J'aimerai garder le meilleur de ceux qu'on était ☁️

XIX.

Il est encore tôt, mais Héléna et Pierre sont déjà dans la voiture qui les conduit jusqu'au studio 217. Depuis leur longue discussion hier soir ils n'ont pas reparlé, mais entre eux tout est un peu plus fluide. Ça n'est encore pas parfait, tout n'est pas encore réglé, et c'est normal, mais maintenant le jeune homme connaît la vérité, et c'est l'essentiel. Ils ont dormi une grande partie du trajet, mais il reste encore une bonne trentaine de minutes quand Héléna sort de son sommeil. Nerveuse, elle joue avec ses doigts, observant Pierre qui est appuyé à la portière et à la vitre. Ils ouvrent doucement les yeux, et il capte immédiatement sa nervosité.

Pierre : Ça va ? T'as pas l'air bien...
Héléna : Si t'inquiètes, c'est... c'est juste le prime, c'est tout.
Pierre : Mouais. Tu peux me parler tu sais. Je sais qu'on va pas devenir meilleurs amis du jour au lendemain mais tu compte beaucoup pour moi, surtout maintenant, et c'est important que je sois là.
Héléna : Écoute Pierre, c'est adorable, mais tout va bien.
Pierre : Hélé, je te connais.
Héléna : Bon Pierre, j'ai pas envie qu'on s'engueule, tu peux le comprendre non ?!
Pierre : C'est bon, c'est bon.
Héléna : Je comprends que tu veuilles qu'on se réconcilie et tout, mais c'est un peu maladroit de ta part...
Pierre : Qu'est-ce que tu veux dire par là ?
Héléna : Premièrement, tu dis que je compte beaucoup pour toi, mais tu m'avais complètement oublié, à tel point que tu ne m'a même pas reconnu, c'est moi qui te l'ai rappelé, et...
Pierre : Ça, on en a déjà parlé hier, et je te l'ai déjà expliqué.
Héléna : Je sais, mais laisse-moi finir s'il te plaît. Puisque j'ai tant compté pour toi, comment ça se fait que durant la semaine de la comédie musicale, alors que t'avais quatre chansons au choix, t'ai choisi « L'important c'est d'aimer », sans même te rappeler ce qu'elle signifiait !
Pierre : C'est pas que tu penses...
Héléna : Bah vas-y explique-moi !

Un blanc s'installe, Pierre n'ose plus rien dire, et la jeune femme attend des explications. Plusieurs minutes passe ainsi, dans le silence le plus complet, seul le bruit de la route venait briser ce silence pesant. Finalement, alors qu'ils sont presque arrivés, Pierre finit par reprendre la parole, sans la regarder dans les yeux, tous les deux fixent la route, droit devant.

Pierre : J'ai menti. Je t'ai menti à toi et à tout le monde, je me souvenais de tout depuis le début. Depuis les toutes premières répétitions du premier prime, depuis que je t'ai vu dans cet hôtel, que j'ai senti ton parfum, je t'ai reconnu. Même si j'ai essayé de t'oublier, rien sur cette Terre n'aurait pu t'effacer de ma mémoire. Alors oui, toutes ces semaines je t'ai menti, je me souvenais parfaitement de tout, j'attendais simplement que tu viennes me voir, qu'on puisse s'expliquer. C'est pour ça que je t'ai choisi pour ces évals et que j'ai choisi cette chanson. Je voulais te faire réagir, te retrouver, que tu viennes me parler...
Héléna : Mais pourquoi t'es pas tout simplement venu me parler ?
Pierre : Héléna, dis pas ça, t'étais la première à m'éviter.

Elle baisse les yeux.

Pierre : Évidemment j'ai eu envie de te parler, plusieurs fois même, surtout au début. Mais après j'ai bien vu que tu m'évitais, je comprenais pas pourquoi d'ailleurs, mais j'ai renoncé à te parler.
Héléna : T'aurais pas dû, je t'en ai voulu.
Pierre : En même temps qui m'a évité toute l'aventure alors que j'essayais de me rapprocher ?

Elle baisse à nouveau les yeux, un sourire d'enfant prit en flagrant délit de bêtise au coin de la bouche.

Pierre : Et puis qui m'a quitté en un message alors qu'on était même pas majeur et qu'elle était enceinte de moi, sans jamais m'en parler ?
Héléna : Pierre...
Pierre : C'est vrai non ? Tout ça pour te dire que tu n'as pas à m'en vouloir ou à être distante, moi je ne veux que ton bien, notre bien à tous les deux.

Héléna soupire, relève la tête, plante son regard presque transparent dans les petits yeux noisettes de Pierre, ce qui le déstabilise immédiatement.