J'ouvre brusquement les yeux. Mon cœur bat à tout rompre, cognant contre ma poitrine comme un tambour de guerre. Un frisson traverse mon dos, mes muscles sont tendus comme des cordes prêtes à se rompre. Un rêve étrange sans doute. Peut-être même pas un rêve, peut-être juste cette angoisse sourde, tapie au fond de moi, qui se réveille avec le lever des premiers soleils.La pièce est silencieuse, seulement animée par les petites flammes suspendues dans des récipients de verre, qui jettent une lumière vacillante sur les murs de bois. L'ombre danse autour de moi, donnant à la maison une atmosphère à la fois chaleureuse et irréelle.
Je m'assois sur mon lit, frottant mes yeux encore lourds de sommeil. Malgré la nuit courte, je ne ressens aucune fatigue écrasante. Plutôt une nervosité électrique qui parcourt tout mon corps. Comme si mes veines transportaient de l'énergie pure.
Je me lève doucement, laissant le tissu tiède de mes draps glisser le long de mes jambes, et avance à pas feutrés vers la pièce principale. Sur la grande table en bois brut, je remarque un bout de papier. L'écriture est familière, rapide, un peu brouillonne.
"Si je ne suit pas là quand tu es réveiller, fait comme d'abitude, je revient vite."
Je souris malgré moi. Milo. Toujours aussi pressé qu'il en oublie son orthographe. Ça m'arrache un petit rire étouffé dans le calme du matin. Sa maîtrise du français est impressionnante, presque parfaite dans la parole, mais dès qu'il écrit, les fautes fleurissent comme des mauvaises herbes dans un jardin trop pressé.
Son accent ? À peine perceptible au début. Mais maintenant que je le connais, je le décèle dans certaines intonations, certaines voyelles plus longues qu'elles ne devraient l'être.Je replie doucement le papier, le glisse dans la poche de mon pantalon posé sur une chaise. Ce genre de petits souvenirs, je veux les garder.
En passant devant le miroir suspendu au mur, je m'arrête un instant. Mon reflet me fixe : des yeux encore légèrement cernés, mais brillants d'une lueur nerveuse. J'ai l'air... différent. Plus tendu. Plus adulte, peut-être ?
Je file dans la petite salle d'eau attenante, faite de pierres claires et de bois. L'eau fraîche que je m'éclabousse sur le visage me fait frissonner, m'ancre à la réalité.
Je saisis ensuite un des gros fruits déposés dans une corbeille. Sa peau est souple, légèrement veloutée. Je le croque à pleine dents : un jus sucré envahit ma bouche, un goût rappelant la fraise, avec une touche plus sauvage. Une douceur qui contraste avec la tension qui monte en moi.Sur la terrasse, l'air est vif. Le vent transporte les parfums entêtants de la forêt : la sève, la mousse, les fleurs aux couleurs irréelles. Je m'accoude à la rambarde de bois noueux, observant l'immensité verte qui s'étend devant moi.
Le Grand entraînement.
Le mot me traverse comme un éclair.
C'est aujourd'hui.Mon cœur redouble de rythme. Je ferme un instant les yeux, inspire profondément, essayant d'apprivoiser la peur qui me serre la gorge.
La forêt, majestueuse et indomptée, semble m'observer en retour. Les arbres gigantesques, aux troncs larges comme des maisons, se dressent, imposants. Les feuilles bruissent doucement au gré du vent, comme un murmure d'encouragement ou un avertissement, je ne sais pas.
Un bruit attire mon attention. Je tourne la tête. Milo arrive, bondissant de branche en branche avec une agilité surhumaine. Son sourire rayonne, éclatant sous les premiers rayons dorés du jour.
— Coucou ! s'exclame-t-il en atterrissant souplement sur la terrasse. Tu es prêt ?
Je mâchonne encore un morceau de fruit, pris au dépourvu.

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Le lense
ParanormalDes mutations génétiques peuvent se produire dans notre corps. Il ne suffit que d'une seule particulière et c'est tout l'organisme qui s'emballe afin d'accueillir une faculté magique extraordinaire: le lense. Apprendre à le manier est vital car un m...