Épisode 1.4 : Amertume

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Fredrick Croone

Fredrick contempla l'île depuis le sommet du volcan. Tout était bien qui finissait bien et les parents de Leo arrivaient aujourd'hui, mais il ne se sentait pas à cœur d'aller à leur rencontre. Certes, il savait qu'il s'entendrait bien avec eux, mais il n'était clairement pas d'humeur.

Ce crétin de Desmond occupait toujours ses pensées. Il y avait tellement d'autres possibilités pour partir, mais non, il avait décidé d'utiliser la plus extrême ! Les chances de le revoir un jour étaient désormais nulles et ça, c'était probablement ce qu'il y avait de pire.

Si seulement Desmond était venu le voir plus régulièrement pendant qu'il attendait son heure dans les donjons de Neo Raïto. Avec quelques bonnes conversations, tout aurait pu aller bien mieux. Alors oui, c'était quand même une bonne chose que l'enfant ait lu les pensées de Fredrick pour qu'il ouvre les yeux, mais même. Que ça l'ait poussé à un suicide aussi définitif...

Fredrick ne savait plus quoi en penser. Il se sentait responsable de ce qu'il s'était passé et pas même les sourires de Leo ou d'Edgar ne parvenaient à le réconforter. La paix était certes revenue et semblait là pour durer, mais le prix à payer...

Fredrick contempla l'île depuis le sommet du volcan, le regard vide.

***

Edgar Bright

Edgar jeta un coup d'œil en direction du sommet du volcan. L'espace d'un instant, la peine pouvait se lire sur son visage, mais personne n'eut l'occasion de le voir, car tout le monde était concentré sur le stade et la taverne. Il savait que Fredrick traversait une mauvaise passe, et sitôt Elsa et Hugh repartis, il en profiterait pour aller le voir. Il n'y avait qu'entre ce soir et demain matin qu'il pourrait essayer de le confronter là-dessus, car les trois prochains jours seraient consacrés à voler jusqu'à Neo Raïto en compagnie d'Ezio et sûrement Gregory ou Judith.

« Au fait, Edgar, vous n'auriez pas vu Fredrick ? » demanda Leo, curieux.

Le dieu sursauta. « Hein ? Oh, erm, j'imagine qu'il est en train de peaufiner les derniers détails à Raïto, en attendant que l'on parte.

— Oh, je vois. Dommage qu'il ne soit pas là. Je suis sûr que Maman aurait adoré le rencontrer. »

Edgar sourit brièvement. « J'en suis certain aussi. Mais évitons quand même de trop surcharger tes parents en informations, hein. Là, j'ai limite l'impression que leur tête va exploser d'une seconde à l'autre, vu le torrent de nouveautés qu'ils sont en train de connaître, alors t'imagines si on rajoutait un dragon à l'équation ? »

Leo se retourna pour regarder sa mère, qui continuait de prendre des photos de tout et tout le monde, n'hésitant pas à tenter des selfies improvisés avec certains habitants. « Pas faux.

— Continuons la visite, d'accord ?

— Yeup ! »

Leo se mit à courir à nouveau vers ses parents, tandis qu'Edgar lança un nouveau regard en direction du sommet du volcan.

***

Thomas Fletcher

Thomas contempla le plafond de sa chambre depuis son lit. Il avait su que la confrontation avec sa sœur allait être terrible, mais déballer son sac comme ça, potentiellement en présence d'oreilles indiscrètes, ça le tuait. Certes, il savait mieux que quiconque qu'intérioriser tout ça aurait été mauvais pour lui et il aurait pu tout laisser s'échapper dans une des tavernes et potentiellement égratigner son image, mais il avait perdu le contrôle. Cette guerre... Comment n'avait-il pas pu la voir arriver ? Il avait eu l'occasion de prendre un cours de rattrapage auprès de certains soldats raions le lendemain de la fête et ça n'avait pas été beau à entendre : le bon roi assassiné par son fils, puis le fils s'emparant du trône et levant une armée en à peine quelques mois avant de partir en mer... Lui qui pensait tout savoir, cette information lui était complètement passée sous le nez.

