Chapitre 27: Retour dans le Deuxième monde

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Balloté dans tous les sens, perdu dans l'obscurité, Ren avait la sensation de chuter. Durant une petite seconde qui dura l'éternité, il fut coupé du monde. Comme s'il n'existait plus ni dans le Premier, ni dans le Deuxième, ni dans le Troisième. Juste à la frontière des trois.

L'irrégularité douloureuse d'une route pavée accueillit la réception de sa chute et les sons revirent d'un seul coup à lui. Un brouhaha urbain composé de la rumeur de la foule, d'un grondement de tramway et des bruits d'une circulation emplit ses oreilles. Sonné, il roula sur les pavés qui prenaient un malin plaisir à lui brûler la peau. Un vieux Klaxon se mit à cracher dans son dos.

Il se mit à quatre pattes et se redressa avant de se rendre compte qu'une vieille voiture à vapeur lui fonçait dessus, le conducteur en train de lui vociférer de dégager de la route. Des bras lui entourèrent alors le corps et des mains le saisirent fermement. Ren fut poussé avec force sur le côté, évitant de justesse les roues en bois de la voiture. Il se cogna contre le rebord d'un trottoir, collé à un autre corps.

— Sales gosses ! hurla le conducteur en s'éloignant. Allez jouez ailleurs !!

Encore sous le choc, Ren se retourna avec peine sur le dos et se redressa sur ses coudes. Il découvrit Stone étendu à côté de lui, le lâchant à peine après l'avoir poussé de la route et dégagé de la circulation.

— Connard !! hurla Stone à l'intention du chauffard.

Il grimaça en se redressant, tituba à cause du tournis et se laissa retomber sur les fesses à côté de Ren, qui n'en revenait pas.

— Tu... Tu viens vraiment de me sauver la vie là ?

— Hein ? fit Stone en se tournant vers lui, un sourcil arqué et une bouche ouverte en travers.

L'assassin regarda autour de lui, une narine retroussée. De chaque côté de la rue pavée s'élevaient des bâtiments de bois et de briques, surplombés de vieilles cheminée crachant de la fumée grise et d'ancien réservoir d'eau en laiton. Un monorail aérien en cuivre passa le long de son viaduc dans un vacarme mécanique difficilement supportable.

Les passants étaient tous vêtus à l'ancienne, dans un style victorien et gothique mariant à merveille cuir, métal, chemises à manches évasées, costumes, vestons, chapeaux melons et bottes de cuir. Et tous étaient équipés d'armes anciennes et portaient des pierres de récolteurs colorées.

— Ah mais c'est le Deuxième monde, fit Stone.

Il ricana puis se tourna vers Ren avec une expression démoniaque qui n'augurait rien de bon.

— Ça veut dire que j'aurais pu te laisser crever !!!

Il se jeta sans crier gare à la gorge de Ren et le renversa en arrière. Le brun lâcha un cri de surprise et attrapa les poignets de son alter-ego pour le forcer à lâcher le col de son sweat.

— On est rentré à la maison, je vais pouvoir te tuer plein de fois !! rit Stone.

— Dégage t'es lourd !!! cria Ren.

Il replia une jambe sous le ventre de Stone et le fit basculer sur le côté. Reprenant l'avantage, mais toujours à moitié étranglé, Ren fila une droite à Stone pour le faire lâcher. L'assassin cracha un peu de sang sur le côté et retourna Ren comme une crêpe. Les deux roulèrent sur le trottoir sans se lâcher. Ren se mangea à son tour une droite dans le visage et saisit Stone par les cheveux puisqu'il y avait là une prise facile.

— Mais tu vas me lâcher bordel ??

— Aïe ! Pas les cheveux !!

— Vous voulez que je vous aide tous les deux ? demanda une voix grave et blasée.

II) La mémoire des DouzeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant