Chapitre 44: Un retour mouvementé

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Le radio réveil sonna ce matin de fin mai, dans la chambre des filles. L'engin de torture se mit à grésiller plutôt que chanter, sûrement qu'il ne captait pas très bien la fréquence radio. Fronçant des sourcils par-dessus ses yeux encore endormis, Nya grommela et plaqua un bout d'oreiller sur sa tête pour préserver ses tympans à défaut de les crever...

- Qui a osé mettre le réveil un dimanche matin ?? brailla-t-elle.

Elle se tourna contre le mur en pestant et sentit Sarah se retourner d'un air hargneux dans le lit superposé au dessus d'elle. Dans l'autre lit de la pièce, Angèle s'assit en catastrophe sur son matelas et se précipita sur le radio réveil posé sur une étagère.

- Oh pardon, pardon !! Je suis désolée j'ai oublié de le couper hier !!

- T'abuses Angèle ! pesta Sarah.

- Au temps pour moi, je suis désolée les filles ! piailla l'ange.

Enfin elle fit taire le radio réveil qui émettait plus de friture qu'autre chose.

- Pff sept heures un dimanche ! s'indigna Nya en roulant sur le dos. Moi c'est neuf heures minimum pour récupérer de la semaine.

- Râle pas on commence plus tard les cours à cause de l'emploi du temps aménagé, dit Gabi en balançant les jambes hors dans son lit.

Elle posa les pieds sur le linoléum, chaussa sa paire de Crocs verte et usée et se traina à la fenêtre pour ouvrir le volet. La manivelle grinça comme à son habitude et un ciel couvert s'afficha derrière la vitre...

- J'en ai par dessus mes cornes de ce temps de merde, souffla Sarah en jetant un œil à la météo.

- Debout à sept heures un dimanche matin et en plus il fait moche... gémit Nya en serrant son oreiller et sa couette.

- Je suis vraiment désolée ! répéta Angèle, pleine de culpabilité. D'habitude je laisse le réveil jusqu'au samedi à cause du cours d'escalade et je le coupe le soir. Mais là je ne sais pas pourquoi j'ai oublié....

- Sûrement un signe... Bah au moins on perd pas la matinée au lit... temporisa Gabi.

Elle retourna à son lit d'un pas traînant en se grattant la nuque sous son épaisse masse de cheveux noire et emmêlée. Angèle était en train de descendre de son lit en hauteur par l'échelle quand soudain Gabi s'immobilisa. Ses yeux se révulsèrent, sa respiration se tut et Angèle lâcha un petit cri aigu.

- Les filles !!! Ça recommence !

- Pour la cinquième fois de la semaine Angèle : Gabi a juste une vision ! rappela Sarah. Elle va revenir à elle, dire que « c'est rien » et basta.

- Oui enfin ça fait aussi cinq fois qu'elle marmonne des trucs chelou à propos de cœur de poisson et du marais en bas... ajouta Nya.

Angèle fit un bon sur place quand Gabi reprit soudainement sa respiration après une longue apnée. Les yeux de cette dernière - du moins celui visible étant donné que l'autre était caché par sa mèche de cheveux en broussaille - reprirent leur position initiale. Elle avait l'air horrifié et fixait dans le vide, la bouche entrouverte marmonnant quelque chose d'inaudible.

- Gabi ? s'enquit Angèle en lui posant une main sur le bras.

La brune lui saisit immédiatement le poignet et son visage s'emplit alors de panique.

- Vite... Angèle viens avec moi !!

Gabi se jeta sur la pile informe de vêtements trop sales pour être rangés dans l'armoire et trop propres pour aller au sale et piocha un jean, un teeshirt et un pull.

II) La mémoire des DouzeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant