Chapitre 12

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Le grand jour est enfin arrivé. On nous a tous réuni dans une grande pièce. Du plafond, des lustres monumentaux pendent et des guirlandes les relient entre eux. De la végétation luxuriante sort des murs, le mobilier est impeccable. Je ne pensais pas que dans cet endroit lugubre, une telle pièce pouvait exister. Le Chef se tient droit et nous fixe lorsque nous rentrons. Encore une fois, des écrans occupent sa droite et sa gauche et son acolyte se tient en retrait. On nous désigne des chaises sur lesquelles on prend place. Elles paraissent neuves mais quelques traces trahissent leur âge.

Je suis sceptique sur les bienfaits de notre envoie dans ce marché. Apparemment, c'est un marché qui a lieu deux fois par an et il regroupe des vendeurs de tout le territoire. On nous explique les consignes : un petit coup dans le dos veut dire « lève-toi », un petit sur le bras « tourne » et ensuite on comprendra.

Les acheteurs ne parleront pas humain donc la maîtrise de ce langage sera obligatoire. Pour être tout à fait honnête, je ne sais toujours pas pourquoi nous avons été choisis et pas quelqu'un d'autre sur Terre, mais avec tout ce que j'ai traversé, je commence à m'y faire et je n'ai même pas le temps de pleurer le manque de ma famille ou de mes amis. On répète les gestes, quelqu'un imite et les autres exécutent. John est ce que Le Chef appelle le « phare » : il sera placé en évidence et coûtera logiquement le plus cher.

On nous ordonne ensuite de nous lever et de nous diriger chacun dans une de ces caisses étranges. Encore une fois, ils les entassent et nous posent sur un chariot. La caisse étant parfaitement transparente, je peux voir parfaitement ce qui se passe à l'extérieur. On embarque dans un camion qui a pour but de nous y amener, le trajet prévu est de 20 minutes, nous avons de la chance, certains doivent faire plus de 8h de trajet. Le temps passe très vite puisque je discute avec Blaze.

Une fois arrivé à destination, on nous dépose dans une sorte de petit garage. Les caisses sont posées par terre et chaque garde en prend une. On nous amène ensuite dans une pièce gigantesque qui peut faire penser à un gymnase. Le toit doit s'élever à plus de 25 mètres de haut, la longueur de la pièce approche sans doute les 200 mètres de long. Tous les murs sont entièrement blancs, excepté le plafond d'où pendent des lianes auxquelles des personnes servant sans doute à la sécurité se perchent.

De nombreux groupes de vendeurs positionnent des humains. C'est un véritable marché : chaque promoteur a un stand et des humains sont exposés à la vente. On s'arrête à un guichet où Le Chef, qui mène la marche depuis le début, signe un formulaire. Il nous prend à chacun la main, la trempe dans de l'encre et dépose notre empreinte digitale dessus.

Une fois le guichet passé, un robot nous guide vers l'emplacement du stand. John est positionné sur un grand cerceau lumineux qui l'éclaire par en bas. Ensuite, les caisses nous contenant sont positionnées les unes sur les autres et Le Chef déploie de grandes affiches. John est debout, libre. Si les gardes n'étaient pas là il pourrait partir en courant, mais il est obligé de rester droit. Je remarque ensuite un garde qui lui enlève son t-shirt et le laisse en caleçon. Ce même garde réserve le même sort à chaque détenu. Je comprends mieux l'intérêt de la musculation et du sport qu'on nous a forcé à faire jusqu'à présent.

Une fois les caisses refermées, tous les détenus prêts et les autres vendeurs en place, une grande porte s'ouvre, permettant à des flots de personnes de se jeter dans le marché. Le Chef a l'air tendu, derrière un bureau, il attend patiemment que quelqu'un vienne s'intéresser à nous.

Une dame au regard perçant s'approche soudain. Le Chef la remarque mais ne le montre pas, il ne faut pas se jeter sur le client... la dame nous inspecte sans gêne, comme si voir des hommes à la même apparence qu'elle dans des caisses ne la perturbait pas. Elle finit son tour sur John, d'un geste, elle lui ordonne de tourner sur lui-même. Elle adresse ensuite quelques mots au Chef. Ce dernier lui montre son affiche. Apparemment, ça ne plaît pas à la dame car elle s'en va d'une démarche rapide. Je ne sais pas si c'est John qui ne lui a pas plu ou les explications apportées par le vendeur.

Le lenseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant