La meute d'arcadÿs🌗: Un mariage presque arrangé

🌜VII🌛

Sa question me transperça plus profondément que je ne l'aurais imaginé. Que répondre à cela ? Comment lui dire que certaines plaies ne se referment jamais ?

- Chaque deuil est différent... Certaines blessures se referment avec le temps, d'autres restent ouvertes pour toujours, répondis-je.

- Lorsque je vois cette tristesse dans tes yeux, je crains de faire partie de ton club , ceux dont les plaies ne guérissent jamais. Ça ne me rassure pas, avoua-t-elle.

Je déglutis difficilement. Elle avait raison, bien sûr, mais je ne pouvais pas la laisser sombrer dans cette même obscurité.

- Ma blessure ne guérit pas parce qu'elle est ma croix à porter. C'est le prix de mes péchés.Ce qui n'est pas ton cas.

Je fuyai son regard, incapable de soutenir ces prunelles.

- mais nous pêchons tous, donc techniquement nous sommes tous pêcheurs ? répondit-elle

- Peut-être... Mais je doute que nous ayons tous tué nos pères, lâchai-je, le souffle court, en plongeant de nouveau mes yeux dans les siens.

Je vis son visage se décomposer, ses sourcils se froncer avant qu'elle ne me regarde avec une expression que je ne savais comment lire.

- Qu'est-ce que tu dis ? Tu as... fait ça  ? demanda-t-elle d'une voix presque brisée.

Je hochai la tête, incapable de trouver les mots. Le simple fait d'y repenser fit se serrer mon cœur. Le simple souvenir me causait tant de douleur.

- Pourquoi ? Pourquoi as-tu fait ça ? souffla-t-elle

- Par amour... répondis-je, un rire amer m'échappant malgré moi.

Son visage s'effondra, ses yeux s'agrandirent avant qu'elle ne détourne le regard, troublée.

- Par amour ? répéta-t-elle, comme si elle essayait de comprendre l'impossible.

- Absolument. J'ai sacrifié la vie de mon père au nom de l'amour.

Je pris une grande inspiration, rassemblant mes souvenirs, chaque mot me brûlant les lèvres.

- Quand j'avais seize ans, j'ai rencontré une fille. Elle venait d'intégrer la meute. D'habitude personne n'intégrait ainsi facilement la meute avant qu'une enquête préalable soit menée , mais elle avait l'air si misérable que je fini par convaincre père qu'elle était inoffensive , l'Alpha avait donc finit par l'accepter. Peu de temps après, des sentiments ont commencé à naître entre nous. Enfin... c'est ce que je pensais. Mais c'était qu'une illusion.

Je laissai échapper un rire sans joie.

- Cette fille m'a manipulé de bout en bout. Elle faisait partie d'une organisation qui considérait notre espèce comme une abomination. Leur but était simple : nous exterminer. L'Alpha m'avait mis en garde. Il me disait de rester sur mes gardes, de ne pas me laisser aveugler. Mais sais-tu ce que je lui ai répondu ?

Je levai les yeux vers elle, le poids du regret écrasant mes épaules.

Elle secoua la tête, figée.

- Je lui ai dit qu'il exagérait. Qu'il n'y avait pas de quoi s'inquiéter.

Il n'y avait pas de quoi s'inquiéter.

Je répétai ces mots, ma voix se brisant sous le poids du passé.

- Il avait vu ce que je refusais de voir. Il savait, et je l'ai ignoré. Quelques jours après, cette fille... cette même fille a tué mon père de ses propres mains. Sous mes yeux.