CHAPITRE 32

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MALIA

Une douleur me prend sur le côté de mon crâne, je porte instinctivement ma main à celui-ci et m'aperçois que quelque chose coule. Cette texture que je n'arrive pas à déterminer me fait ouvrir les yeux d'un coup sec, la lumière du jour m'aveugle un instant avant de m'habituer à sa lueur. Au-dessus de moi, je peux voir le soleil, les arbres, la nature. Je rapproche ma main de mes yeux, du sang.
Je me redresse aussitôt et suit prise d'une vive douleur dans tout mon corps, après une chute pareille je dois être couverte d'ecchymoses. Je redresse ma tête et observe la route au-dessus de moi, je ne vois rien. Pas de voiture, rien. Il est parti.

J'expulse un soupir de soulagement, il a dû croire que j'étais morte, je l'aurais été si je n'avais pas sauté. Je colle ma main contre mon crâne, je ne m'en suis pas sorti sans séquelles, mais ça n'a pas l'air trop grave. Je crois.

Je prends le temps de reprendre pleinement conscience et me relève tout doucement, ce n'est qu'à ce moment que je sens le froid prendre possession de mes os. J'ai dû rester là un moment, je ne sais pas, il est peut-être encore dans les parages.

Je fixe la forêt droit devant moi, il y a beaucoup de sentiers par ici, je vais forcément retrouver mon chemin. Je ne veux pas prendre le risque de tomber sur Kai qui attend de voir si je suis bien morte. Vu l'état dans lesquels il est, je n'aurais jamais cru qu'il allait me foncer dessus. Il avait l'air si perdu et en colère, je croyais que ma perte le ferait sombrer si bas que ça le paralyserait.

Décidément, il est difficile à anticiper, cependant je ne regrette pas mes mots, et j'espère qu'il va bien les garder en tête.

                                 * * *

Après ce qu'il doit être une demi-heure de marche si ce n'est plut, je sors enfin des bois. J'ai mal aux jambes, aux bras et à la tête. Il faut dire que dévaler un ravin c'est pas tout à fait reposant.
Je ne sais pas si c'est un signe ou bien le hasard, mais je viens d'atterrir devant chez moi.

Devant l'immeuble que je n'ai pas vraiment fréquenté au final, je m'avance vers lui et remarque que ma voiture et toujours garé sur le parking. Mes affaires sont peut-être encore à l'intérieur de l'appartement, mais je n'ai pas les clefs. Tant pis j'aviserais une fois devant la porte.

J'ouvre la porte du hall de l'immeuble, le concierge n'est pas là. C'est une bonne chose au final, je m'approche de son bureau et vois un tableau avec les doubles des clefs de chaque appartement. Il me faut quelques minutes pour examiner les numéros,
3D,
C'est le mien !

Je saisis les clefs, me retourne pour m'assurer que personne ne me voit et fonce dans l'ascenseur. L'attente et longue, ce n'est peut-être qu'une impression parce que je ne veux pas qu'on m'aperçoive, ou alors il a vraiment ralenti.
Aucun moyen de le savoir, je ne suis pas resté longtemps ici.

Les portes s'ouvrent enfin, je déverrouille rapidement la porte de mon appartement et entre à l'intérieur en prenant soin de refermer la porte.

C'est quoi cette merde? C'est pas mes affaires!

Tout a changé, la décoration, la disposition des meubles. Où sont mes affaires?!

Je décide de sortir de l'appartement avant que le propriétaire des lieux revienne. Au moment où je refermée la serrure, une voix m'interpelle.

— Eh vous ! Qu'est-ce que vous faites !?

Je recule surprise et me tourne vers mon interlocuteur.

— Malia...?

L'homme lâche les sacs qu'il tient dans ses mains et se précipite sur moi, ses mains viennent saisir mon visage de part et d'autre de mes joues alors que ses yeux m'examinent.

— Je vais bien, je... je... croyais que mes affaires étaient encore ici...

— Elles sont dans mon garde-meubles, je n'étais pas sûr que tu reviennes. Où étais-tu ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?!

Je ne réponds pas, c'est comme si mon cerveau affiché un code d'erreur et refuse de fonctionner. Nate le voit, il sort des clefs et ouvre mon ancien appartement.
Il est le propriétaire c'est vrai, mais je ne pensais pas qu'il habiterait ici, je croyais qu'il l'avait loué a quelqu'un d'autre...

Il retourne chercher les sacs sur le sol et m'accompagne à l'intérieur de l'appartement où il me fait assoir sur le canapé. Il part quelques minutes chercher une trousse de secours puis reviens et s'assoit à côté de moi.

Je sens des larmes monter à l'intérieur de mes yeux et tente de les retenir, mais Nate la vite remarquer. Il ne dit rien et se contente de prendre quelques compresses qu'il humidifie avec un désinfectant.

— Qu'est-ce qui t'est arrivé ? chuchote-t-il.

Il tapote ma plaie à la tête et enlève le sang qui a coulé par la même occasion.

Je fixe le sol, je n'ose pas le regarder dans les yeux. Au fond de moi, je sens que des mots veulent sortir, mais j'ai l'impression d'être une enfant qui ne sait pas parler. Je me retrouve incapable de prononcer le moindre mot.
Je finis par redresser la tête alors que des larmes s'échappent de mes yeux.

— Il m'a violé, réussis-je à articuler alors que mes yeux morts de honte rencontrent les siens

Nate a le visage qui se remplit de colère, il saisit mon visage.

— Qui ? Qui a fait ça ?!

— La créature de l'ombre...

Il ne dit rien, je ne suis pas sûr qu'il connaisse Kai. Tout le monde connaît Kai. Argumente Malia, argumente.

— Il... il m'a kidnappé et il m'a emmené dans un chalet. Au début, il disait qu'il voulait me garder auprès de lui, que j'avais été la seule personne gentille avec lui depuis son internement... puis il a changé. Il est devenu complètement fou et il m'a...

J'éclate en sanglots, Nate réagit dans la seconde et me prend dans ses bras. Je pleure toutes les larmes de mon corps et tente de reprendre ma respiration à plusieurs reprises.

— Quand il en a enfin eu marre... Il m'a obligé à le suivre dans ses tueries et... il a fini par me jeter de la voiture et je suis tombé tout droit dans un ravin...

Je relève ma tête de son corps.

— Je veux seulement rentré chez moi, m'exclame-je la voix enrouée.

— Ça va aller, je te le promets...

Il colle mon front contre le sien et essuie mes larmes avec ses pouces.

Une fois calmée et au bout de plusieurs minutes de silence, je décide de relancer la conversation.

— Tu as dû penser que j'étais une arnaqueuse pas vrai ...?

J'accentue les traits de mon visage pour qu'il y voie une immense culpabilité ainsi qu'un sentiment de honte.
Nate qui était allé dans la cuisine pour préparer à manger, revient vers moi et saisit ma main.

— Non, non. Il souffle. J'y ai pensé au début, mais j'ai repensé à nos rencontres. J'ai senti dès le début que tu étais quelqu'un de bien Malia et cette vilaine pensée c'est vite en aller de mon esprit. Il marque une pause et reprend. C'est pour ça que je me suis installé ici, je savais que tu allais revenir.

Je hoche la tête et esquisse un léger sourire.

— Malia.. On va devoir aller à l'hôpital et parler a la police d'accord ?

J'acquiesce, prends une inspiration et m'exclame.

— Tu as raison. Je veux qu'il le retrouve, et je veux qu'il paie pour ce qu'il m'a fait.

Malia - Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant