J'aimerai garder le meilleur de ceux qu'on était ☁️

LXVIII.

Dimanche deux juin :

Le soleil de la fin de matinée commence à faire percer ses rayons à travers les volets sur les visages endormis et les mèches blondes éparpillées. En sentant la chaleur du soleil de juin caresser légèrement son visage, Héléna ouvre les yeux, puis s'étire doucement. Étonnement, elle n'a pas de mal à se lever, et est même plutôt heureuse de commencer cette journée. Alors qu'elle tente de s'extraire du lit, elle sent une petite main glissée dans son dos. C'est Rosalie, qui, vu l'heure avancée, s'est certainement rendormie après avoir pris son petit-déjeuner. Héléna s'est donc assise au bord du lit, dos à sa fille, et elle a juste tourné sa tête, pour contempler la scène qui s'offre à elle. Pierre semble encore dormir profondément, ses cheveux blonds lâchés ébouriffés tout autour de son visage, il a l'air serein. Pour la première fois depuis trop longtemps, Héléna le sent bien, apaisé, et ça lui réchauffe un peu le cœur. Depuis quatre mois, il court partout, de plateau télé en studio radio en passant par les scènes de la tournée, il est tout le temps en train de travailler, n'a pas le temps de dormir plus de deux heures par nuit, et quand il a le temps, des angoisses l'en empêche. Vendredi, son album sort, et il a autant hâte que peur. Ce premier opus est très attendu, et il pourrait lui permettre d'ancrer encore un peu plus son nom dans la scène francophone actuelle. Ou pas. Il pourrait décevoir les fans et c'est sa plus grande peur. Il lui arrive même d'en faire des cauchemars la nuit. Héléna le sent, et ça commence à l'inquiéter. Elle ne lui dit pas parce qu'il a suffisamment à faire pour ne pas s'occuper des inquiétudes de sa petite-amie en plus, mais elle a réellement peur pour lui en ce moment, surtout que ses problèmes de santé et particulièrement d'oreilles, ne s'arrangent pas. Il a dû louper des dates au Mans il y'a quelques semaines, et s'il continue ainsi il va avoir dû mal à terminer la tournée sur ses deux pieds et sans être malentendant.

Alors en le voyant là, si calme, elle se surprend à sourire, un sourire tendre illumine son visage, presque autant que le soleil qui tape déjà malgré le carreau et le volet. Elle se lève discrètement, contourne le lit, et vient s'asseoir à côté de lui. Elle sent la chaleur de son corps, son souffle régulier, et ça la rassure. Doucement, comme si elle voulait figer cet instant paisible dans le temps, elle replace une mèche blonde, de plus en plus longue d'ailleurs, derrière son oreille. Naturellement, sa main finit par caresser la joue de Pierre, et selon elle, ce moment hors du temps et pourtant si simple, est l'un des meilleurs de ces derniers mois. Elle ne veut pas le réveiller, il a besoin de sommeil et peu importe à quelle heure il se lève, ils n'ont rien à faire avant la fin d'après-midi. Pourtant, suite aux caresses de son amoureuse, il commence à pousser quelques grognements, avant d'ouvrir péniblement un œil, puis l'autre. Ouvrir les yeux semble être un effort surhumain, et pourtant dès qu'il voit ceux d'Héléna le regarder avec tendresse, il sourit. Habituellement, se réveiller est un supplice, il déteste ce moment et rêve de retourner sous la couette, pourtant, avec elle, il a hâte de voir ce que cette journée leur réserve. Avec Héléna c'est comme si, le simple fait de la voir en premier à son réveil était le signe qu'il allait passer une bonne journée. Il se redresse péniblement et attrape sa main gauche, la rapprochant un peu plus de lui. Héléna laisse échapper un petit rire quand son nez se retrouve collé à celui de Pierre et que leurs souffles ne font plus qu'un, alors que quelques minutes plus tôt, le normand était encore dans les bras de Morphée.

Héléna : Je croyais que t'aimais pas qu'on te réveille le matin ?
Pierre : Mmh, ça, ça dépend de qui me réveille le matin.

Répond-il dans un murmure, en faisant glisser ses doigts le long du bras d'Héléna. Rentrant dans son jeu, elle dépose un baiser au coin de ses lèvres, puis remonte le long de sa mâchoire, jusqu'au dessous de son oreille.

Héléna : Comme ça ça va alors ?

Il passe son autre main sous le t-shirt de la jeune femme, trop grand elle puisque à la base il lui appartient. C'est un t-shirt noir, assez simple, avec le logo de l'émission Clique où il avait été invité il y'a quelques mois, et depuis Héléna le porte régulièrement pour se reposer dans le bus ou pour dormir. Sa main remonte le long des côtes d'Héléna, lentement, et le simple fait de sentir les mains de Pierre effleurer sa peau la fait frissonner.