Chapitre 30

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L'entrée de la ville est juste devant nous. Nous devons passer par une grande porte à travers laquelle des gardes régulent le flux de personnes entrantes. Cette porte est en réalité une arche entourée de lianes et de racines, ce qui lui donne une air mystique. Une grande foule s'amasse à l'entrée pour pourvoir accéder à l'intérieur de la ville.

Les gens se bousculent et une bagarre a même éclaté il y a moins de dix minutes.
Les gardes étaient alors intervenus et avaient immobilisés les combattants et les avaient humiliés en public en les obligeant à faire des tâches ridicules. Jeanne avait soufflé et traité les membres de la Fresse de barbares.

Axel ne parle plus, je perçoit son stress à travers ses yeux. La lueur d'excitation qui les animait a laissé la place à la lueur de la peur. J'essaie de le rassurer avec des sourires et des regards encourageants mais ça n'a aucun effet car je suis en réalité dans le même état que lui. J'ai juste appris à cacher mes sentiments pour ne pas me faire remarquer ce qui est, je le pense, le seul avantage de mon passage en Fresse.

Notre tour pour passer arrive bientôt.
Jeanne est impassible et à l'air sûre d'elle. Au moins, une de nous trois sait où elle va. Elle m'a raconté un souvenir d'il y a longtemps. Avant d'être combattante, elle a été au poste de stratège qui consiste à organiser les troupes. Lors d'une mission en Fresse, les tensions s'étaient un peu atténuées et elle y était restée plus de deux ans, elle connaît donc cette ville, qui est la ville principale, par cœur.

Une femme avec des yeux étranges nous appelle et nous demande nos papiers. De la manière la plus naturelle possible, je les lui donne et elle se contente juste de les regarder, de vérifier que la photo concorde puis elle nous laisse passer. Je ne peux m'empêcher de lâcher un soupir de soulagement, ce qui fait sourire Jeanne:

-Je t'imaginais bien plus détendu !

Nous déambulons dans les rues en pierre, entourées de petites maisons de couleurs, de taille et de formes différentes et je trouve ça très charmant. Des soldats sont visibles dans les axes principaux. La population de la Fresse est différente de celle du Parmien car ici, les gens marchent (ou volent) lentement et je pourrai presque dire que je préfère cette ambiance là, si je ne savais pas ce que certains faisaient vivre à des humains sur ce même territoire.

Personne ne s'occupe de nous et Axel s'est un peu détendu. Il garde quand même ses sens éveillés, tout comme Jeanne et moi, mais son visage stressé a redonné la place au visage souriant que je connais maintenant si bien. La rue principale sur laquelle nous sommes ne cesse de grimper et mes jambes sont à deux doigts de se mettre en grève. Soudain, nous remarquons un attroupement de personnes au croisement entre deux petites rues. Jeanne nous explique de quoi il s'agit.

-C'est une spécialité ici, ils brûlent des fleurs en disant une action négative qu'ils ont effectué. Ils pensent que ça l'efface...personnellement je trouve ça stupide mais bon, chacun sa culture.

Nous hochons la tête et continuons notre route. Le sommet de la rue semble enfin visible. Une fois en haut, nous avons une vue que je n'oublierai jamais. Les petites maisons colorées suivent le chemin d'une petite rue fleurie au sol en pierre. Des grands arbres plantés sur des trottoirs permettent à des habitants de s'ombrager. Pour couronné le tout, l'océan est visible à l'horizon. Ce pays a beau être barbare, il n'en reste pas moins magnifique.

Je suis tellement absorbé par la vue que j'en oublie la mission. Axel et Jeanne sont comme moi et nous décidons de faire une pause. Un homme se déplaçant rapidement en l'air attire mon attention. Des petites gouttes d'eau s'échappent de son corps. Au moment où il survole un des grands arbres du trottoirs, ces derniers redressent d'un seul coup leurs branches et déploient des feuilles plus grandes pour abriter ce qu'il se passe en dessous. Fascinant.

Le lenseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant