Chapitre 16

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Le Centre de Détection du Lense, en langue locale le Shost Frime Lense, se situe en plein milieu de la ville, dans un endroit ultra sécurisé. Une haute muraille en pierre nous empêche de voir ce qu'il se passe de l'autre côté. Il faut passer au moins une dizaine de portails afin d'accéder à un hall d'attente luxueux, entouré de petits jardins foisonnant. Je me tourne vers Milo :

-Pourquoi est-ce que c'est si sécurisé et si luxueux ? Tous les autres bâtiments dans lesquels on était ne ressemblaient pas à ça.

-En fait, c'est les bureaux des membres de La Parma ici. On y retrouve les lenses de tous les habitants du Parmien et leur grade. C'est très secret.

Je hoche la tête. Ici, se trouvent sûrement certaines des personnes les plus puissantes du territoire. Une porte de l'autre côté de la pièce s'ouvre. Un jeune homme assez petit en sort. Il est petit mais sa démarche rapide trahit que ce n'est pas quelqu'un d'ordinaire. Il nous passe devant sans même nous calculer. Milo m'explique que c'est le Top 10, que c'est très rare de le voir hors des occasions spéciales et que lui et les autres Top 1 à 10 sont des stars dans le territoire.

-Je te conseille d'enregistrer son visage car c'est peut-être une des dernières fois que tu le verras, a ajouté Milo sans le lâcher d'un regard. Le Top 10 est ensuite parti dehors et a disparu derrière le mur.

Une autre porte s'ouvre, encore une célébrité ? Une femme se tient dans l'encadrement de la porte et m'appelle par mon prénom. Milo reste assis et me fait signe de la suivre. Je m'engage donc derrière celle qui va me dévoiler mon lense. On traverse un long couloir où se trouvent des portes de tous les côtés. Elle en ouvre une et s'engage dans la pièce. Elle me dit de l'attendre ici et en ressort avec la fiche me concernant. Décidément, les infos vont vite ici... Elle s'engage ensuite dans le bureau de l'autre côté du couloir et me dit de m'assoir sur une petite chaise à côté du bureau. La pièce est grande, des machines et des armoires qui débordent d'objets de toutes sortes sont positionnées le long des murs. Une fenêtre ouverte me permet d'apercevoir les jardins ainsi qu'une grande aire remplie de recoins, de tuyaux et d'arbres, un véritable labyrinthe. La dame claque des doigts pour attirer mon attention.

-Alors, commence-t-elle, je vais te faire faire une série d'exercices de toute sorte. Ça va durer un bon moment donc j'espère que tu es en forme ! Au fur et à mesure, plein de capteurs que je vais positionner sur ton corps vont prendre des notes et les transférer sur ma machine. Suivant les résultats, on déterminera approximativement le type de ton lense et ensuite on te dira quand est ce qu'il va se manifester. Tu me suis ?

Je hoche la tête. En moi, se trouve actuellement ce que je trouve anormal chez les gens qui m'entoure. Je stresse comme un fou rien qu'à l'idée d'avoir un lense pourri même si, comme me l'a dit Milo, « il n'y a pas de lense pourri ». La dame prend des petites boules qu'elle pose partout sur moi. Ensuite, elle m'indique une petite table.

-Va t'asseoir là-bas s'il te plaît. Il faut d'abord que tu saches que tu n'es pas dans ton état normal, tu as eu une crise parce que ton lense était manifesté à 25% puis une autre lors des 50%. Celle de 25 tu l'as eu sur Terre et l'autre en Fresse. Tu en auras une autre à 100% et c'est tout. Donc là, tu vas peut-être réussir à faire des choses que tu ne pourrais d'habitude pas faire. Allez, on commence.

Elle va vers une des armoires remplies d'objets. Elle revient rapidement, des cubes en bois à la main. Ces mêmes cubes sont construits en plein de pièces, certaines sont même à l'intérieur. La femme s'assoit à son bureau et lance.

-Tu as 1h pour créer une seule et même sphère avec ces cubes. Bonne chance !

