Epilogue

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8 août 3994, Deuxième monde

Talia Scarlett détestait être habillée en civil. Elle se sentait toujours nue sans son chapeau à plume, son manteau de capitaine ou encore son sabre à la ceinture. Mais pour ce voyage en train depuis le Havre, elle s'était résolue à porter une tenue plus discrète : une chemise blanche aux manches retroussées, un veston rouge ainsi qu'un pantalon sombre. Sa bonne vieille paire de bottes à talons claqua contre le quai de la gare au moment de descendre du train avec sa valise en cuir.

Après quatre mois à travailler sans relâche sur son fidèle Ecarlate et à enchaîner les voyages dans l'Atlantique elle avait posé deux semaines de vacances pour pouvoir venir à Occlasia comme promis depuis sa séparation avec le reste groupe. Lettres, télégrammes et parfois entrevues à l'Horloge avaient conservé un peu de lien, mais rien ne valait des retrouvailles en chair et en os. Après un trajet de quelques heures en train, elle mettait enfin un pied dans cette ville, fief de Scorpio, Charlie et maintenant Luka.

Talia admira les nombreux bâtiments en briques rouges et aux balcons en fer forgé tout autour de la place de la gare. Taxis à vapeur et triporteurs se disputaient la place aux voitures sur la route et tout le monde s'insultait joyeusement, ignorant presque les coups de feu qui fusaient par moment. La capitaine remarqua deux personnes, des assassins, en train de se tirer dessus sur le parvis de la gare. Les gens situés dans leur zone de tir se dépêchaient de passer en panique, courbés en avant pour ne pas se prendre de balle perdue, tandis que ceux plus loin se contentaient de regards désintéressés.

Agacée par le bruit, Talia attrapa son pistolet à sa cuisse, le chargea et tira. Juste deux coups et les deux plombs se logèrent dans la tête des deux assassins en train de se battre à quelques mètres de là. Leurs âmes complétèrent grassement le récolteur de Talia et les deux corps se dispersèrent en poussière avec le vent qui soufflait. La capitaine laissa son esprit divaguer le temps que le métro passe au dessus de sa tête, serpentant le long de son rail aérien. Enfin elle aperçut deux visages familiers se faufiler entre les voitures à l'arrêt dans l'embouteillage.

- Salut Talia !! s'exclama Charlie en venant à sa rencontre. Tu as fait bon voyage ?

La jeune femme blonde se précipita vers la quinquagénaire et lui fit une longue étreinte, ravie de la revoir après tout ce temps. Souriante, Talia la lui rendit de bon cœur puis les deux femmes se firent la bise. D'abord hésitante, la capitaine fit aussi la bise à Scorpio en guise de bonjour.

- Je préfère le roulis de mon bateau plutôt que les vibrations des wagons sur les rails, dit-elle. Mais globalement le voyage s'est bien déroulé. Comment allez-vous depuis le temps ?

- Oh moi la vie suis son cours, lança Scorpio qui avait l'air radieux.

- Et moi je me suis lancée dans des observations et des analyses des techniques des assassins de la ville et ça fait un carton au journal ! s'exclama Charlie, toute aussi radieuse. Mes articles ont l'air d'être bien apprécié !

- Super ! fit Talia.

Scorpio lui proposa de prendre sa valise et ils rejoignirent le trottoir en face de la gare pour se diriger vers un café.

- Et toi ça va Talia ? questionna Charlie, soucieuse. Tu... tiens le coup ?

La capitaine décela immédiatement l'objet de cette inquiétude. Ces quatre mois sans son fils avaient été très compliqués pour elle. Plusieurs fois elle s'était enfermée dans sa cabine pour y pleurer, histoire de soulager sa peine. Mais globalement elle allait un peu mieux. Elle la rassura.

II) La mémoire des DouzeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant