XVII.

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Jeudi soir :

À l'issue du premier prime de demi-finale, c'est Julien qui a décroché sa place pour la finale, et il ne reste plus que deux jours à Pierre et Héléna avant de jouer leurs places pour savoir qui sera le deuxième finaliste aux côtés de Julien. Évidemment, depuis vendredi, rien ne s'est apaisé, Pierre et Héléna ne se sont pas reparlés, et la tension qui règne au château est plus que palpable. Ce soir, pendant que Julien lit tranquillement dans le salon, ils sont tous les deux en salle de chant avec Marlène et Lucie, et ils s'apprêtent à répéter « Une nuit sur son épaule » de Véronique Sanson, qui au vu des circonstances, est particulièrement dur à chanter, autant pour Pierre que pour Héléna. Finalement, voyant que ni l'un ni l'autre n'est vraiment en conditions pour interpréter cette chanson au mieux, les répétitrices décident de prendre les choses en main.

Lucie : Bon, mes chéris, je vois bien que vous n'êtes pas tout à fait dans le... mood, pour faire cette chanson maintenant, le problème c'est que vous avez plein d'autres choses à chanter, qu'on est presque au prime, et que j'aurais besoin de vous entendre encore une fois dessus ce soir pour être sûre que tout va bien... Alors, je vais vous proposer quelque chose : Soit vous essayer de vous concentrer 5 minutes et après c'est bon, je vous lâche, mais bon du coup on aura probablement besoin de la refaire  plusieurs fois demain. Soit vous prenez quelques minutes pour souffler, discuter, apaiser les tensions entre vous...

Héléna la coupe.

Héléna : De quelles tensions tu parles ?
Marlène : Héléna, laisse Lucie finir s'il te plaît.
Lucie : Chérie, je te rappelle que j'ai les lives, j'ai eu votre âge avant vous, et je suis peut-être vieille, mais pas aveugle... Bref, je disais, si vous choisissez la deuxième option, on aura peut-être le temps et l'énergie de la faire nickel ce soir, et donc demain ça ira tout droit, on aura pas besoin de la faire 45 fois.

Pierre, bien décidé à comprendre l'attitude plus qu'étrange d'Héléna  jette un regard à sa camarade, mais avant même qu'elle ai le temps de le regarder à son tour ou d'ouvrir la bouche,  il prend son courage à deux mains, et donne une réponse aux répétitrices.

Pierre : T'as raison Lucie, on devrait avoir une discussion, ça nous ferait du bien.

Héléna le regarde avec un air incrédule et de grands yeux écarquillés, à la fois par la surprise de cette initiative et par la peur de la confrontation.

Marlène : Vous avez raison d'écouter Mama Lucie, c'est le mieux.
Lucie : Allez discuter dans le coin où il n'y a pas de caméras, vous serez tranquille.

Murmure la niçoise pendant que le jeune homme a déjà enfilé son manteau tandis qu'Héléna n'a pas bougé, tétanisée par le fait de se retourner seule à seul avec lui, de devoir lui dire... Lucie serre alors doucement sa main et lui fait qu'élues caresses pour la rassurer.

Marlène : Par contre ne sapinez pas en sachant qu'on va reprendre les répèt' juste après, d'accord ?

Pierre hoche la tête en signe d'approbation, et la jeune belge commence à enfiler son manteau avec l'aide de Lucie et son instinct maternel, qui a bien compris que quelque chose clochait entre les deux. Elle prononce alors doucement, presque à l'oreille e ses enfants de coeur :

Lucie : Allez, un peu d'air frais et mettre les choses à plat ne peut vous faire que du bien. Restez calmes, apaisez même le moindre soupçon de tension qu'il pourrait y avoir entre vous deux et reconnectez vous. Je sais que c'est a toujours été un peu... tendu... vous deux, mais ces derniers temps ça allait mieux. Allez, je vous fais confiance, à toute mes p'tits chats !

Pierre marche devant, d'un pas décidé, comme prêt à en découdre avec cette histoire pleine de failles, tandis qu'Héléna traîne le pas, la tête enfoncée sur ses épaules, ses mains gelées frictionnant ses bras pour les réchauffer, elle est frigorifiée. Le normand lui fait signe de se rapprocher de lui pour discuter, ils sont aux milieu des sapins où ils ont l'habitude de fumer. Ils se tiennent face à face, se regardant droit dans les yeux, sans lâcher le regard de l'autre. Pendant une fraction de seconde ils ne disent rien, chacun plongé dans les souvenirs de ce bel été, et de toutes les cicatrices qu'il a causé. Un silence de plomb règne, comme si tout ce qui les entourait s'était donné le mot de ne faire aucun bruit pouvant les sortir de cet embarras, et de toute façon Pierre sait très bien qu'Héléna ne dira rien. Elle est emmurée dans son silence depuis des semaines, elle n'a absolument pas l'attention de changer quoi que ce soit pense-t-il, sinon elle aurait tenté de me ramener la mémoire bien plus tôt. Il hésite quelques secondes avant de se lancer, persuadé qu'elle lui en veut pour une rumeur qui a dû courir à l'époque et que c'est pour ça qu'elle est si distante. Dans tous les cas, elle vit toujours en Belgique, elle a un copain, même un enfant, leurs vies ont bien trop changé maintenant, les années sont passées dessus et rien ne sera comme avant. Finalement il décide quand même d'entamer une discussion, Lucie le lui a demandé, c'est important pour les répétitions. Et puis, après tout, c'est lui qui a choisi de faire un prime entier avec elle, il doit en assumer les conséquences. D'ailleurs, ce n'est pas vraiment pour Lucie qu'il a décidé de lui parler, c'est surtout pour lui. Parce que malgré tout, même s'ils ne se sont pas vus depuis des années, qu'ils ont pris des chemins opposés, qu'elle ne semble absolument pas avoir envie de renouer avec lui, il l'a aimé. Plus que tout. Depuis, évidemment, il a eu d'autres relations, deux sérieuses, relativement longues, mais à chaque fois il repensait à elle, il avait besoin d'elle. Et la vie les a réunis, il doit saisir cette opportunité.

Pierre : Écoute Héléna, je sais que t'es en colère contre moi, je ne sais pas pourquoi, mais sache que j'ai profondément envie qu'on se réconcilie, que ça s'apaise entre nous... Et je crois qu'on en a tous les deux besoin.

Elle ne bouge pas, inspire profondément, elle attend la suite avant de rentré dans le vif du sujet, dans le dur.

Pierre : Tu veux pas me parler, m'expliquer ? Si j'ai fait quelque chose de mal dit le moi, j'ai besoin de le savoir. Je te demande pas de me pardonner, je veux juste qu'on puisse se reparler normalement. Même si ça peut paraître bizarre, j'aimerai vraiment qu'on partage à nouveau des trucs tous les deux. Tu sais, t'as été, et tu es toujours très importante pour moi, et même si je sais que rien ne sera jamais comme avant, ça me ferait vraiment plaisir qu'on discute de temps en temps. Qu'on se raconte nos vies, qu'on parle de musique, de bouffe, de tout, de rien, que tu me racontes tes vacances, que tu me parles de ta fille...

Un silence s'installe, elle décide que c'est le bon moment pour lâcher la bombe. De toute façon il n'y aura jamais de bon moment.

Héléna : C'est la tienne, c'est ta fille.

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Me revoilà pour ce dix-septième chapitre !

Je ne serai probablement pas très présente d'ici mardi, mais je vous souhaite à tous de passer un bon week-end <3

PS : Désolée pour cette fin aha, j'essaye de vous sortir la suite dès que possible ;)

J'aimerai garder le meilleur de ceux qu'on était ☁️Où les histoires vivent. Découvrez maintenant