A 15h, la remplaçante nous annonce que nous pouvons ranger nos affaires. Jules et Thomas sortent en courant pour aller au CDI finir un exposé, Mila aussi est pressée, une amie à elle l'attend. Jonas reste devant la porte pour m'attendre. Mme PICOT m'adresse un regard,
-Jeune homme, reste s'il te plait, je dois te parler. Attend ton copain ailleurs, dit-elle à l'attention de Jonas d'un ton sec. Puis, elle ferme la porte et s'approche de moi.
-Oui ? je demande
Sans me laisser le temps de réfléchir, elle m'enroule un foulard autour de la bouche. Soudain, six choses étranges dont la forme pourrait faire penser aux pattes d'une araignée sortent de son dos. Effrayé, je tente de m'enfuir en courant. Elle me rattrape d'un saut et me plaque contre le mur. D'un geste, elle me colle au mur grâce à une substance sortie de ses « pattes ». Elle s'approche de son sac et en fait sortir une boule de la taille d'une balle de tennis. En appuyant sur un bouton, elle la transforme en un petit cerceau. Elle me décolle du mur et fait passer le cerceau partout autour de mon corps. Une fois fini, elle me recolle contre le mur. Soudain, une copie conforme de moi-même se crée à l'endroit où le cerceau était. Je ne comprends rien de ce qu'il se passe et la peur m'empêche de réfléchir. La dame revient de nouveau vers moi et me colle à la porte. Aussitôt, elle redevient la femme accueillante qu'elle était, les pattes ont disparu. Elle ouvre la porte, ce qui fait que je ne vois plus rien. J'entends juste la voix de Jonas.
-C'est bon ? demande-t-il
-Oui, répond-elle, Sohan, viens.
-Au revoir, dit quelqu'un qui avait la même voix que moi.
-Au revoir, lance Mme Picot.
J'aimerais crier au secours, m'enfuir et tenir tête à cette dame mystérieuse. Lorsqu'elle me décolle du mur, ma copie n'est plus là. Elle me pose ensuite par terre puis se tourne vers moi.
-Donc, là, en toi, il s'est passé quelque chose mais je ne peux pas te dire quoi, ça serait à l'encontre du protocole. Par contre, ce qu'il s'est passé en toi, seul 1 % de la population mondiale l'a vécu. Mon rôle est de venir te chercher pour te mettre en sécurité. Ton clone, comme on les appelle, sait tout ce que tu sais, aime ce que tu aimes...bref, c'est ta copie conforme. Je vais devoir t'emmener avec moi, le temps que tu t'habitues à ton nouveau corps, ensuite, tout redeviendra exactement comme avant et tu retrouveras un comportement normal, même si, bien sûr, tu auras encore cette « chose » en toi. En revanche, tu pourras le contrôler.
Les paroles de cette dame sonnent comme une récitation, tout comme ce ton rassurant qui a l'air faux. Toutes les pièces s'assemblent, ce malaise, ce vomi et...les colonnes ? Il faut que je lui demande mais je ne peux pas parler, je baragouine donc quelque chose,
-Je suis désolée, c'est le protocole je ne peux pas répondre à tes questions.
Sur ces mots, elle fait ressortir les sortes de pattes de son dos et me hisse entre celles-ci. Si elle veut me mettre en sécurité, pourquoi est-ce qu'elle le fait avec si peu de délicatesse ? Même si cette dame ne m'inspire pas confiance, je n'ai pas vraiment le choix... cette sorte de colle m'empêchant tout mouvement et ce foulard m'empêchant de parler. D'un coup, me voilà sur son dos et, malgré sa petite taille, elle n'a aucun mal à me porter. Elle se dirige vers la fenêtre qui donne sur la pelouse et.... commence à grimper sur le mur de l'extérieur. Comme une araignée, la voilà en deux secondes sur le toit. La pelouse étant abandonnée, personne n'y passe et elle n'a donc aucune chance de se faire repérer, on dirait qu'elle a bien calculé son coup... Elle sort, grâce à une de ses pattes car nous pouvons désormais appeler ça de cette manière, quatre petits cailloux verts. Elle les positionne en carré et soudain... une sorte de porte apparaît devant moi. J'ai l'impression de rêver, des phénomènes surréalistes se produisent, et le choque m'a empêché de me poser la question et surtout d'avoir peur. Maintenant je stresse énormément et je commence à transpirer. Ma respiration s'accélère lorsqu'elle pose la main sur la porte.
-Ne t'inquiète pas, ça ne va pas faire mal, dit-elle en espérant me rassurer.
Elle ouvre la porte. Il n'y a rien derrière si ce n'est une sorte de voile bleuté. La dame s'engouffre, m'entrainant avec elle. Une sensation de froid m'envahit. Je ferme les yeux par réflexe. Des voix m'obligent à les réouvrir. Elles parlent un langage que je ne comprends pas. La mystérieuse dame me décroche et m'enlève le foulard. Cependant, je sens sa poigne puissante, rendant toute fuite impossible.
-Bon, maintenant, inutile de vouloir fuir. Tu n'es plus sur Terre, tu ne parles pas le langage et tu comprendras que cet endroit est très différent de celui d'où tu viens.
Cette phrase résonne dans ma tête. Je ne suis plus sur Terre ? Je hoche la tête et la suit. Autour de nous, une foule s'agite. Les personnes qui attendent ont le même profil que nous, je croise une jeune fille qui a l'air totalement perdue. Une immense arche qui semble être en bois nous accueille. Nous sommes dans un énorme hall blanc et en verre, si on appelle ça du verre ici... une question me tracasse au sujet de mon accompagnatrice.
-Au fait comment je dois t'appeler ?
-Appelle moi Jaya
Elle me répond d'un ton sec, sans me regarder. Elle semble chercher quelque chose. Soudain, son visage s'éclaire. On passe devant un panneau d'information mais impossible de lire, je ne comprends pas les symboles. En doublant tout le monde, je comprends qu'on passe dans une file de prioritaires. On arrive à un guichet tenu par un homme dont une partie du bras droit et recouvert d'écailles. Cette vue me dégoûte si bien que je ferme les yeux. Jaya se met à parler dans un langage incompréhensible. Elle présente un badge, l'homme hoche la tête et lui ouvre un petit portique. Ensuite, il me demande avec un fort accent indescriptible :
-Français ?
J'affirme d'un hochement de tête. Il me tend alors une fiche qu'il extirpe d'une grosse étagère bleue derrière lui. J'en déduis que ça doit être une fiche pour chaque langage. Je prends le stylo qu'il me donne et complète une sorte de fiche d'identité. À la question : durée sur le territoire, Jaya me dit de répondre « indéterminée ». Je marque donc cela. Une fois finie, l'homme en face de moi m'indique une machine ressemblant à une imprimante. Grâce à ses gestes, je comprends qu'il faut que je pose ma feuille sur le dessus de la machine. D'un seul coup, ma feuille se fait engloutir, la machine s'active et, du côté de l'homme, ma feuille apparaît traduite tandis qu'elle ressort de mon côté en français. Il m'ouvre le petit portique par lequel Jaya est passée avant. Cette dernière m'attend et me dit :
-Maintenant tu es sur le territoire, à ton insu, ce mec a vérifié ton identité grâce à des capteurs, cette fiche sert juste à vérifier que tu ne mens pas. Allez, suis-moi, on part par là, dans ce couloir, une autre dame et quelqu'un comme toi nous attendent.
Je hoche la tête. Je ne sais pas quelle langue parle ce jeune mais rien que l'idée de voir un terrien me rassure. C'est donc avec un petit regain d'énergie que je m'engage derrière Jaya, avec une curiosité mélangée à une forme d'appréhension.
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Le lense
ParanormalDes mutations génétiques peuvent se produire dans notre corps. Il ne suffit que d'une seule particulière et c'est tout l'organisme qui s'emballe afin d'accueillir une faculté magique extraordinaire: le lense. Apprendre à le manier est vital car un m...