tchut. Vous aussi vous la fermez. »

Gurev déglutit à son tour.

Les deux hommes étaient terrifiés par l'aura menaçante de Nina.

Le silence reprit sa place et s'installa pendant une bonne minute et demie. Desmond ne pouvait détourner le regard de celui de Nina. La satisfaction de pouvoir faire mentalement souffrir son ancien bourreau pouvait se voir clairement dans son sourire en coin.

Le silence commençait à peser sur Gurev. Ses sourcils se mettaient à trembler d'eux-mêmes.

Puis Nina se leva. « Roh et puis merde. Je n'ai plus envie. » Elle se redirigea vers le portail.

« Att... »

Elle se tourna brutalement pour lancer un regard assassin. « Je ne veux pas de tes excuses, peu importe que tu les penses sincèrement ou non. Je veux juste que tu vives en sachant que jamais tu n'obtiendras mon pardon et j'espère sincèrement que le poids de tes péchés te hantera jusqu'à la fin de tes jours. Jamais tu n'oublieras ce que tu nous as fait subir et jamais tu n'auras ma paix, ni celle de Kain. Jamais ! »

Sans plus attendre, Nina passa à travers le portail et disparut.

Desmond sentit les larmes monter, tandis que Gurev se précipita sur le garçon pour tenter de le consoler.