Je me lance, peu convaincu de ma possible réussite, dans ce casse-tête. Elle m'observe et note un tas de phrases dans son cahier. J'ouvre le premier cube et remarque que, si les faces extérieures sont plates, celles à l'intérieur sont arrondies. Je positionne donc d'instinct toutes les faces et, en 20 minutes, j'ai devant moi une magnifique sphère. Je suis extrêmement fier de ma réussite devant ce problème qui me semblait impossible. Je me tourne vers mon examinatrice qui ne lâche qu'un murmure :

-Okkkk bien.

Elle me désigne une machine semblable à un distributeur d'argent. Elle me lance un programme dont les seules réponses peuvent être prononcées par rapport à l'intuition : quelle est la couleur réelle du carré noir ? qu'est ce qui se cache derrière ce mur ? J'ai tout faux, sauf à la dernière question. Elle coche une case sur son cahier.

Tout le reste de la journée, l'examinatrice me fait passer une série de test plus farfelus les uns que les autres. Elle a raison, je réussi quelques fois des problèmes que je n'aurais pas pu résoudre sur Terre. À la fin de la journée, je suis extrêmement fatigué et elle me laisse partir une fois que toutes les machines ont enregistré une performance de ma part.

Lorsque je rejoins Milo, il n'a pas bougé d'un centimètre. Il me demande comment ça s'est passé puis me dit d'attendre ici car les résultats ne vont pas tarder à arriver. 10 minutes après, la dame revient, une enveloppe à la main. Je sens le stress qui commence à monter, mes jambes tremblent et je transpire. Elle nous tend la feuille et sourit, avant de repartir de là où elle venait. Milo ouvre l'enveloppe et déplie le papier. Il me laisse le lire en premier.

« Cher Sohan,

Le CDL a le plaisir de t'annoncer que ton lense est de type contrôle.

Les capteurs ont enregistré une activité liée au lense au niveau des mains.

Au vu de ton évolution, il devrait se manifester d'ici une semaine.

Bonne continuation,

L'équipe du CDL »

Je replie le papier. Milo est satisfait, il va pouvoir me garder en apprenti et va s'épargner « toute la paperasse » du changement de mentor.

-Lorsque ton lense va se manifester, dit-il, tu vas avoir de gros tremblements mais rien de grave, tu ne t'évanouiras pas cette fois-ci. Allez, on y va !

On sort sans difficulté de Centre de Détection des Lense. Il est beaucoup plus facile d'en sortir que d'y rentrer. Nous embarquons dans une sorte de transport en commun car nous n'avons pas envie de marcher. On descend rapidement à proximité de la maison de Milo puis on s'engage dans le petit sentier qui rentre dans la forêt et mène à la petite maison. Un gigantesque animal ailé traverse la canopée, provoquant l'envol d'un gigantesque groupe d'oiseau jaunes, m'arrachant un « ohhhhh » de fascination. Soudain, alors même que la créature disparaît, Milo hurle :

-ATTENTION !

Je n'ai pas le temps de comprendre ce qu'il se passe. Milo me saisit par la taille, m'enroule une liane autour du corps et me dépose rapidement sur une branche d'arbre tandis que lui esquive une créature gluante. De mon perchoir, je le vois sauter, esquiver, se déplacer rapidement grâce à des lianes qui sortent de ses bras. Il les accroche autour d'un arbre et les rétrécit ensuite, ce qui a pour conséquence de l'amener là où la liane est accrochée. Il fait soudain pousser un arbre et la créature se retrouve donc piégé à l'intérieur de celui-ci. Seul un petit filament reste collé au sol. D'un geste, Milo le casse et la créature ne bouge plus. Je ne comprends pas. Je ne comprends plus. Milo avait l'air si fragile, si inoffensif, et le voilà en train de terrasser en quelques secondes une créature qui voulait notre mort. Il s'approche de moi :

-Tout va bien ? me demande-t-il

-C'était quoi ça ?

-Un bloom, répond Milo, on a eu chaud.

-Non, pas la créature... je veux dire toi. Qu'est-ce que tu nous as fait ?

-Ah d'accord. Je comprends... j'avoue que je te dois bien quelques explications mais encore une fois je vais y aller droit au but :tout ce que tu as vu depuis ton arrivée dans le Parmien est bien réel, sauf une chose. En réalité, tous les gens que nous avons croisé me connaisse et savent qui tu es grâce à ce que je leur dis de toi. Mais ils me connaissent pour une seule et bonne raison : le Top 6, c'est moi.

Le lenseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant