J'aimerai garder le meilleur de ceux qu'on était ☁️

LXX.

En rentrant dans l'appartement, ils échangent quelques regards, de reconnaissance envers son petit ami pour Héléna, et simplement de bonheur et d'une pointe d'admiration pour cette dernière de la part de Pierre. Ils posent leurs sacs dans l'entrée, puis, machinalement, Héléna ouvre la fenêtre du salon, s'avançant légèrement pour s'appuyer à la rambarde en fer forgé. Pierre, derrière elle, arrive avec le paquet de cigarette et en cale une entre ses lèvres avant d'en passer une à la blonde. Il la lui allume, allume la sienne, passe ses bras autour de son cou, et, longtemps, ils restent ainsi. Dans le calme de cette petite rue déserte au milieu de la nuit, éclairée par un simple lampadaire quelques immeubles plus loin, la fumée de leurs cigarettes se mélangeant, leurs souffles s'accordant et leurs odeurs se mêlant, la notion du temps a complètement disparu. Il est quatre heures du matin bien passées, la journée fut éprouvante et la chaleur commence tout juste à s'adoucir, mais collés l'un à l'autre, comme si ils avaient besoin de l'autre pour maintenir leur équilibre, ils se sentent bien. Et finalement, après de longues minutes de contemplation, c'est Héléna qui finit par pousser un soupir et relever ce que Pierre attendait.

Héléna : Je savais pas que tu m'amènerai ici. Je veux dire en plus ici quoi.

Elle sourit légèrement et montre l'immeuble d'en face quand elle prononce sa dernière phrase. Pierre colle sa joue sur la sienne, déposant un doux baiser sur celle-ci.

Pierre : Avec tout ce qu'on a vécu ces derniers temps, particulièrement depuis quelques semaines, je me suis dit que quelques jours tous les deux nous ferait le plus grand bien. Et c'est ici qu'on a été le plus heureux rien que tous les deux, non ?

Son sourire se fait plus espiègle, et Héléna n'a pas de mal à comprendre le message. Les cigarettes à peine consumées s'écrasent dans le cendrier, les deux amants s'éloignent de la fenêtre ponctuant leur marche à reculons de baisers plus fiévreux les uns que les autres, jusqu'à buter contre le divan en tissu taupe qui trône au milieu de la pièce. Ils partagent un rire, puis, toujours dans leurs provocations habituelles, la jeune femme pousse Pierre sur le canapé et se retrouve au-dessus de lui, ses longues mèches dorées chatouillant son torse désormais nu. La nuit fut donc encore plus courte que prévu, et le parquet du salon du Airbnb rédécoré par les vêtements et sous-vêtements des deux artistes. Aux aurores, la fenêtre toujours ouverte libère une douce brise, apportant un peu de fraîcheur à ce début d'été. Quand elle vient caresser le visage endormi d'Héléna, celle-ci frissonne avant d'enfouir sa tête dans le cou de son amoureux. Il caresse ses cheveux avant de les embrasser tendrement et de murmurer à son oreille.

Pierre : Rendors toi ma belle, on a tout le temps qu'on veut, même toute une vie.

Il voit un petit sourire se dessiner sur le visage de son amoureuse, ne saura jamais si elle l'a vraiment entendu ou simplement sourit dans son sommeil, mais cette image restera ancrée dans son esprit longtemps. Quelques heures plus tard, aux alentours de midi, le couple émergea lentement, leurs corps encore engourdis par le sommeil et l'étreinte partagée cette nuit. Ils plissèrent leurs yeux agressés par le soleil au zénith, puis finirent par quitter le canapé un peu étroit pour eux deux. Héléna passa la première à la douche pendant que Pierre commandait de quoi préparer un brunch au vu de l'heure tardive. C'est déjà vêtue d'une de ses casquettes Carhartt qu'elle portait systématiquement ces derniers temps que la jeune belge refit son apportions dans le salon où Pierre s'affairait.

Héléna : Tu fais quoi ?

Demanda-t-elle en posant ses coudes sur le plan de travail, le menton entre ses mains et les yeux écarquillés, face à son amoureux qui enchaînait découpe d'avocats et jolie présentation de tartines dans une assiette.

Pierre : Je nous prépare un brunch ma belle, tu vas te régaler !

Héléna : Mmh, te coupes pas un doigt quand même.