J'aimerai garder le meilleur de ceux qu'on était ☁️

VIII.

Héléna décide de retourner discrètement au château pour prendre sa banane et ressortir fumer une cigarette pour se détendre seule, loin du stress des évaluations et du reste. Malheureusement pour elle, Axel l'a entendu ouvrir puis fermer la porte, il la rejoint donc aux sapins pour lui parler.

Axel : Ma piouce ?

Elle ne l'a pas entendu arriver et sursaute, le jeune brun échappe un petit rire et s'approche.

Axel : Ça va ?
Héléna : Tu m'as fait peur !

Dit-elle une main sur la poitrine.

Axel : Déso ma piouce. Mais je veux dire, ça va les évals ? Pourquoi t'es partie, c'est pas sensé être à trois ?
Héléna : Si,si, si...
Axel : Mais...?

Elle ne répond pas, écarquille les yeux, ramène sa cigarette à sa bouche.

Axel : Ça se passe pas bien avec mon Piou-Piou et le guitariste ?

Il pose sa question sous forme de plaisanterie, mais elle ne réagit pas et baisse les yeux, ne répondant toujours pas aux questions de son ami.

Axel : Sérieusement Hélé, répond moi.
Héléna : Qu'est-ce que tu veux que je te réponde ? Tout va bien, j'avais juste envie de fumer une clope.
Axel : Je te connais maintenant, et moi aussi j'ai vu qu'il y avait un malaise avec Pierre...
Héléna : Comment ça ?
Axel : Ta tête quand il t'as choisi...
Héléna : Mais qu'est-ce que vous avez tous avec ça ? On est des humains, on a des sentiments, des ressentis différents, on a pas d'affinités, donc c'est normal que je lui ai pas sauté dessus quand il m'a choisi ? J'ai encore le droit de ne pas être meilleure ami avec tout le monde non ?!

Elle part précipitamment vers la salle de danse, laissant un Axel démuni et non-fumeur planté au milieu des sapins. Héléna ouvre brutalement la porte de la pièce où Pierre et Djebril se trouvent encore, les faisant sursauter tous les deux.

Pierre : Ah Hélé...

Djebril lui lance un regard pour le faire comprendre qu'il ne doit pas finir sa phrase, Héléna s'avance vers eux, ne dit rien, puis voyant qu'ils attendent qu'épluche chose, sa langue finit par se délier.

Héléna : Je suis désolée d'être partie comme ça, j'ai sapiné, maintenant ça va mieux. On reprend ?
Pierre : T'aurais peut-être pas dû avant de chanter...
Djebril : Pierre...
Pierre : Oui, pardon. On reprend, Héléna tu peux te mettre au piano s'il te plaît ?
Héléna : Ok. Tu veux que je joues ?
Pierre : Non t'inquiètes, juste tu t'assoies. On va mettre la musique sur la tablette.

Ils répètent ainsi pendant deux bonnes heures avant de retourner au château pour manger et se coucher. Héléna monte immédiatement après le repas, elle s'endort en écoutant sa chanson d'évaluation, voulant mettre toutes les chances de son côté malgré la tension qui règne dans son équipe.

Lundi matin :

Les évaluations viennent de commencer, l'équipe de Julien, Lénie, et Candice sont passés les premiers, ils ont assurés leur chanson, et en partie grâce à Candice  leur improvisation de théâtre  a été bien réussie.
C'est maintenant au tour de Pierre, Héléna, et Djebril de se rendre en salle de danse. Depuis la veille, à part pour répéter avec ses coéquipiers, la belge n'a quasiment pas adresser la parole à qui que ce soit.
Voyant qu'elle n'était ni dans son état normal, ni ouverte au dialogue, tous ont préféré la laisser tranquille, afin qu'elle se concentre sur sa prestation. Ils étaient effectivement presque tous persuadés que son état était simplement lié aux conditions particulières des évaluations.
En effet, tout le monde savait que le côté comédie musicale, qui plus est en équipe, le lundi et avec une immunité à la clé était encore plus stressante, mais ils savaient aussi que si Héléna avait toujours discuté avec Djebril et qu'ils se rapprochaient de plus en plus, ils savaient aussi qu'elle se refusait à nouer de quelconques liens avec Pierre, au malheur de celui-ci qui ne comprenait pas les raisons de la jeune femme.
Ils entrent tous les trois, explique leur choix de chanson, se positionnent comme prévu, puis se mettent à chanter « L'important c'est d'aimer »  de Pascal Obispo.
Tout le long de la chanson, Héléna retient ses émotions, elle essaye de ne pas se laisser déborder, ne pas ouvrir les vannes. Chanter cette si jolie chanson avec Djebril, mais surtout droit dans les yeux de Pierre au vu de ce qu'ils ont vécu, est pour elle réellement difficile.

« L'important c'est d'aimer, pour tout donner
L'important c'est d'y croire sans s'en apercevoir
L'important c'est toujours d'être en amour
L'important c'est donner, et ne rien demander

L'important c'est d'aimer, pour tout donner
L'important c'est d'y croire sans s'en apercevoir
D'aimer quand même
Comme je voudrais que l'on m'aime. »

Ils sont tous les trois face aux professeurs, se regardent droit dans les yeux sourires aux lèvres, tour à tour.
À ce moment-là, sur ces mots, une boule se noue dans le ventre d'Héléna. Elle est partagée entre des sentiments très différents. Elle ne peut pas chanter une chanson d'amour à Pierre comme si de rien n'était. Pas à lui, probablement son premier et pour l'instant son seule vrai et grand amour, le père de sa fille, qu'elle n'a pas vu depuis 4 ans, mais qu'elle voit dans les traits de Rosalie tous les jours. Pas à lui, qu'elle a tant aimé puis qu'elle a essayé d'oublier, en vain, alors que lui, visiblement, l'a oublié depuis bien longtemps. Ravi de chanter cette chanson avec elle, se demandant naïvement pourquoi elle était gênée de chanter cette chanson avec lui et pourquoi elle ne voulait pas qu'ils se rapprochent.