Rah, fait chier... Et c'est sans compter sur le Gygax, qui s'avérait être quelqu'un de sympathique et la cité d'Attilaxia qui en fait n'avait pas disparu... Et les ruines de Raïto qui étaient désormais accessibles à tous. Tout ça en à peine un mois et tout ça pile pendant qu'il était absent. D'habitude, quand il partait, il partait plus longtemps. Et quand il revenait, peu ou prou avait changé. Mais là, c'était comme si cinq ans s'étaient écoulés en quelques dizaines de jours ! Comment...

Quelqu'un frappa à la porte. « Gnentrez... » marmonna Thomas.

Sa mère ouvrit la porte. Malgré son âge, Linda Fletcher donnait toujours l'impression aux habitants de l'île qu'elle avait le même âge que ses enfants, au point que certains blaguaient en disant que les Fletcher avaient mis la main sur une potion ou un artefact octroyant la jeunesse éternelle et ne voulaient pas le partager. La kutz aux poils blonds et aux rares cheveux blancs semblait quelque peu attristée.

« Mon trésor... Ta sœur m'a tout raconté. »

Thomas leva la tête et soupira. « Bizarrement, ça ne m'étonne pas. »

Linda marcha vers le lit de son fils et s'assit sur le bord. « Tu sais bien qu'intérioriser ne t'apportera que du mauvais...

— Je sais, Maman, mais...

— Mais il faut en parler ! Après, je me doutais déjà que quelque chose n'allait pas en te voyant arriver hier et je savais que c'était lié à ces dernières semaines. Mais bon, regarde-nous. On va bien ! »

Thomas vit le sourire réconfortant de sa mère. Il ne put s'empêcher de grimacer. « Encore heureux... Mais si j'avais su...

— Tu aurais vraiment abandonné Monsieur Sasaki pour venir nous sauver ? »

Le kutz fit la moue. « Non, bien évidemment que non... Je me serais juste magné et aurait accouru en quatrième vitesse ici. »

Linda leva un sourcil avant de faire rouler ses yeux. « Mais oui, tu l'aurais fait... Tu sais que je sais que tu tiens plus que tout à cette île, mais n'abandonne pas tes rêves juste pour monter la garde ici. En plus, nous sommes enfin en paix et m'est avis que ça va rester comme ça pour au moins quelques siècles. Et au pire, si jamais il se passait quelque chose pendant que tu ne serais pas là, on peut se débrouiller et se défendre seuls, hein.

— Ow ?

— Roh, mais non, je ne l'entendais pas comme ça. Enfin... Tu vois où je veux en venir, Tom. »

Le kutz donna l'air d'être ennuyé. « Moui moui... »

Linda posa sa main sur le pied de son fils et le remua un peu. « Dans tous les cas, ne laisse pas ton équipage aller à Johsei seul. Tu dois encore représenter notre île auprès du nouvel empereur, de ce que j'ai cru comprendre, non ?

— Oui, mais...

— Je sais. Tu as envie de passer un peu de temps avec ta sœur et c'est bien pour ça que j'ai décidé de reprendre du service quelque temps. »

Thomas se leva d'un bond. « Mais... Mais !

— Attention Thomas ! Si tu insinues que je suis trop vieille et que j'ai besoin de me reposer, tu vas t'en prendre une. » dit Linda sur le ton de la plaisanterie. Le kutz la regarda d'un air inquiet. Elle se mit à rire. « Je dois avouer que c'est plutôt injuste qu'elle ne puisse pas partir à l'aventure alors qu'elle le désire tout autant que toi. Ne penses-tu pas qu'elle le mérite aussi ?

— Je n'ai pas dit le contraire.

— Donc c'est acté ! Judith t'accompagnera à Johsei, comme ça vous pourrez tous les deux représenter notre île et protéger au mieux nos invités. »

Thomas haussa les épaules. « J'imagine que je ne peux objecter, donc si ça ne te dérange vraiment pas, on peut faire comme ça... Du moment qu'elle me promet qu'elle n'organise pas de mutinerie pour prendre ma place à la tête du Septentrion.

— Ça, c'est à toi de voir avec ta sœur. » Linda sourit.

Les Chroniques de Loutre-Monde - Tome 4 - SAUVETAGEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant