Chapitre 7

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Lorsqu'une dame sur le côté du long couloir au plafond en voûte nous salue de loin et que le visage de Jaya s'éclaire, j'en déduis que ça doit être celle accompagnée du terrien. Et en effet, un jeune homme, brun, avec des taches de rousseurs et à l'air timide se tient à côté d'elle. Nous arrivons rapidement à leur niveau, les deux femmes se saluent dans leur langage, nous dans le nôtre :

-Hi, dis-je, where are you from?

-Hi, I'm from Canada, répond-il

-Oh, do you speack French?

-Un petit peu... je m'appelle Lucas.

Même si son accent est marqué, je suis rassuré par le fait que nous allons pouvoir communiquer malgré son air très timide. Je lui explique rapidement que je m'appelle Sohan mais alors que je m'apprête à relancer la conversation, il semblerait que le temps presse car l'amie de Jaya, qui se nomme Cléo, nous explique en anglais que nous allons devoir aller dans un endroit spécial crée pour les gens comme nous. Lorsque nous demandons des précisions, elles nous répondent que nous pourrons y contrôler cette fameuse chose qui est en nous. Ce qui serait l'équivalent d'un bus sur Terre part d'ici dix minutes et nous avons encore une bonne part de trajet à faire. On s'engage donc rapidement dans un escalier monumental en pierre qui descend en spirale. Ce lieu est par où passe tous les arrivants et tous les sortants, à ce que nous a rapidement expliqué Jaya, ça serait l'équivalent chez nous d'un aéroport ou d'une gare. Au-dessus de nos têtes, des lianes composées de fleurs multicolores s'entremêlent harmonieusement. Une ligne d'eau rase chaque mur du bâtiment. Avant que je puisse me demander pourquoi, un poisson en surgit et se métamorphose instantanément en humain, suivit par trois autres camarades. Décidément, je me demande si, malgré leur ressemblance avec l'espèce humaine, ces personnes le sont réellement... A la fin de l'escalier, un long couloir débouche sur l'extérieur. Là, par contre, rien ne ressemble à la Terre. Le ciel a beau être bleu, il y a deux soleils, oui, deux soleils. L'un plus petit que l'autre mais quand même deux soleils. A en juger par le regard de Lucas, il est aussi surpris que moi. Les arbres sont aussi beaucoup plus gros que sur Terre, pour certain, à cause des branchages denses, il est impossible d'en voir le sommet. C'est surprenant, au milieu de gros bâtiments (bien qu'ils soient de forme différente que sur Terre), de trouver une nature aussi dense. Jaya emprunte un petit sentier qui mène à un abri où se trouvent déjà une bonne cinquantaine de binômes. Elle se dirige vers un guichet et en revient avec deux tickets semblables à ceux du métro. Elle nous les tend à chacun.

-Et voilà, nos routes se séparent ici, me dit-elle. Tu vas devoir aller là où tu distingues les autres groupes, ensuite, le chauffeur va te prendre ton ticket, te le triturer un petit peu et en route ! Il n'y a qu'un seul arrêt donc pas de stresse à avoir.

A côté de nous, Cléo donne les mêmes consignes à Lucas. Je l'attends et on se dirige ensuite vers l'endroit indiqué. Je suis surpris de mon comportement. Je ne pleure pas de mon éloignement avec ma famille et de mes amis mais aussi de Paris, surement à cause de mon état de choc face à cet autre monde. Une fois arrivé, j'entends une discussion entre deux espagnols. Apparemment, tous les gens ici sont terriens. Il n'y a pas que des enfants, mais l'âge des plus vieux doit s'élever à pas plus de 30 ans. Tout autour de moi, l'animation des gens locaux me passionne. L'un arrive, doté d'ailes gigantesques et se pose tranquillement dans une place à priori faite pour les gens qui volent.

Soudain, un gros bruit de klaxon retentit. Un engin s'arrête à notre niveau. Une porte s'ouvre et les passagers embarquent petit à petit. L'engin est tout noir, impossible de voir à l'intérieur. Il se déplace grâce à des morceaux de railles qui apparaissent devant et puis, une fois la totalité de l'engin passé, se remettent en première position. J'embarque lentement et tend mon billet au chauffeur. Ce dernier a de gros yeux et possèdent quatre bras. Il s'empare de mon ticket le glisse dans une machine puis une place dans le véhicule s'illumine. Il me la montre du doigt puis passe au suivant. A l'intérieur, c'est comme un bus sauf qu'il y a deux places sur le côté puis un couloir, et quatre places, un couloir, puis de nouveau deux places. Je m'installe confortablement dans une place côté couloir, à droite et regarde la personne assise à côté de moi.

C'est une jeune fille, blonde aux cheveux ondulés avec des yeux bleus. Elle est bien plus jeune que moi. Remarquant que je la regarde, elle me sourit puis me demande :

-Alors toi aussi tu es français ?

Surpris, je ne réponds pas de suite. Après réflexion, je remarque que toutes les personnes autour de moi parlent français. Quel soulagement ! Nos sièges portent les couleurs de notre drapeau. Devant l'escalier qui mène à l'étage, je remarque un drapeau des Etats-Unis, ainsi que de la Chine et de quelques pays que je ne connais pas. Tous ces dessins sont entourés et une flèche indique la direction de l'étage. Ici, à en juger par la couleur des sièges et les étoiles jaunes du sol, il s'agit de l'étage européen. Je souris et hoche la tête à la jeune fille.

-Oui, tu sais ce qu'il se passe ?

-Non, on ne m'a pas donné de détails... Tu t'appelles comment ?

-Sohan et toi ?

-Justine. Je suis bordelaise, et toi tu es parisien c'est ça ?

Avant de lui demander comment elle sait, je remarque le mot « paris » écrit sur mon poignet. En auscultant le sien, je remarque qu'il y a marqué « bordeaux ». Je me demande comment ils ont fait pour nous écrire sur le poignet sans qu'on s'en rende compte. Cette fille a l'air très observatrice et, à en juger par le peu d'expérience que j'ai de ce monde, ça lui sera bénéfique. En guise d'affirmation, je hoche la tête en souriant puis entend la fermeture des portes.

Aussitôt, une sorte de ceinture nous attache la taille. Je croise le regard surpris de Justine et de tous les autres passagers. Le chauffeur démarre ensuite sans s'occuper de nous. C'est alors qu'au-dessus de nos sièges, une trappe s'ouvre, et des tubes en sortent. Ils se mettent à souffler et des boules roses en émanent. Ces choses étranges restent longtemps en suspension dans l'air, avant de se diriger vers la personne en-dessous d'elles. Je vois trois boules se positionner devant mes yeux avant de se positionner devant mon nez et de s'ouvrir, laissant échapper comme une odeur de fraise. Soudain, une sensation de sommeil arrive. Je remarque Justine endormie à côté de moi. Pourquoi nous endormir ? Je dois résister... Je dois résister... Mince, trop tard, je me sens partir...

Le lenseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant