La Dernière Pensée (Fiction Marvel/Avengers)

Chapitre XXVII : Le regard

Et, alors que je le dévisageais longuement et froidement, la seule question qui me vint à l'esprit fut la suivante : est-ce que Fury m'aurait obligée ?

Ma première hypothèse fut bien sûr : non. Cacher une personne surhumaine à tous les agents et même à la propriétaire de ces dons, pour ensuite la forcer à s'inscrire sur une liste qui pouvait tomber entre les mains de n'importe qui ? Je n'y croyais pas un mot, je n'arrivais pas une minute à m'imaginer cela. Fury ne m'aurait jamais fait ça, pourtant il avait choisi le directeur Coulson pour prendre sa relève, alors pour pourquoi ce dernier me forçait la main ?

-J'avais du respect pour le directeur Fury. J'avais confiance en lui. Mais pas en vous.

Ces mots sortirent de ma bouche sans que je m'en fusse rendue compte. Il m'était arrivée de crier sur Fury, sur le coup de la colère, mais jamais je n'avais perdu confiance en l'un de mes supérieurs, et encore moins au grand patron. Cependant, cette fois-ci, je devais me résoudre à l'idée de partir enfin du Shield. Je ne pouvais pas continuer en sachant que j'étais la bête de foire... Une bête répertoriée sur une liste et que l'on pourrait utiliser, disséquer...

Cette idée était en total désaccord avec ce que je voulais être : quelqu'un de normal. C'était désormais une idée bien utopique, mais il n'était en aucun cas question que l'on me traite différemment au boulot, que l'on m'attribue un numéro, que l'on épie mes moindres faits et gestes, que l'on me regarde de travers.

En prononçant ses mots, j'avais fait le choix, bien malgré moi, de quitter le Shield. Le directeur Coulson était resté sans voix. Quant à Steve, il avait prononcé plusieurs fois mon nom, mais c'était peine perdue : j'étais déjà debout prête à récupérer le peu d'affaires que j'avais dans ma cellule, à savoir une tablette et quelques vêtements. Les affaires que j'avais amenées avec moi lors de mon petit périple avaient été perdues lorsqu'Hydra m'avait capturée. Je n'avais plus rien désormais : aucune affaire personnelle, pas de famille, plus aucune relation, plus de boulot. Tout ce qui me restait, c'étaient mon identité et mes pouvoirs. 

Arrivée dans ma cellule, j'attrapai la tablette avant de repartir et récupérer quelques gadgets dans l'armurerie. Je n'étais plus un agent, mais je comptais bien m'en sortir toute seule à l'extérieur de ces murs. J'entendais parfois des pas derrière moi, j'étais d'ailleurs surprise que personne ne m'arrête. Enfin... Plus ou moins. Steve apparut quelques secondes après mon arrivée dans la salle.

-Kate ! s'exclama-t-il un peu froidement. Tu ne peux pas partir.

-J'ai pris ma décision, répondis-je avant de rajouter plus sèchement, rien ne me retient ici.

Un silence s'installa alors, à un tel point que je me demandais si Steve n'était pas sorti. Mais en me retournant je dus bien conclure que non. Il se tenait devant moi, les traits durs et la posture droite, mais ses yeux le trahissaient.

-Rien, répéta-t-il plus froidement que la première fois.

La précipitation et la colère que je ressentais m'avaient poussé à penser et même à dire, des choses auxquelles je ne pensais pas forcément.

-Ce n'est pas ce que je voulais dire, tentai-je alors pour rectifier le tir.

-Quand bien même, tu ne resterais quand même pas.

Je me retournais, attrapant un sac par terre et le remplissant d'armes blanches et de pistolets en tous genres, avec une ribambelle de munitions. Je n'avais pas la force de lui répondre, ni même de lui dire au revoir.

-Que comptes-tu dire à Clint ? revint-il à la charge.

-Rien.

-Rien ? C'est ton mot fétiche aujourd'hui ? Tu ne vas pas lui expliquer pourquoi tu pars, ni lui dire au revoir ?