Chapitre 42: Un quotidien monotone

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La météo du Premier monde ne changeait plus depuis des mois... Personne n'aurait été capable de dire que c'était le mois de mai en ce moment. Le ciel était toujours gris, le brouillard squattait les fonds de vallées et l'humidité et le froid étaient tout bonnement insupportables. Il n'y avait pas que la météo qui restait immuable. La vie à l'Academy suivait un bon quotidien et élèves comme profs en avaient petit à petit assez. Assez de continuer à vivre normalement alors que dehors, au-delà du dôme de magie protégeant l'école et une grande partie de la ville,  c'était le chaos...

— C'est pourquoi cette scène du portrait dérobée est une scène très théâtralisée dont les metteurs en scènes pour film doivent se régaler !!

Il n'y avait que le prof de français ce matin là pour s'extasier devant le livre La Princesse de Clèves et vivre son film dans sa tête. En face de lui, les vingt-cinq élèves mélangés de toutes les anciennes classes de première luttaient contre le sommeil, car si le prof n'avait pas un physique de sirène sa voix possédait néanmoins leur pouvoir soporifique.

— Maintenant qui va lire la suite ? Ah Mattéo ! Au lieu de surligner l'intégralité de votre livre vous allez nous lire la scène suivante.

— Oh non monsieur ! pesta l'elfe.

Mais le prof insista. À contre cœur, Matt dut lire les paragraphes écrits en vieux français, en espérant que son expression faciale soit suffisamment convaincante pour qu'on l'achève sur place. Échouée sur sa table, Gabi soupira en cliquant son stylo quatre couleur. Elle jeta un œil à l'extérieur. Depuis les salles de classes on pouvait deviner les contours du dôme transparent de magie qui recouvrait la ville et ondulait par endroit. Il s'agissait du seul rempart contre les Ombres et les détraqués qui s'étaient multipliés à l'extérieur.

— T'as raison c'est morose comme temps, approuva Nya à voix basse.

Sa voix basse était en fait très bien audible par tout le monde.

— Il fait moche quoi, dit Gabi en regardant les nuages dans le ciel.

— Je n'ai pas l'impression d'être au mois de mai moi, dit Angèle en se retournant sur sa chaise. D'habitude il commence à faire beau et chaud, on sort les tee-shirts et y a cette ambiance des grandes vacances qui arrivent mais cette année...

— Cette année y a une épidémie d'Ombre qui a débarqué et malgré cela on doit se coltiner les cours ! pesta Derak. Sérieux, renvoyer les détraqués chez eux et nous laisser moisir ici, moi je vais porter plainte !

— Si c'est au niveau régional c'est normal de nous garder en cours, contredit Angèle. Ils ne peuvent pas annuler les examens et nous faire passer en classe supérieure comme ça. Et encore moins tous nous faire redoubler.

— Vous parlez de quoi ?? demanda Matt, avide de commérages, une fois sa lecture terminée.

— Juste de la situation de merde du moment, grogna Sarah.

La sonnerie retentit juste au moment où le prof allait interroger Pix, histoire de connaître le son de sa voix pour reprendre les termes. Les élèves sortirent dans les couloirs, bien contents que la journée soit terminée.

— Le bon côté des choses c'est que y a plus de détraqués dans l'enceinte de l'établissement ! lança Matt en serrant les sangles de son sac.

— Le côté chiant c'est qu'on est confiné ici et qu'on peut pas sortir de la ville sans se faire agresser direct, dit Derak.

— Et qu'on doit partager la salle commune avec les secondes et les terminales, ajouta Sarah.

Le parc de l'école était humide, comme toujours... Tassée sur elle-même dans son anorak, Gabi soupira. Il aura fallu du temps mais tous avaient à peu près repris une vie normale. Comme quoi les choses s'arrangeaient d'elles même. Cependant, les semaines passaient et Gabi n'avait toujours pas la moindre nouvelle de Ren. Les dernières informations sur lui et sa situation remontaient déjà à quelques temps. Peut-être trois ou quatre semaines s'étaient écoulées depuis qu'elle avait croisé Aguamarine à l'Horloge, toute seule.

II) La mémoire des DouzeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant