Léandros
Lorsque mes yeux se posèrent sur elle dans ce salon, j'eus l'impression que le sol se dérobait sous mes pieds. Jamais je ne l'avais vue avec un tel regard vide. Ses yeux, autrefois si vivants, semblaient éteints. Des cernes marquaient le contour de ses yeux, et mon cœur se serra à cette vue. Son visage avait perdu tout éclat. Un élan irrésistible de la prendre dans mes bras me saisit, d'apaiser ses angoisses et sa douleur, car oui, je ressentais jusque dans ma chair ce qu'elle endurait en cet instant.
Je m'apprêtais à courir vers elle, mais elle me devança et se jeta dans mes bras, un torrent de sanglots s'ensuivit. Je voulais tant apaiser sa peine, lui arracher ce chagrin du cœur, mais hélas, je ne pouvais que lui montrer que j'étais là pour elle.
La voix de sa tante acariâtre me sortit de ma torpeur. J'avais envie de lui faire ravaler ses remarques, mais je dus fermer les yeux pour ne pas lui sauter à la gorge.
La pauvre enfant avait subi un choc émotionnel, et je pouvais voir le soulagement dans les yeux de son frère et de ses amis en la voyant enfin se libérer. Et il fallait que cette vieille mégère vienne déverser ses inepties.
Il fallait que je l'éloigne de cette femme, afin qu'elle puisse libérer son cœur, laisser couler son chagrin, sans quoi je craignais les répercussions que cela pourrait avoir sur elle, tant sur le plan psychologique que physique.
Une fois dans sa chambre, pour éviter qu'elle ne se replie sur elle-même, j'essayai de toucher la corde sensible, celle des condoléances. S'il y a bien un mot que je détestais et que j'ai haï entendre, c'était celui-là. Lors de la mort de l'Alpha, mon père, chaque fois que je l'entendais, c'était comme un poignard en plein cœur, me rappelant à quel point c'était la réalité, à quel point ce n'était pas un cauchemar.
Azelia devait aussi prendre conscience que c'était bien réel et que c'était douloureux, sinon son esprit risquait de développer des mécanismes de défense comme le déni, et lorsque la réalité la frapperait, ce serait violent et destructeur.
Je retournai dans le salon où se trouvait le prince Jalan. Après avoir pris des nouvelles de Gaia et des filles, je lui demandai un entretien privé.
-Ce serait une question bien bête que de vous demander comment vous allez.
Il sourit, sans répondre. Il avait l'air complètement accablé, et qui pourrait lui en vouloir ?
-Quand j'ai traversé cela, je n'avais que 17 ans. Je n'avais même pas eu le temps de réaliser ce qui se passait que j'étais déjà sollicité de toutes parts. Chacun attendait de moi que je prenne des responsabilités que je ne comprenais même pas à l'époque. On attendait de moi que je console le peuple après cette perte alors que mon propre cœur était celui qui saignait le plus. J'étais celui qui avait le plus perdu, le peuple aura un nouveau Alpha mais moi je n'aurais pas de nouveau père. Avec tout ça Je devais m'occuper des funérailles, et je haïssais ce mot. Je le hais toujours autant pour tout vous dire. Ce que j'essaie de vous dire, prince Zohari, c'est que j'ai traversé ce que vous traversez en ce moment. Je veux vous apporter mon aide, Altesse, si vous l'acceptez. Permettez-moi de m'occuper de certaines choses trop difficiles pour vous. Je vous tends la main parce que j'aurais voulu qu'on me la tende à l'époque.
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La meute d'arcadÿs🌗: Un mariage presque arrangé
FantasyLéandros Alastair , Alpha suprême de la meute d'arcadys est un loup-garou froid et effrayant qui voue une haine féroce envers la gente féminine. Lors d'un voyage d'affaires au royaume d'Aramis, il fait une rencontre surprenante: celle de son âme sœ...