Chapitre 16: Un peu d'Histoire

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La reprise des cours fut plutôt brutale pour à peu près tout le monde. La météo orageuse n'encourageait déjà personne à sortir de sous ses couettes pour aller se tremper le temps de rejoindre les salles de classe au château. Mais en plus les profs avaient décidé de mettre les bouchées doubles pour les contrôles communs de fin d'année.

Le prof de français leur fit revoir tous leurs textes et l'intégralité des méthodes de dissertation et de commentaires, de quoi lessiver le cerveau de tous les élèves. En cours de science, un détraqué avait eu le malheur de tester une réaction de combustion avec de l'alcool à brûler, mettant le feu à sa paillasse et faisant sauter les plombs de l'aile de chimie au passage. La prof interdit quiconque de toucher au matériel de travaux pratiques jusqu'à la fin de l'année.

Quant à Vautour et Ashe, après une séance d'excuse pour la sortie catastrophique en pleine nature, ils décidèrent de transformer leurs élèves en véritable groupe commando. La pluie et les orages ne leur laissèrent pas de répit et tous accumulèrent des heures de course et de pompes sous la flotte et dans la boue.

— J'en peux plus, que quelqu'un me tue, suppliait Derak après chaque séance de torture.

Naturellement, à cause de son infarctus, Ren fut dispensé de sport durant deux semaines supplémentaires, le condamnant à l'infâme tâche de l'arbitrage. Ce qui, avec les boulets de sa classe, équivalait à discipliner un groupe de frelons. Heureusement Ashe l'autorisa à pratiquer l'escalade durant les séances du samedi, ce qui lui faisait un petit exutoire dans la semaine.

En dehors de ce créneau, Ren restait donc à moisir sur un banc avec un sifflet pour annoncer des fautes lors des matchs de hand ou encore à observer le reste de la classe souffrir le long des parcours commando sous les averses. Lui avait un parapluie et les autres prenaient la douche. Une maigre récompense face à l'inactivité...

Dans le courant de la semaine Ren et Sarah s'étaient fait une pause goûter au café de l'école, avec Matt et Nya, pour enfin pouvoir les mettre au courant de toute la situation. Les détraqués, les Ombres et enfin Pix. Dehors la pluie s'était calmée, laissant place à un vent à décorner les bœufs et aux lourds nuages d'orages à l'horizon. Le temps était aussi glauque que la conversation.

—  J'étais possédé par ces trucs ?? brailla Nya. Les machins de pétrole qui m'ont pris pour du poisson à pêcher ?

Ren confirma et la jeune fille ouvrit des yeux ronds. Étrangement le traitement par la musique que lui avait fait Angèle s'était révélé efficace : ses iris avaient retrouvé leur éclat gris métallisé d'antan. Elle n'avait plus ce regard vide et fou qu'elle avait dans la forêt, lorsqu'elle s'était jeté à la gorge de ses amis.

— Damn, souffla Nya en serrant sa tasse de chocolat chaud entre ses mains. Dire que j'étais aussi zinzin et que je vous ai attaqué sans faire gaffe. Je vous jure que j'étais absolument pas consciente de ce que je faisais ! J'avais l'impression d'être prisonnière de mon corps, dans le noir total. Avec maux de tête et acouphènes en prime.

— C'est flippant ce que tu dis ! fit Matt. En fait : c'est tout ce que vous dites qui est flippant. Sérieusement des créatures des ténèbres qui transforment les gens en zombies c'est un scénario de film ça ! Et puis pour Pix ! C'est tiré par les cheveux comme explication quand même !

— Une double personnalité ça paraît effectivement difficile à avaler, poursuivit Nya. Mais c'est une chose plausible pour expliquer ses sautes d'humeur et son comportement... lunatique.

— Bref, et tout ça c'est Gabi qui vous l'a dit ?

Ren et Sarah acquiescèrent ensemble. En face d'eux Matt et Nya se consultèrent du regard, d'un air sceptique.

II) La mémoire des DouzeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant