Chapitre 31

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Une heure et demie c'est court. Une heure et demie c'est court. Tu parles. L'utilisation de mon lense aujourd'hui m'a épuisé et je dois lutter pour ne pas plonger dans l'océan. Axel essaie de me distraire en parlant de tout et de rien mais, étant très fatigué, ce bruit de fond permanent m'énerve aussi. Jeanne sifflote et chante, elle a dû me prendre pour un expert pour me croire capable de tenir si longtemps en l'air.

Le trajet pour atteindre la Fresse était beaucoup plus simple mais j'étais bien reposé, contrairement à maintenant. Nous sommes partis aux aurores et les soleils commencent à se coucher donc mon corps m'ordonne d'arrêter. Le problème avec mon corps, c'est que quand il veut quelque chose, il l'a. Petit à petit, je me sens sombrer, Axel me secoue et hurle. L'eau se rapproche décidément très vite mais je ne peux rien faire. Je commence à perdre connaissance.

Jeanne arrive rapidement et nous prend avec elle en créant un autre petit engin semblable au sien. Axel se retrouve assis devant moi. Il se retourne et me gifle une fois.

-Sohan ! Soooooohan !

Je me redresse un peu pour lui signifier que je suis bien vivant et encore là, il se tourne donc vers Jeanne.

-C'est bon il est conscient !

Rapidement, je sombre dans le sommeil sans le vouloir. Je remarque Axel en train de suivre Jeanne puis après, mes yeux se ferment.

-TERRE !

Ce hurlement d'Axel me chasse du sommeil. J'ouvre les yeux et distingue des collines à l'horizon. Mon ami se tourne vers moi:

-Sohan rega.... Ah tu es réveillé ! Tu as vu ! On a réussi ! Le Pago est devant nous !

En un rien de temps, nous nous retrouvons à survoler des collines et des plaines infinies. Loin, très loin, de la fumée et tout un tas de gaz s'élèvent: le champ de bataille. Je remarque le regard triste d'Axel et le visage fermé de Jeanne qui l'évite minutieusement et se dirige vers la ville principale, faiblement visible à l'horizon. Dès que nous changeons la direction, un projectile, enfin une grosse boule d'énergie violette, se dirige vers nous. Jeanne la repousse et arrête de bouger. Une autre attaque arrive de derrière nous. Au pied d'un petit arbre, une jeune fille métisse aux cheveux bouclés nous fixe. Nous nous dirigeons vers elle et, lorsqu'elle tente de fuir, Jeanne arrive à la stopper et à lui expliquer la raison de notre venue. L'inconnue semble rassurée et nous invite à la suivre.

Nous nous engageons dans un petit chemin, totalement à découvert. Cette idée ne me rassure pas mais notre guide semble sûre d'elle. Je suis désormais habitué à être dans des grands arbres et dans des forêts luxuriantes. Mes sens sont aux aguets, à chaque bruit suspect, je sens mes muscles se tendre. La ville est de plus en plus proche, entourée de remparts et, une fois aux pieds de ceux-ci, je remarque leur taille immense.

Nous rentrons sans difficulté par une grande porte surveillée et elle nous conduit vers un bâtiment dans lequel je reconnais quelques membres du Parmien qui étaient partis avant nous. Une fille nous voit et se dirige vers Jeanne en courant. Elles se mettent à discuter en langue du Parmien à une vitesse folle et je comprends quasiment la totalité de ce qu'elles se disent. Jeanne évoque notre rencontre avec le bloom, la traversée de la ville et de l'océan tandis que son amie semble effrayée en sachant que nous avons traversé la ville principale. Elle explique que son groupe a opté pour survoler la côte et qu'ils ont été chopé par une patrouille. Ils ont dû inventer un mensonge, avant d'être escorté jusqu'au Kathina, où ils ont pu être libéré.

Leur périple a été vraiment plus éprouvant que le nôtre, mais tous les membres de ce groupe ont de l'expérience, ce qui explique qu'ils s'en soient sortis. D'autres petits groupes sont déjà arrivés mais sont partis prêter main forte sur le champ de bataille.

Un garçon très jeune arrive vers Axel et moi et nous demande dans la langue du Parmien si nous sommes combattants, défenseurs, espions ou apprentis. Axel lui répond que nous sommes des apprentis et le jeune homme nous invite à le suivre. Remarquant nos égratignures, il nous demande ce que nous avons vécu pour en arriver là. Je lui explique notre atterrissage catastrophique, ce qui provoque un petit sourire sur son visage. Il nous donne une petite boisson qui accélère la cicatrisation et nous continuons notre chemin.

Une fois un long couloir traversé, nous débouchons dans une petite pièce lumineuse avec au centre une carte gigantesque. Le jeune garçon nous indique le lieu du champ de bataille, les territoires gagnés par la Dazovie, les bases stratégiques et notre rôle: la protection de la ville. Il nous montre différents points où nous devrons nous cacher et arrêter quiconque passe à proximité de celle-ci. En effet, cette ville est fermée et protège les habitants, notre rôle est donc d'empêcher toute entrée d'une personne inconnue.

Lorsque je lui demande son prénom, le garçon me répond qu'il se nomme Orian et qu'il est né ici. Depuis que la guerre a éclaté, il se concentre sur la protection de la ville et accueille les renforts en leur expliquant leur rôle. Orian nous confie à chacun un uniforme du Pago et nous donne les dernières consignes: la priorité est de stopper les gens que nous verrons, ensuite on les interroge et on prend leurs papiers d'identité avant de les conduire ici, où ils seront surveillés et passeront un test qui consiste à parler et à être naturel... des caméras situées partout se concentrerons sur leur honnêteté.

Une fois les consignes terminées, Axel et moi devons suivre un petit duo composé de deux personnes du Pago. Ils nous expliquent leur lense et leur identité.

-La fille se nomme Dupa et son lense consiste à être liée à une petite créature volante, ronde et jaune, et de pouvoir voir à travers ses yeux.

-Le garçon, lui, se nomme Visko et il peut copier le lense de la personne qu'il touche, sauf si c'est un lense de soin ou un pouvoir en lien avec une créature. Il est assez âgé, contrairement à Dupa qui doit avoir environ mon âge.

Nous nous présentons ensuite chacun notre tour et une fois que nous avons fini, nous nous dirigeons vers notre observatoire. Collé au pied de la muraille, un petit habitacle se fond parfaitement dans le décor. J'y rentre et découvre une seule pièce aménagée composée de quatre lits, d'une lampe, de lames, de projectiles et d'une porte menant directement à l'intérieur de la ville. Une petite fenêtre longeant tout le mur mais haute de moins de 3 centimètres nous permet d'observer ce qu'il se passe de l'autre côté des remparts. La plaine s'étend à l'horizon, avant de laisser place à un désert. Sur la carte qu'Orian nous a montré, nous sommes, en repères terrestres, au nord du Pago et au sud de la ville principale.

Dupa sort de sous son manteau sa petite créature et lui dit de partir voler dans un rayon assez court pour que nous puissions atteindre les personnes, mais assez large pour pouvoir surveiller une zone importante. Aussitôt, la petite boule jaune passe par la fenêtre et se dirige vers la plaine. Les yeux de Dupa virent au rouge et Visko nous explique qu'elle entame la surveillance à travers les yeux d'une certaine Oupi. Quant à lui, il doit se contenter d'attendre et, lorsque nous devrons arrêter quelqu'un, il copiera soit mon lense soit celui d'Axel.

J'ai pris pour habitude de chercher autour de moi des objets utiles à la situation et les lames ainsi que les projectiles disposés sur le mur feront parfaitement l'affaire. J'en prend la moitié et laisse l'autre à Visko, au cas où.

Ce dernier propose que nous nous relayons, afin de ne pas tous être fatigué en même temps. Je lui répond que j'ai beaucoup dormi avant d'arriver mais qu'Axel serait sûrement ravi. Après une courte discussion, je me retrouve avec Dupa à fixer l'horizon tandis que Visko et Axel somnolent. Dupa est extrêmement concentrée et ne brise le silence que pour me demander si j'ai aperçu quelque chose.

Au bout d'environ quatre heures, une personne apparaît seule en plein milieu de la plaine et disparaît aussitôt. Je reste sidéré devant cette apparition furtive. Que dois-je faire ? Prévenir Dupa ? Non, elle me prendrait pour un fou. Sonner l'alerte ? Et si c'était une hallucination, j'aurais l'air de quoi ? Trop tard, je n'ai pas le temps de réfléchir à tout ça. Tout va soudain très vite, une explosion se fait entendre et le sol se met à trembler.

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 20 ⏰

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