La meute d'arcadÿs🌗: Un mariage presque arrangé

LXVI🌖

Après le départ d'Emrys, je repensais à tous ce qu'il m'avait raconté et je fus submergée une fois de plus par un flot de larmes. Mon loup, son tourment était si profond. Bien sûr, cela ne justifie en rien son comportement lors de notre dernière rencontre, mais désormais, je comprenais mieux sa réaction lorsque j'avais évoqué le nom de cette Melody. Cette dernière lui avait infligé d'indicibles douleurs.

Il l'aimait tant, et elle avait trahi cet amour de la manière la plus cruelle qui soit, sans oublier sa propre mère qui, au lieu de lui prodiguer affection, lui avait causé tant de souffrances et lui avait arraché l'un des êtres qui lui étaient le plus chers dans la vie. Comment pouvait-on être aussi impitoyable, surtout envers son propre sang ?

Mon cœur se serrait pour Léandros, dont la souffrance devait être immense. J'aurais voulu courir à sa rencontre, le serrer dans mes bras et lui exprimer toute ma compassion pour ce qu'il avait enduré.

Après de longues minutes passées assise là, je me résolus à regagner l'intérieur alors que le froid devenait mordant. Dans le vestibule, je croisai Sheilara, murmurant des paroles incompréhensibles, un plateau de victuailles entre les mains.

- Tout va bien Sheila ?

- Sheila: Excusez-moi Luna, j'étais dans mes pensées. Je m'inquiète pour l'Alpha, vous savez.

Mon cœur tressaillit . A-t-il fait une rechute ?

- Qu'est-ce qui se passe avec l'Alpha ? Demandai-je toute paniquée. Est-il à nouveau malade ?

- Sheilara: Non, pas pour le moment, mais cela ne saurait tarder car il refuse de se nourrir convenablement. Rien qu'aujourd'hui, il a sauté deux repas, c'était la même chose la veille. Il est en convalescence. J'ai peur qu'il ne fasse une rechute.

- Ne vous inquiétez pas Sheila, passez-moi le plateau, je tenterai ma chance.

Elle parut d'abord surprise, mais ensuite me tendit le plateau, un large sourire scotché sur ses lèvres.

Je lui pris le plateau des mains et me dirigeai vers le bureau de l'Alpha. Arrivée devant le bureau, je toquai et sa grosse voix me dit d'entrer.

J'ouvris la porte et le trouvai toujours derrière son bureau, comme d'habitude, la tête penchée dans les dossiers. Toute l'émotion de tout à l'heure me revint en tête. Les larmes me montèrent aux yeux, mais je les refoulai rapidement. Je n'arrivais plus à voir l'homme puissant et froid qui se tenait devant moi. Je voyais juste cet jeune enfant brisé par la vie et à qui on avait arraché très tôt son enfance. Il me semblait si vulnérable à ce moment. J'avais qu'une envie, le serrer contre ma poitrine. Mais il fallait que je me ressaisisse.

-L'oisiveté est, dit-on, la mère de tous les vices, mais l'excès de travail lui est le père de toutes les soumissions. Travailler oui, mais gardez à l'esprit que tout excès nuit.

Il leva ses yeux vers moi et planta son regard dans le mien. Son regard descendit ensuite vers le plateau que je tenais et que je venais de déposer sur la table de réunion.

-De plus, ne dit-on pas que ventre affamé n'a point d'oreille? Alors, faites une pause.

-Léandros : Merci, je mangerai plus tard.

-Il n'en est pas question, vous devez manger maintenant. Avez-vous oublié que vous êtes toujours en convalescence ? Vous devez vous ménager.

Il me fixa un instant et j'en fis de même.

-Léandros : Je vais parfaitement bien.

-Laissez-moi en douter, au cas où vous l'auriez oublié, vous vous remettez tout juste d'un empoisonnement. Il vous faut énormément de repos. S'il vous plaît, faites juste une pause de cinq minutes et alimentez-vous correctement. La meute a certes besoin de son Alpha, mais elle a surtout besoin d'un Alpha en meilleure forme.