Chapitre 4

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Une semaine après l'apparition furtive des colonnes vertes lumineuses, j'ai dû insister toute la matinée pour pouvoir aller voir l'état du lycée avec Jonas, le réseau est revenu mais le site du lycée n'affiche aucune information récente, à peu près comme d'habitude d'ailleurs... Il n'a eu aucun évènement suspect anormal depuis la semaine dernière donc au bout d'une demi-heure de négociation, ma mère cède. En revanche, je dois lui envoyer un message si j'ai des nouvelles et l'appeler si je dois prendre une décision.

Quand je descends, Jonas m'attends. Il me demande si tout va bien, je lui réponds que oui, tout va bien mais que j'ai été aux premières loges de l'évènement de la dernière fois. Jonas n'a rien vu, mais son père lui a tout raconté. Il est 9h, et nous n'avons aucune idée de l'état dans lequel le lycée se trouve, ni si les cours reprendront bientôt. On passe devant une Presse, ce qu'il s'est passé fait la une de tous les journaux :

      Lueur verte traversant le ciel et s'abattant dans un quartier,
Paris en proie à de la sorcellerie ?

Ou encore :

Un tube vert tombe sur un hôpital,
aucun blessé et « personne n'a rien senti »,
explique une infirmière...

Quoique tout le monde en dise, cette affaire est quand même bizarre... Je suis cependant rassuré que l'hôpital n'ait rien, mes examens pourront se dérouler sans encombre. J'allume mon téléphone et voit une vidéo filmée par un amateur dans laquelle on voit très clairement la lueur verte tomber sur l'hôpital et, derrière, presque invisible, la deuxième. Je montre la vidéo à Jonas.

-Tiens regarde, dis-je en lui donnant le téléphone

-Wouaww ! Tu as vu ça en vrai ?

-Jonas c'est pas « wouaw », t'imagine ? Certaines personnes disent que c'est de la sorcellerie, d'autres une preuve de vie extraterrestre... Mais une chose est vraiment bizarre...

-Laquelle ?

-Depuis le toit, j'ai vu très clairement le truc qui tombait sur le quartier du lycée, et celle qui tombait sur l'hôpital était presque invisible, et sur la vidéo c'est exactement l'inverse... ça m'intrigue.

-Un peu comme un arc-en-ciel ? demande Jonas

-Oui voilà, exactement... selon là où on est, on voit différemment. Si ça se trouve, il y a eu d'autres évènements similaires mais on ne les a pas vu. Tu comprends ?

Jonas acquiesce, il entre dans la presse et en ressort un peu plus tard, un journal entre les mains. Il me montre la première page : la même chose qui était tombée sur l'hôpital et sur le lycée s'abattait sur le Grand Palais.

-T'avais raison, et ils disent dans l'article qu'ils n'ont pas vu celles de l'hôpital et l'autre.

Je souffle. Je suis vraiment effrayé. Des évènements surréalistes se produisent et les autorités ne prennent aucunes mesures de sécurité... Après réflexion, je me dis que tout le monde n'a pas vu ce qu'il s'est passé hier soir, Jonas en est la preuve. De plus, il n'y a pas eu un seul dégât. Les autorités peuvent penser à un Fake news... Jonas donne une tape amicale dans mon épaule pour m'inciter à avancer, ce qui me chasse de mes pensées. En progressant dans les rues, on remarque que, comparé à ce que nous voyons depuis chez nous, quelques personnes marchent. On croise un groupe d'ami et quelques personnes allant travailler. Pas plus. Les cafés sont pour la majorité fermés, comme tous les autres commerces.

Soudain Jonas pousse un « eh ! ». Je lève la tête, devant nous, Mila arrive en courant. Elle n'arrête pas de crier « les gars ! les gars ! ». On lui demande si elle va bien, elle nous répond que oui, qu'elle a juste discerner un truc bizarre au-dessus de l'hôpital, rien de plus. Elle ajoute qu'elle trouve ça dingue d'avoir eu un truc énorme qui s'est écrasé sur elle sans qu'elle ne sente rien mais qu'elle est un peu stressée maintenant.

Quand on aborde le sujet du lycée, elle nous raconte qu'il n'a rien, que les cours reprendront demain mais qu'il faudra présenter une preuve d'appartenance au lycée. Au cas où... Mila ajoute qu'elle trouve ça débile de devoir présenter une preuve, car si des sorciers ou quelque chose de similaire a réussi à balancer des rafales de trucs verts gigantesques, ils n'auront aucune difficulté à créer une carte de cantine, un carnet de correspondance ou une pièce d'identité. Les gars ne sont-ils pas d'accord avec elle ? Les gars sont d'accord mais Jonas ajoute, juste pour rassurer une Mila complètement stressée, que si des sorciers ont vraiment débarqué, les habitants de Paris sont vraiment dans la merde.

J'ai entre- temps prévenu mes parents que je passerai la journée avec Jojo et Mila. On part donc en sens inverse et décide de se poser dans un parc. Jonas achète une bouteille d'eau et du pain. Lorsque Mila lui demande pourquoi il a acheté ça, il répond que le pain est pour les pigeons, et que l'eau est au cas où les oiseaux se disputeraient une miette.

-Du pain avec de l'eau, c'est dégueulasse, ils n'en voudront plus, c'est sûr.

J'hésite à faire remarquer à Jonas qu'il est un peu bête sur le coup mais Mila s'en charge à ma place en riant.

-T'es con Jojo.

Je n'aurais pas dit ça de cette manière mais le message est le même. Je propose d'appeler Thomas, Gabin et Jules pour qu'ils nous rejoignent. Thomas arrivera dans à peu près une heure, Jules prend un ballon de basket avant de partir et Gabin ne peut pas, ses parents préférant le garder en sécurité à la maison. Mila a proposé de faire un coup de pression à sa mère mais je doute de l'efficacité de cette méthode. En effet, Mila a beau être très jolie, elle n'est pas la fille du lycée la plus charismatique...

Peu de temps après, Jules arrive avec son look habituel : casquette à l'envers, jean large, ballon de basket à la main. A peine arrivé, il s'approche de Jonas en dribblant, juste pour le narguer. Ce dernier regarde son ami, lui adresse son plus beau sourire et envoie un coup de pied dans le ballon.

-Jonas ! Pas au pied ! s'offusque Jules

L'intéressé tourne la tête et retourne nourrir les pigeons. Peu de temps après, les bruits du ballon qui rebondit sur le sol se rapprochent de nouveau. Je me lève et vais défier Jules. Il protège bien son ballon, le bougre. Soudain, alors que j'accélère le rythme, je sens ma tête tourner. Je me stoppe dans ma course et m'appuie contre un arbre. D'un coup, je sens que je vomis encore et encore. Quand ça s'arrête, Mila m'amène un mouchoir mais, contrairement à ce que j'attendais avec dégoût, je n'ai pas dans la bouche et dans le nez une sensation désagréable mais une bonne odeur...de menthe.

Le lenseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant