LVIII.

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Héléna ne dira jamais à Pierre qu'elle lui a envoyé un message le jour de son accouchement. Elle a été profondément déçu quand elle a appris que son numéro avait été réattribué, mais c'est ainsi, c'est le destin se dit-elle. Ou du moins c'est ce qu'elle se disait pour se rassurer jusqu'à ce que ce souvenir encore douloureux remonte à la surface. Elle est sortie de ses pensées par Pierre, qui brusquement se redresse et écrase sa cigarette.

Pierre : Tu viens ?
Héléna : Hein, quoi ?
Pierre : Bah je retourne dans la chambre de Rosa, tu viens ?
Héléna : Ah euh oui pardon, bien sûr, je te suis.

Il n'attend même pas qu'elle ait fini sa phrase pour se rediriger vers l'intérieur du bâtiment, et malgré tout, ça fait chaud au cœur d'Héléna de le voir comme ça, pressé de retourner au chevet de sa fille. Ils arrivent rapidement à la porte de la chambre de leur fille et voient le père d'Héléna somnolant sur le siège à côté de la chambre. Il ouvre les yeux en les entendant arriver et leur précise que Brigitte s'est endormie aux côtés de sa petite-fille. Pierre pousse doucement la porte de la chambre et les deux amoureux échangent un sourire attendri en voyant Brigitte endormie sur le lit, le corps de Rosalie collé au sien, et la petite main encore potelée serrant celle de sa bonne-maman. Elle sont belles toutes les deux, paisibles, et ils ne veulent surtout pas les déranger en leur ôtant quelques précieuses heures de sommeil. Ainsi, après avoir observé tendrement la scène que leurs instants, ils ressortent de la chambre, expliquant à Patrick qui est à moitié endormi que sa femme et leur fille sont profondément endormis et qu'ils vont passer quelques heures à l'hôtel pour reprendre des forces et ne passer les déranger dans leur nuit déjà trop courte. Ils ressortent alors sur le parking, appellent un chauffeur avec qui ils ont été mis en contact pour la tournée et qui, par chance accepte de venir les récupère au beau milieu de la nuit. En arrivant à l'hôtel, ils filent dans leur chambre, épuisés autant physiquement qu'émotionnellement par cette journée, et Pierre, après une douche rapide se glisse immédiatement dans le lit qui trône au milieu de cette petite chambre. Avant de le rejoindre, son amoureuse prend une bonne douche, brûlant un peu sa peau par moment, comme si tourner le robinet un peu trop à gauche pouvait lui permettre d'oublier tous ses soucis de la journée. Cett,e douche est longue, Héléna en a besoin, elle a le sentiment de tout évacuer, que sous l'eau tout le poids de ses épaules disparait dans le siphon et qu'elle sera plus légère après. Si longue, que Pierre finit par se lever et coller son oreille à la porte pour s'assurer que la jeune femme va bien.

Pierre : Hélé ?
Héléna : Mmh ?
Elle grogne presque, ayant oublié le temps de cette petite renaissance qu'elle n'était pas seule dans la pièce et que si elle souhaitait dormir un minimum cette nuit elle ne devait pas tarder à sortir de cette pièce embuée.

Pierre : Ça va ? Tu vas bien ?
Héléna : Euh... Oui, oui t'inquiètes pas je, je suis juste un peu fatiguée, j'avais besoin de décompresser un peu sous la douche. J'arrive.
Pierre : Ok, je commençais à m'inquiéter ! Je vais me coucher moi, je suis crevé, tu devrais faire pareil, on a des trucs à faire demain.
Héléna : Promis, j'arrive, vas te reposer, je te rejoins.

Elle répond le sourire aux lèvres, par le simple fait de savoir qu'il commençait à s'inquiéter pour elle et qu'il compte bien revoir sa fille le plus tôt possible le lendemain, ou plutôt dans quelques heures. Le jeune normand retourne se réfugier sous la couette, ferme les yeux pour ne pas être gêné par la lumière émanant de la salle de bain et tenter de s'endormir, tout en luttant légèrement pour ne pas tomber dans un sommeil profond, et ainsi sentir quand Héléna va enfin le rejoindre. De toute façon, entre qu'il se passe, ce qu'Héléna lui a dit, et l'état dans lequel elle est, il sait qu'il ne pourra jamais s'endormir vraiment. Elle sort donc de la douche, lentement, et lorsqu'elle se place devant le miroir, enroulée dans une serviette, elle a le sentiment que ce n'est pas son reflet dans le miroir. Celle qu'elle y voit est belle, les traits détendus, elle a l'air bien. Elle reste dans la contemplation plusieurs minutes, avant de se rendre compte que si, c'est bien elle dans ce miroir. Maintenant elle est cette femme aux airs apaisés et assurés. Elle ne saurait pas expliquer pourquoi, . elle a l'impression que cette journée pourtant chargée en enjeux et en émotions lui a fait du bien. Louper pour la première fois un show, traverser la frontière en trombes pour retrouver sa fille, tomber des nues, engueuler Pierre puis se réconcilier avec lui en lui révélant quelque chose qu'elle n'avait jamais raconté à personne, avant de se replonger dans des souvenirs difficiles et de rentrer se reposer dans ses bras en ayant hâte de retrouver Rosalie. Tout cela s'était passé en à peine quelques heures et, à cet instant, seule devant son miroir, elle s'est sentie pour la première fois réellement prête à tirer un trait sur ce fameux passé douloureux. Quelques minutes plus tard elle finit par rejoindre Pierre dans le lit, le sourire aux lèvres elle se glisse contre lui, il bouge légèrement et comme il ne dort pas profondément l'embrasse sur le front avant de sombrer paisiblement dans les bras de Morphée. Héléna elle, reste longtemps les yeux ouverts, repensant à cette soirée et cette nuit, à tout ce que cela signifie pour leur avenir, et peu de temps avant que le soleil ne se lève, elle s'endort à son tour, le cœur plus léger et apaisée.

J'aimerai garder le meilleur de ceux qu'on était ☁️Où les histoires vivent. Découvrez maintenant