CHAPITRE 20

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MALIA

Notre stock de nourriture à considérablement baisser ces dernières semaines, Kai étant blessé, il est resté à l'intérieur du chalet pour se reposer tout comme moi.
Aujourd'hui, je suis presque guérie, j'ai encore mal par moment, mais je peux marcher, quant à Kai la mobilité de son bras laisse encore à désirer, mais il va bien.

Je crois qu'il a été contrarié par mon geste parce qu'il a fallu que je me débarrasse moi-même du cadavre de ce type alors que je ne pouvais pas marcher. Lui le pouvait, mais il n'a rien fait, j'ai dû découper son corps en plusieurs morceaux pour le mettre dans des sacs poubelle que j'ai mis dehors.

Évidemment, je me suis déplacé à cloche-pied pour éviter d'appuyer sur ma cheville. Il m'a fallu deux jours avant de réussir à tout sortir dehors, l'odeur était ignoble.
J'ai disposé les sacs poubelle proches de la porte d'entrée, il a commencé à neiger alors j'ai mis une bâche par-dessus. La neige a tout recouvert en temps record, au moins c'est caché, ni vu, ni connu.

Le temps ici est long, il n'y a pas la télé, la neige a recouvert la totalité du sol et a fait geler le lac. La seule chose que je peux faire pour m'occuper c'est lire, mais là encore, la bibliothèque reste a désiré. Kai agit comme si je n'existais pas, j'ai le droit à un ou deux mots dans la journée.
En faite je ne suis pas sûr qu'il soit vexé, ça ne lui ressemblerait pas. Je dirais qu'il cogite et préfère laisser mon existence de côté pour le moment. Il a peut-être vraiment décidé de me tuer dès qu'il sera rétabli, quoi qu'il en soit son état m'inquiète.

Il fait des cauchemars, souvent. Il essaie de le cacher, mais je le vois bien, il mène une bataille contre ses propres démons, et semble perdre.

— Kai ?

– Mmh

– Il faut aller faire les courses ou cambrioler qui tu veux, mais on n'a plus rien là.

Il m'envoie un regard qui veut dire « tu me fais chier là », il n'a plus besoin de parler, j'arrive plus ou moins à décrypter ce qui traverse ses yeux.

Je soupire et lève les yeux au ciel.

– Tu vas faire la tête encore longtemps ? Sérieux t'es chiant, tu fais pire tu as pas le droit de m'en vouloir !

– Je ne fais pas la tête, je réfléchis.

Je tourne mon visage sur le côté, il se fout de moi ?

– Tu m'énerves...

Il ne dit rien et tourne la tête en direction de la fenêtre, il ne fait que ça. Regarder à travers la fenêtre. J'attrape le premier objet à portée de main, une lampe, et la jette sur la fenêtre, la vitre explose en mille morceaux. Aucune réaction.
Pas de sursaut, de mouvement, de recul. Rien.

À ce moment précis, je sens la rage monter de plus en plus à l'intérieur de moi, je me lève en direction de la cuisine et attrape un couteau posé sur le comptoir.
Je le fixe et serre ma prise sur le manche, c'est vrai ce qu'on dit. Les émotions fortes sont dangereuses, elles nous font faire des choses que jamais nous n'oserions faire en pleine lucidité.

La lame du couteau me renvoie un reflet, mon reflet. Je pourrais presque croire que j'ai une jumelle maléfique, mais il s'agit bien de moi, je me retourne prête à en découdre avec Kai quand je suis surprise par sa présence et laisse tomber le couteau au sol.

Ses mains viennent se poser sur le comptoir m'emprisonnant entre lui et le rebord de la cuisine, je ne cherche pas a comprendre ce qu'il veut et lui envoie une gifle si fort qu'elle engourdit ma main.

La tête tournée sur le côté dû à mon geste, il se met à sourire puis à rire, j'ai l'impression d'entendre le rire du joker à travers sa voix. Sa langue vient rouler à l'intérieur de sa joue, quand son regard revient dans ma direction, il porte directement sa main autour de ma gorge et la resserre jusqu'à je sente ma trachée se rétrécir.

– Tu aurais peut-être dû me tirer une balle dans la tête, après tout c'est ce que je mérite tu ne crois pas ?

– J'aurais dû en effet, articule-je avec difficulté.

Je sens la pression se resserrer un peu plus autour de ma gorge, au bout de quelques secondes il finit par me relâcher et envoie ma tête en arrière ce qui la fait percuter l'un des placards de la cuisine puis s'éloigne et s'en va a l'extérieur.

Je me dirige vers la salle de bain et observe mon cou, je peux déjà voir la trace de sa main. On dirait bien que mon corps ne sera plus vierge avec lui, j'aurais systématiquement des ecchymoses ou des écorchures. Je m'en sors bien, beaucoup avant moi ont eu pire, il y en aura certainement encore.
Quoi qu'il n'aime pas garder les gens en vie trop longtemps, je devrais peut-être garder un couteau sur moi comme il le fait.
Simple précaution.

Plus j'avance plus je découvre qu'il est encore plus imprévisible et lunatique que ce je croyais. Je suppose que je devrais être reconnaissante qu'il ne met pas broyer la gorge, mais ça me pousse encore plus a vouloir me venger. C'est ce que je vais faire, me venger de chaque petite chose qu'il me fera.
Chaque contrariété, chaque parole de travers, il le paierait fois double.

Malia - Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant