Chapitre 23: Des ennemis longtemps séparés

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Le temps s'était suspendu... Le cœur de Ren se mit à cogner, très fort... Lentement, n'osant à peine bouger, son regard pivota sur sa droite. Un pistolet en laiton était pointé sur sa tempe... Les yeux de Ren remontèrent le long d'un bras, puis sur un visage en tout point identique au sien, ce qui le rendait malade.

Un sourire carnassier et malsain déforma cette figure de sosie. Des yeux couleur sang se remplirent de sadisme quand enfin ceux de Ren croisèrent ce regard.

Stone.

Ren reprit une minuscule inspiration par le nez, pour faire un minimum de bruit. Ses doigts serrèrent inconsciemment le petit miroir de poche qu'il venait de trouver entre les livres de la bibliothèque. Le canon glacial du pistolet glissa de sa tempe à son front, dégageant quelques mèches de cheveux au passage ; tandis que Stone le contournait pour se planter face à lui.

Les neurones de Ren décidèrent de faire leur travail quand l'assassin lui fit son sourire en coin moqueur, qui n'allait clairement pas avec son regard de psychopathe. Une voix sourde remonta de la gorge de Ren.

— Non mais qu'est-ce que tu fous là ?? demanda-t-il en détachant chaque mot.

Stone lui répondit par un ricanement, tout en tapotant la détente de son pistolet avec l'index. En un an, il avait changé... Ses cheveux de jais, possédant la même implantation hasardeuse que Ren, lui tombaient maintenant jusqu'au milieu du dos et lui masquait une partie du front.

Une balafre brune qu'il n'avait pas avant courrait désormais sur sa joue droite, exactement au même emplacement que la cicatrice de Ren. De sa mâchoire jusqu'à son front en passant par sa pommette et sa paupière inférieure, elle croisait une entaille plus vielle sur la joue, à horizontale, ce qui formait presque une croix. Ren se souvenait parfaitement de ce jour où il avait lui-même tailladé le visage de son alter-ego avant de rentrer dans son monde...

Hormis sa boucle d'oreille à droite – un petit cristal rouge et un engrenage doré – il ne portait pas du tout ses vêtements habituels à la mode dans son monde. Un sweat à capuche noir, un jean et surtout une paire de baskets que Ren avait cherché le matin même. C'étaient ses affaires.

— Je t'ai manqué ? demanda Stone.

L'air ahuri, Ren ne put que le fixer bêtement dans les yeux, ce qui provoqua un nouveau sourire moqueur.

— Qu'est-ce que... comment tu... Pourquoi... Mais qu'est-ce que tu fous là bordel ?!

Le sourire de Stone se transforma en moue de réflexion.

— Là devant toi ou là dans l'univers ?

Une première pensée s'échappa de la marée de questions qui déferlait dans la tête de Ren. Je vais le buter. Puis il re-examina la situation. Il avait un flingue pointé sur son front et la moindre pression sur la détente lui enverra un plomb dans la cervelle. Il déglutit à cette pensée. Là, il ne pourra pas revenir comme dans le Deuxième monde. Le moindre coup restera fatal...

— Chais pas, continua Ren pour gagner du temps. Là sur mon chemin pour commencer !

Il glissa le miroir dans sa poche puis ne perdit pas un seul instant. Sa main se verrouilla sur le poignet de Stone et d'un mouvement rapide il dégagea le bras de son alter-ego. La balle partit au même moment et la détonation fut assourdissante. L'étagère de la bibliothèque au dessus de Ren explosa et fit pleuvoir échardes et sciure de bois.

Stone hurla d'un rire dément devant la situation et Ren lui envoya son front droit dans le nez. Il sentit le cartilage craquer au moment du choc et Stone tituba en arrière. Ren lui arracha le pistolet et partit en courant pour s'abriter, loin de ce malade. Stone continua à glousser un moment, penché en avant, les épaules parcourues de soubresauts. Il releva la tête en se léchant la lèvre supérieure pour essuyer le sang qui coulait de son nez.

II) La mémoire des DouzeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant